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CLASSIQUE / TRADITIONNEL

MICHEL GLINKA BIOGRAPHIE PORTRAIT - L’ÉVEIL DE LA MUSIQUE RUSSE

Le compositeur russe Michel Glinka occupe une place essentielle dans le développement de la musique de son pays au cours du 19e siècle. Fondateur de l’école musicale russe, il deviendra le précurseur du "Groupe des Cinq" grâce à des œuvres directement inspirées de musiques traditionnelles.


LA MUSIQUE RUSSE AVANT GLINKA

La vie musicale de la Russie jusqu’au règne de Pierre le Grand est paralysée par les anathèmes dont l’Église orthodoxe accablait les instrumentistes et les chanteurs considérés comme des messagers de Satan. La logique religieuse devait condamner un art dans lequel la volupté des sens jouait un grand rôle. Alors qu’en Occident la voix avait trouvé grâce devant le clergé, en Russie, hors des sanctuaires, elle était aussi suspecte que les instruments.

Tandis qu’au 16e siècle, une condamnation ecclésiastique s’abat, au siècle suivant la sanction tombe : les instruments sont saisis, entasser, pour finalement être brûlés publiquement, dans la meilleure tradition florentine des bûchers de Savonarole. Mais, malgré cette énergique défense portant à croire que la fin de tout un art est proche, rien ne va empêcher la musique de pénétrer dans la place au 18e siècle. Grâce à des artistes italiens, la famille impériale est finalement séduite par le répertoire théâtral. On raffole bientôt de l’opéra italien, et c’est à des maîtres napolitains et vénitiens que l’on confie la direction des théâtres lyriques russes. Au regard de cet engouement très soudain, des voix s’élèvent pour que l’on instaure les principes d’une pédagogie musicale…

Au 18e siècle, la noblesse est la détentrice du pouvoir et elle joue un rôle prédominant en possédant les terres, l’armée et l’administration. Vers la fin du siècle, l’opéra-comique et la littérature des grands auteurs français font leur apparition dans la bonne société. L’art russe semble encore comme un étranger dans son propre pays, pourtant, au même moment, la musique populaire, si longtemps persécutée, commence à s’infiltrer lors de concerts. Sur l’initiative de la grande Catherine, des chorales se consacrent à sa diffusion. Le goût pour le folklore russe s’accentue et s’étend à la danse. Au début du 19e siècle, l’art musical russe se trouve enfin en possession de tous ses moyens pour exprimer ses nombreuses couleurs sonores…


MICHEL GLINKA, UN ACCENT RUSSE AUTHENTIQUE

Les Russes s’accordent à considérer le compositeur Michel Glinka comme étant l’ancêtre de leurs glorieux compositeurs nationaux. Avec lui commence le règne de ces artistes inspirés qui doivent à leur instinct plus qu’à leurs études techniques leur extraordinaire maîtrise. Au début du 19e siècle, la Russie n’ayant pas encore de conservatoire, les compositeurs s’inspirent et étudient à l’étranger les techniques occidentales, notamment en Europe du Sud.

Michel Blinka (1856)

Pour Michel Glinka, ses nombreux voyages en Italie et en Espagne vont l’aider à développer ses dispositions naturelles et à lui donner ce goût passionné de la sève populaire qu’allaient partager avec lui ses illustres successeurs. En effet, la musique russe et slave plonge très souvent dans son sol natal pour se ressourcer. Le compositeur russe vient affirmer cette évidence à travers cette phrase : « Celui qui crée la musique, c’est le peuple ; et nous, les artistes, nous ne faisons que l’arranger. » La chanson comme la danse populaires russes imprègnent et colorent le langage de tous les créateurs de poèmes symphoniques et de drames lyriques qui vont, à la suite de Glinka, doter leur pays d’un art national et identifiable. Seul Tchaïkovski continuera une certaine tradition italo-franco-allemande dans sa musique.

Le premier opéra de Michel Glinka, La vie pour le tsar (1836), crée immédiatement la formule avec une telle autorité que son succès est foudroyant. Le compositeur découvre avec Pouchkine – qui lui fournit le thème de son autre opéra : Rousian et Ludmilla (1842) – le point de départ d’une tradition qui va devenir particulièrement féconde pour le lyrisme russe.

Les tournées de concerts de Liszt en Russie sont pour les musiciens slaves une éblouissante révélation. Le poème symphonique leur apparaît comme un mode d’expression excellent pour faire valoir leurs dons naturels, leur amour des rythmes et des atmosphères folkloriques, mais aussi leur goût pour les orchestrations aussi richement colorées que les costumes nationaux de leurs paysans. Ainsi, Glinka écrit sa Kamarinskaïa (1848), une page coruscante qui annonce les futurs chefs-d’œuvre de l’école française des « Cinq » (Mili Balakirev, Alexandre Borodine, César Cui, Nikolaï Rimski-Korsakov et Modeste Moussorgski). Des mélodies d’un sentiment profond et de la musique de chambre complètent l’apport de ce précurseur.

Tout en donnant un accent russe authentique à tout ce qu’il a écrit, Glinka n’a pas conçu le style du théâtre chanté sous une autre forme que celle de la grande effusion mélodique dont les Italiens lui avaient révélé la séduction. Cependant, l’utilisation de ses harmonies basées sur les chants traditionnels de son pays fera de lui le personnage fondateur de l’école russe moderne.

Par Patrick Martial (Cadence Info - 06/2015)
(Souce : Histoire de la musique - Villermoz)

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