Dans le domaine musical, Internet est un vaste terrain de découverte. Face à son immensité, c’est parfois le pur hasard qui guide vos pas. Ainsi, la découverte il y a trois ans d'Avery Molek, un garçonnet de six ans qui jouait de la batterie avec aplomb, avait de quoi surprendre tous ceux qui fréquentent la sphère musicale… et surtout les batteurs !
Très tôt - enfin il y a juste quelques mois -, le jeune Avery avait mis à son programme le morceau Tom Sawyer de Rush. Il l’avait appris à l’aide de la partition, sans l’aide de personne, et il avait surmonté le tempo endiablé de la chanson avec maîtrise, sans sourciller, arrivant à peine de la pointe des pieds à atteindre les pédales de la batterie. Il avait six ans et n’avait pas froid aux yeux (d’ailleurs, si un jour Rush a besoin d’un nouveau batteur, la relève est déjà assurée !)
Son répertoire favori est le rock, et même plutôt le rock musclé, speed, genre AC/DC de celui qui bat à plus de 200 à la noire. Cassures rythmiques, jeu de grosse caisse, rien ne lui échappe. Et si, à l’occasion, il frappe sur un titre des Beatles, c’est Ringo Starr qui en sera vert, lui qui arrivait avec peine à assurer la rythmique au sein du quatuor.
Avec le batteur Gary Hopkins
Pour Avery, il en est autrement. La batterie le cerne de toute part et semble monstrueuse. Il faut dire que l’instrument dont il se sert n’est pas un joujou, mais une véritable batterie professionnelle. Vous serez saisi comme je l’ai été par son aisance. Tout parais si facile. Son visage s’éclaire quand il frappe, sans rage, avec juste ce qu’il faut pour imprimer la bonne cadence. Compte-t-il, ne compte-t-il pas dans sa tête ? Rien ne transparaît. Tout est rythmiquement en place.
Avery a grandi au son de la musique rock qu'écoutaient ses parents. Très rapidement, le groupe Kiss est devenu pour lui sa première inspiration, au point de vouloir se grimer comme eux. Quand d'autres petits garçons grandissent en s'amusant avec des jeux face à la télé, Avery avait déjà saisi une paire de baguettes, et dès l'âge de quatre ans, il mettait en pratique la technique que lui avait apporté un professeur de batterie en jouant sur des disques à la maison.
Très rapidement, grâce aux premières vidéos misent en ligne par ses parents en 2012, le jeune Avery attire l'attention. De là vont naître les premières expériences scéniques. Et, comme le temps n’attend pas le nombre des années, et comme le cadre exigu de sa chambre devenait trop hermétique à son goût, le jeune Avery a finalement jouté sur scène avec de vrais musiciens, histoire de se rapprocher de la musique dans sa vraie vérité. Un an plus tard, il posait en couverture vidéo de Van Halen. Aujourd'hui, tournée, promotion, invitation par des stars du rock, passages télévisés, publicité pour de grandes marques, sont déjà dans les starting-blocks, prêt à s’enflammer de sa présence.
Avery Molek a neuf ans, et c’est parce qu’il a cet âge-là que c’est un phénomène, et je n'ose dire « de foire », s’il ne s’agissait pas au fond d'un enfant et de musique, un domaine artistique pour lequel j’ai le plus profond respect. Internet, peut-être à tort, lance dans son arène médiatique de nombreux gosses qui ne sont pas encore construit psychologiquement.
On imagine très bien que derrière l’image médiatique renvoyée par Avery existe également un autre décor qui, à ce stade de sollicitation et à un âge où l’on porte le plus souvent le cartable sur le dos, réclame une bienveillance de chaque instant de la part des parents, sachant que ce n’est pas par sa seule volonté que tout prend vie et forme. Heureusement, les parents d'Avery sont sereins et savent canaliser son énergie débordante afin qu'il puisse vivre une existence comme n'importe quel enfant (ou presque).
AVERY MOLEK DANS UNE DE SES PREMIÈRES VIDÉOS À 7 ANS
Certainement que la majorité des internautes voient déjà en lui un petit être doué, qui est né pour jouer de la batterie, un cas d’école que l’on encouragera à travers quelques applaudissements mérités, mais que l’on oubliera, peut-être aussi comme tant d’autres, quand l’enfance aura disparu.
La page d'Avey You Tube regorge déjà de nombreuses vidéos que sa famille a filmées avec passion. Le jeune garçon est déjà le « prototype » des musiciens prodiges qui envahiront régulièrement la scène et les écrans dans un proche avenir. Pourtant, Avery n’est pas un cas isolé. Luke and Tess Pretty, que j’avais découvert il y a quelques années, ont défriché cette tendance symptomatique qui fait (malheureusement) fureur de plus en plus sur Internet. Là où il faudrait une certaine neutralité, une certaine retenue et beaucoup de vigilance, naît souvent une condescendance malsaine qui conduit à certains dérapages, parfois de la part des parents, mais aussi de la part de tous ceux qui applaudissent des deux mains en toute « innocence ».
Visiter le site d'Avery Molek : http://averydrummer.com
Par Elian Jougla (Cadence Info - 04/2015)