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JAZZ ET INFLUENCES

ANDRÉ MANOUKIAN ET LA MUSIQUE ARMÉNIENNE D’« APATRIDE »

André Manoukian est un touche-à-tout qui n’hésite pas à s’engager sur de nombreux terrains : la composition, l’arrangement, la production, mais aussi la comédie (la série télévisée Fais pas ci, fais pas ça), la radio (sur France Inter actuellement) ou encore la télévision (‘La vie secrète des chansons’ sur France 3). Ce musicien-là fonctionne à l’émotion. Il ne sait pas dire non. Cependant, on constatera que toutes ces activités ont une constance, celle d'être en rapport avec la musique. D'ailleurs, c'est à travers l'émission ‘ La Nouvelle Star’ que le grand public le découvrira. Tout dernièrement, la sortie de son disque « Apatride » lui a permis de partir à la découverte de la musique de ses ancêtres, celle d'Armenie...


« APATRIDE », UN RETOUR AUX RACINES MUSICALES ARMÉNIENNES

Qu’elle soit d’occident ou d’orient, la musique est toujours construite sur des influences et c’est cela que le pianiste est allé chercher. À l’inverse de son précédent album « Melanchology » (2011), qui était essentiellement portée sur des sentiments certainement beaux, mais tristes, « Apatride » renoue avec la vie, la gaieté. Cet album traduit l’échange spirituel et culturel de deux musiques qui, finalement, étaient faites pour se rencontrer.

Traitée dans un parfait équilibre, les compositions d'André Manoukian se laissent aller à des redondaces de phrases mélodiques et rythmiques. Construite parfois à cinq, sept ou neuf temps, la tradition séculaire des rythmes orientaux opère. Elle prend possession de votre corps et vous donne envie de bouger. De toute évidence, le pianiste cherche résolument à nous faire découvrir quelques facettes de cet art musical venu du Moyen-Orient.

C’est suite à la réalisation d’une bande son pour un documentaire sur la diaspora arménienne qu’André Manoukian a finalement ressenti toute la richesse musicale de ses origines. Des œuvres originales d’où surgissent parfois des couleurs proches de la musique classique impressionniste (Ravel, Debussy, Satie…) ; une musique que le pianiste qualifie « d’entre deux mondes » et qui nous renvoie indirectement à la tragédie du peuple Arménien.

« Apatride » c’est également une histoire construite autour de quelques instruments orientaux et de rencontres humaines à même de redessiner les frontières : une chanteuse syrienne (Lena Chamamyan), un violoncelliste turc, un hautboïste arménien (utilisant plus précisément le duduk ou dadouk, une petite flûte en bois d’abricotier) et des tambours iraniens. De ces multiples nationalités et frontières clairement identifiées, la musique y est semble-t-il étrangère. Elle n’entre pas dans une quelconque résistance. Elle est libre et elle s’accorde toujours pour offrir aux hommes ses meilleures vibrations.

Que l’on aime ou pas ce jazz oriental, sa dimension multiculturelle nous saute tout de suite aux oreilles. La diversité de ces rythmes quasi hypnotiques et de ces mélodies aussi courtes que pénétrantes apportent aux compositions d’André Manoukian une originalité certaine... tout comme elles accordent à l’improvisation une place flatteuse. André Manoukian sait que pour ses invités, la liberté musicale est aussi essentielle que la moindre des traditions. Elle est dans leur ADN, et cela se retrouve à l’écoute du disque par le jeu naturel des musiciens, spontané et communicatif.


ANDRÉ MANOUKIAN : OTANTIK
La pochette d’ « Apatride » comme le clip ci-dessous ont été réalisé par l’école des Gobelin, dont les principales activités sont le cinéma d’animation et le design graphique.

Véritable invitation au voyage, « Apatride » renouvelle le discours parfois linéaire et conformiste du jazz. Après le trompettiste Ibrahim Maalouf, voici que le pianiste André Manoukian nous apporte sa vision personnelle d’un jazz généreux, entre transe et extase, un jazz venu du cœur et à découvrir sans attendre.

Par Elian Jougla (Cadence Info - 11/2017)

André Manoukian : Apatride
chez 'Mad Chaman'
sortie : 11/2017

LES TITRES DE « APATRIDE »

  • 1. Apatride (André Manoukian)
  • 2. Marathon Monk (André Manoukian)
  • 3. Otantik (André Manoukian)
  • 4. Lili Aman (André Manoukian/Lena Chamamyan)
  • 5. Anaid (André Manoukian)
  • 6. Brubeck Jan (André Manoukian)
  • 7. Persian Blues (André Manoukian)
  • 8. Electrik Derviche (André Manoukian)
  • 9. Danse du sable (André Manoukian)
  • 10. Alaturka (André Manoukian)
  • 11. Porta Orientis (André Manoukian)
  • 12. Moutner (André Manoukian/Lena Chamamyan)

À CONSULTER

ANDRÉ MANOUKIAN & SERGE GAINSBOURG : HOMMAGE JAZZ À LA « PÉRIODE BLEUE »

L'abum 'Les pianos de Gainsbourg' du pianiste André Manoukian est consacré à la 'période bleue' de Serge Gainsbourg. Douze titres des années 60 partagée entre instrumentaux et versions chantées. Dans une ambiance stylisée 'piano bar', six talentueuses interprètes féminines ont été invitées : Isabelle Adjani, Élodie Frégé, Melody Gardot, Camille Jordana, Camille Lellouche et Rosemary Standley.



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