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SON & TECHNIQUE

LES CD REMASTÉRISÉS ET LEUR RESTAURATION SONORE

Comme pour pérenniser les œuvres incontournables d’artistes non moins éternels, des « rééditions » de CD fleurissent chaque année. Ainsi, l’année 2009 a vu tous les albums des Beatles remis au goût du jour à grand renfort de publicité : “Les Beatles comme vous ne les avez jamais entendus“, pouvait-on lire et voir dans de nombreux médias.


LA RESTAURATION DE FILMS CÉLÈBRES

Depuis 1987, date de la première version des Beatles sous format CD, la technologie numérique s’est métamorphosée, tant au point de vue de la qualité sonore des instruments électroniques (échantillonnage), de la prise de son studio qu’en ce qui concerne la restitution sonore. Véritables travaux de mémoire, ces rééditions remastérisées ont la cote auprès des fans de la première heure, mais également chez ceux pour qui Beatles, Neil Young ou Jacques Brel riment avec musique à papa. Presque tout le monde y trouve son compte, les compagnies de disques, les studios d’enregistrement, les diffuseurs et bien sûr les clients… mélomanes.

Le cinéma trouve aussi dans la remastérisation une manne financière qu’il ne peut refuser quand le DVD coule des jours heureux dans les foyers. De vieux films français sont ainsi régulièrement remis “à neuf”.

L’aboutissement du travail consiste à produire un DVD en s’appuyant sur les technologies numériques actuelles et non pas de retrouver la copie conforme de la version originale. Dans la phase de restauration, de nombreux travaux peuvent être réalisés : modifier le contraste et la luminosité, booster les couleurs ternies par le temps, supprimer les bruits parasites de la bande son, mettre plus en avant les voix, etc. D’ailleurs, qui n’a pas encore vu sur le petit écran un film noir et blanc en version colorisée ? (la colorisation d’images étant par ailleurs un des moyens offert par la technologie numérique).

Quand on restaure l’image, celle-ci doit conserver une certaine identité par rapport à la version originale. Une sophistication de l’image par un traitement trop appuyé finirait par occulter les qualités artistiques de la version originale. De même, les versions colorisées ne doivent pas être réalisées sans le consentement des ayants droits, par respect pour leur œuvre.

Tout n’est donc pas forcément bon, ni facile, dans la technologie numérique. Le dosage de “l’amélioration” est toujours à reconsidérer. Le premier reproche souvent dénoncé étant le manque de chaleur lors de la restitution, de l’image comme du son (vieille histoire remontant au temps de l’analogique, quand le numérique s’imposa).

Mais qu’en est-il du son, dès que toute l’énergie se concentre sur ce seul élément, comme dans le cas d’une remastérisation de CD ? Que cherche-t-on à reproduire ou à améliorer ?

Théoriquement, il s’agit de gagner en puissance et en clarté sonore, sans altérer l’œuvre originale. En théorie, car le son est travaillé de façon subjective, suivant le matériel numérique mis à disposition, suivant son emploi, sans oublier les capacités musicales de chacun des intervenants.


LE CD AUDIO REMASTÉRISÉ

Le label “remastered” qui fleurit sur de nombreuses pochettes ne peut laisser insensible le musicien à la recherche d’une certaine perfection sonore. Pour juger de ces transformations sonores, il vaut mieux posséder un certain recul et avoir vécu le passage de l’analogique au numérique et du vinyle au CD. Les majors n’hésitent pas à toucher au patrimoine culturel, Beatles ou autre, quitte à sacrifier l’équilibre sonore de l’enregistrement original. Si le son numérique est plus clair, plus transparent, il fait également ressortir des détails inutiles, voire des défauts de mise en place qui étaient alors noyés dans le flou sonore analogique.

En travaillant sur le master (bande-mère studio), les techniciens ont « modernisé » le son de façon à le rendre séduisant pour la jeune génération - les nouvelles machines de mastering remplissant ce genre de tâche sans problèmes. Avec l’arrivée du numérique, le spectre sonore s’est étendu et il est possible de retoucher le mixage, de corriger l’équilibre des graves et des aigus comme d’augmenter la dynamique et le relief stéréophonique. On peut tout oser !

Pour ceux qui gardent en mémoire le son vinyle, mieux vaut l’oublier, même si une certaine comparaison demeure involontaire. La séduction sonore entraîne avec elle un certain malaise. Le mastering est devenu un enjeu économique, une activité artistique à part entière, mettant au placard les astuces et les techniques d’autrefois. La remastérisation n’échappe pas à la règle en se confrontant aux bonnes et aux mauvaises intentions. Quand le profit pointe le bout de son nez, le travail d’orfèvre que réclame ce travail n’est pas toujours au rendez-vous, ce qui entraîne la réalisation de compilations bâclées pas toujours nécessaires. De plus, les CD d’aujourd’hui ne sont plus bridés comme dans les années 80 du temps où la norme des constructeurs imposait un seuil bien précis pour éviter certaines saturations sonores.

par Patrick Martial (Cadence Info - 04-2011)

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