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PAUL PERSONNE INTERVIEW "PUZZLE"

Avec Bill Deraime, Paul Personne est l'autre vétéran français dans le domaine de la guitare blues-rock. Toujours égal à lui-même dans le bon sens du terme, de disques en tournées, Paul Personne continue son bonhomme de chemin loin des ornières tendues par le showbiz. En 2014, il a enregistré un album intitulé Puzzle 14 qui répond parfaitement à la multitude de styles qu’il affectionne, tantôt blues, funky, rock ou pop.


INTERVIEW PAUL PERSONNE

Bonjour Paul Personne... Votre nouvel album Puzzle 14 porte bien son nom. C’est un album riche et varié. Qu’est-ce qui vous a amené dans cette direction ?

Paul Personne : une sorte de continuité, mais surtout l’envie. C’est essentiel. Je peux emmagasiner des tas de chansons, des tas de riffs, des tas de bout de choses, mais dès le moment où y’a pas ce besoin, ça ne se concrétise pas, ça reste sur des dictaphones, des magnétos, des choses comme ça. Ce sont des bouts qui sont en gestation… Mais à moment donné, je sens par rapport à moi l’utilité de raconter une histoire, d’aligner des mots et de jouer. Une sorte d’univers se crée et je sens que ça peut ressembler vaguement à un projet d’album ; d'un nouvel album qui n’est en vérité rien d’autre que la continuité de ce que j’ai fait auparavant… On a l’impression de faire des expériences différentes, mais en fin de compte, on continue de creuser son sillon.

Justement, vous parlez des histoires. Les paroles sont totalement blues, il y a vraiment du vague à l’âme sur cet album. C’est voulu ou inconscient ce thème général qui se dégage : le temps qui passe, qui parle de mort, de disparition, de l’amour qui s’érode. Cet album est assez sombre dans les paroles…

C’est normal. C’est ce qui arrive. On s’en rend compte dans la vie de tous les jours. Précédemment, dans des albums comme Face A, Face B, je parlais déjà de ce genre de choses… Ce n’est pas un constat super, mais en même temps il existe ce côté optimiste de se dire : « C’est cool, je suis encore là pour en parler et en vivre... », mais en même temps, je n’ai pas encore trouvé le bon côté de vieillir… Je suis peut-être dans une période transitoire. Je suis entre les deux. Peut-être que dans cinq ou dix ans, je me dirais : « Ça y est vieux, c’est foutu ! Là, il ne faut plus rien espérer. » Un jour je lisais une interview de Léonard Cohen qui était vachement bien et où il disait : « Ce qui fait chier avec l’âge, c’est d’être obligé de supprimer tous ses vices. On peut plus fumer, on ne picole plus, on peut plus courir les filles… ». Peut-être qu’il y a un moment où l’on arrive à prendre le parti de ça, de se dire : « Ok vieux, prend le temps qui te reste à vivre. », mais quand tu es entre les deux, que tu as encore de l’énergie, c'est différent… C’est quelque chose que je constate, pas particulièrement par rapport à moi, mais autour de moi. Je pense que ce sont des choses qui deviennent un petit peu obsédante avec le temps.

C’est un thème universel qui touche tout le monde. Cela vous fait du bien d’écrire ce genre de chansons, d’écrire les paroles ou le plaisir est tout de même plus dans la musique ?

C’est un mélange. Au départ, j’ai plus tendance à avoir plein de mélodies, plein de choses dans la tête. J’ai plus des atmosphères musicales, plutôt que de me dire : « Tiens, là je vais faire un rock. » Quant aux mots, j’entasse des tas de réflexions ou des tas de sentiments personnels que je griffonne… Ce sont juste des trucs comme ça, mais qui sont importants de sortir et d'affirmer. Pas forcément comme une psychanalyse. Ça, un écrivain en parlerait bien mieux que moi, à part que pour moi, mes sentiments sont des sentiments simples. Je n’essaye pas de romancer, j’essaye seulement de lâcher les idées comme ça.


PAUL PERSONNE : IL Y A ( Live - 2014)

Paul, vous avez travaillé sur l’album Puzzle 14 avec votre groupe "À l’Ouest". Vous êtes avec eux depuis quelque temps. On retrouve les deux frangins, Nicolas et Anthony, à la basse et à la guitare. Comment bossez-vous avec eux ? Vous arrivez avec vos compos, vos maquettes, pour leur demander ce que ça leur inspire ou au contraire vous savez très exactement ce que vous voulez en étant très directif ?

Depuis quelques années, j’arrive dans la plus simple expression. À une époque, je faisais de petites démos sur un magnéto quatre pistes ou huit pistes. Je présentais l’essentiel avec des boîtes à rythmes et d’autres appareils, mais avec eux, depuis que l’on joue ensemble, depuis Face A et Face B, et la tournée qui a durée deux ans, j’ai voulu profiter de cette énergie, de cette complicité qu’on avait cumulée sur la route. Je leur ai dit : « J’ai des tas d’idées dans la tête, je ne vais pas vous laisser repartir chez vous comme ça. Je ne vais pas laisser retomber la mayonnaise. ». En général, j’arrive avec mon dictaphone sur lequel j’ai des premières prises d’inspiration…J’en sélectionne une et je leur montre les accords. Ils jouent ce qu’ils ressentent et puis on voit où cela conduit… Ensuite on adapte et on s’enregistre. C’est vraiment un boulot de groupe… J’ai voulu garder cette simplicité, deux guitares, basse, batterie, dans le style groupe anglais, aux racines du rock. On ne met pas trop de superflu, même si sur l’album, étant un piètre clavier, j’ai rajouté quelques petites choses… En réalité, je préfère garder un son brut. Quand on joue sur scène, il n’y a pas de musiciens additionnels.

Pour finir, un mot de la pochette qui fait vraiment rock années 70, qui a un côté psychédélique. C’était ce que vous vouliez ?

Je suis un ado des années 60. J’ai été élevé avec ça et d’autres choses. À moment donné, j’adorais ce qui se passait là-bas, en Californie et ces pochettes où les mecs déliraient. Le design du 30 cm était vachement important ; les affiches aussi, où étaient mentionnés tous ces groupes qui se produisaient comme Grateful Dead, Jefferson Airplane, Santana, Jimi Hendrix… Il y avait des designers de folie, et j’ai toujours aimé ça. Pour la pochette, je recherchais quelque chose comme ça. Je voulais qu'elle soit l’antithèse du contenu de l’album, avec des couleurs.

Propos recueillis par S. Folin

(Cadence Info - 04/2015)

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