INTERVIEW KEREN ANN
Bonjour Karen Ann, vous nous présentez votre dernier album intitulé You’re Gonna Get Love. Comment s’inscrit cet album dans votre carrière ?
C’est un témoignage de plus dans ma biographie… J’aime l’écriture des chansons, ce qu’on appelle couramment le songwriting, le storytelling, raconter des histoires avec de la musique, manier des notes, des progressions harmoniques, des paysages musicaux.
L’écriture de cet album, me semble-t-il, a été marquée par des événements personnels. Vous évoquez la disparition de votre papa, la naissance de votre enfant…
Cela compte, même si ce n’est pas un album de maternité, car cela ouvre vers tout ce qui est lié à la poésie comme la rage, le manque, la nostalgie. En fait, on se rend compte à travers l’écriture que l’on arrive à vraiment créer des scènes qui sont proches de nous… J’aime être la narratrice de mes chansons, même si ce n’est pas toujours mes histoires, mais mon émotion que je raconte.
Vous êtes née en Israël, vous avez vécu aux Pays-Bas, aux États-Unis, à Paris. Où a été écrit cet album ? Cela compte le lieu ? Cela a-t-il une influence sur ce que l’on raconte, sur la musique ?
Le lieu, l’environnement, les senteurs ouvrent forcément des envies d’écriture. Cela ramène à des choses oubliées, à des événements familiers ou étrangers que l’on désire exploiter dans l’écriture et forcément, oui, cela a un lien.
Et You’re Gonna Get Love a été écrit dans un endroit en particulier ?
Oui, beaucoup à Brooklyn. Enregistré entièrement à Paris, mais avec une bonne partie des écritures réalisée à Brooklyn.
Et le fait de l’écrire à Brooklyn, justement, est-ce que la musique aurait été la même si vous étiez restée en Israël ou à Paris ?
À vrai dire, je ne sais pas. Je pense que quand l’on reste longtemps dans un environnement francophone, j’ai plus des envies d’exploiter mon écriture francophone alors que ma langue de vie, c’est l’anglais, et précisément cet album n’aurait pas pu exister en français à cause de sa saveur un peu blues et américaine.
Pourquoi ce choix de chanter en anglais et non en français ?
J’écrivais en anglais bien avant d’écrire en français. L’anglais est ma langue maternelle, dans laquelle je vis et partage ma vie avec quelqu’un qui parle anglais, ce qui n’empêche pas que j’aime autant écrire en français, même si cela ne procure pas les mêmes sons.

Pochette de l'album 'You're gonna get love'
Dans une interview, vous dites que selon vous, pour réussir, un chanteur français à l’étranger doit chanter en français…
Non. En réalité, c’était pour parler des personnes qui choisissent la langue anglaise parce que c’est une langue qui sonne très facilement… La poésie en anglais a besoin de travail et de trouver un style personnel comme en français. Si notre langue est le français, autant l’exploiter.
En 2001, vous avez participé avec Benjamin Biolay à l’écriture des chansons de Chambre avec vue chanté par Henri Salvador. C’est l’un de ses albums les plus connus du grand public en France. Est-ce la même émotion de rencontrer le succès à travers quelqu’un d’autre que quand l’on chante soi-même ses chansons ?
Avec Henri Salvador, c’était magique. C’est comme la première fois qu’il est venu en studio pour chanter Jardin d’hiver, j’avais l’impression que cette chanson avait toujours existé à travers sa voix. J’étais bercé par elle. Pour moi, c’était une très belle aventure et une collaboration inoubliable, bien évidemment !
(propos recueillis en mai 2016)
KEREN ANN : BRING BACK
LISTE DES TITRES DE L'ALBUM YOU’RE GONNA GET LOVE
- 01 - You’re gonna get love
- 02 – Bring back
- 03 – The separated twin
- 04 – Insensible world
- 05 - Where did you go ?
- 06 – Easy Money
- 07 – My man is wanted but I ain’t gonna turn
- 08 – You knew me then
- 09 – Again and again
- 10 – The river that swallows all the rivers
- 11 – You have it all to lose
Édité par Universal Music France, You’re Gonna Get Love est disponible sur les principales plates-formes de téléchargement.
(Cadence Info – 07/2016)
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