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JAZZ ET INFLUENCES

CHET BAKER, BIOGRAPHIE PORTRAIT DU TROMPETTISTE

Le visage marqué par de profondes rides et ses joues creuses, le visage de Chet Baker en disait long sur sa difficulté à vivre.


UN JEU OÙ SE MÊLENT RETENUE ET LYRISME

Chet Baker est né en 1929 à Yale, Oklahoma. Sa première trompette, il la tient entre ses mains à l’âge de 11 ans, après avoir vainement essayé un trombone à coulisse offert par son père, musicien.

Dès qu’il commence à jouer professionnellement, son jeu où se mêlent retenue et lyrisme hypnotise les spectateurs, mais surtout la gent féminine séduite par sa jeunesse, son physique et son élégance.

Décédé en 1988 à l’âge de 59 ans, de nombreux musiciens n’ont pas oublié l’artiste… Herbie Hancock : « Je l’avais invité un jour à jouer avec moi. J’avais oublié qu’il ne lisait pas la musique, il suivait les cordes comme s’il l’avait fait toute sa vie. Son intuition et ses choix musicaux étaient impeccables. C’est alors que j’ai découvert sa grandeur, il mettait tout son cœur dans la musique » (extrait du film “Let’s Get Lost“, de Bruce Weber consacré au trompettiste-chanteur Chet Baker)

Au sommet de sa renommée, sa vie bascule en 1968 lors d’une agression. « J’étais à l’hôtel avant un concert. J’allais monter a l’étage par l’escalier lorsque j’ai vu un homme qui m’a semblé dangereux. Instinctivement, j’ai mis ma main à la poche, comme si je cherchais un pistolet. Le lendemain, au même endroit, cinq baraqués m’attendaient. Ils m’ont fait sauter les dents une par une et tabassé. Il a fallu me refaire la mâchoire et la bouche. J’ai mis six mois pour me décider à acheter un dentier. »


CHET BAKER : SHE WAS TOO GOOD TO ME
Chet Baker excelle dans les ballades “jazzy”. Sa voix murmure plus qu’elle ne chante et le son de sa trompette épouse parfaitement le style sirupeux de ce standard.

En attendant le jour hypothétique où sa trompette résonnera  à nouveau, pour gagner sa vie, Chet Baker travaille alors dans une station-service comme pompiste. À cette époque, personne n’est capable de reconnaître le grand musicien d’hier, celui qui a joué avec Gerry Mulligan, Stan Getz, Lee Konitz, Zoot Sims, Miles Davis, Joe Pass ou Art Pepper… personne… pas même lui ! Il faudra attendre trois ans après son agression, pour que Chet Baker, persuadé par ses amis musiciens, accepte de remonter sur scène.

 Au cours des années 1960, Baker trouve sur sa route quelques ennuis avec la justice (drogue) que la presse à scandale se fait un plaisir de relayer. Il se retrouve même en prison et expulsé à plusieurs reprises d’Allemagne et d’Italie. C’est pourtant en Europe qu’il reçoit le meilleur accueil de la part du public. Même si le courant passe, son retour aux États-Unis et les nombreux disques qu’il enregistre ne suffisent pas à relancer sa carrière. Son agression par des “dealers”, en 1968, provoque une trop longue absence de la scène et précipite quelque part la fin de sa carrière. Il ne connaîtra plus la renommée d’autrefois. Toutefois, il continuera à se produire jusqu’à la fin de son existence en Europe et en France. Des musiciens comme les pianistes Michel Grailler ou Alain Jean-Marie l’accompagneront.

Dans la seconde partie de sa carrière, la musique de Chet Baker devient plus sensuelle. Le son de la trompette ou du bugle devient comme fragile et s’exprime parfaitement dans des ballades comme “My Funny Valentine“. Son chant devient de plus en plus sobre. Le timbre de sa voix, cassée par la vie et ses excès, épouse à merveille la tonalité grave de sa trompette. Sa musique ne court pas après une quelconque démonstration technique et elle ne suit pas les modes du moment. Elle reste et restera pour toujours d’une perfection rare et magique.

Par Elian Jougla (Cadence Info - 07/2010)


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