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MUSIQUE & SOCIÉTÉ

LA MUSIQUE EN LIGNE ET LE STREAMING

Le recul des ventes dans le domaine du disque est un problème récurrent. Depuis l’essor d’Internet et des plateformes de streaming, le marché du disque subit année après année une baisse de ses ventes, au point que le secteur cherche toujours de nouvelles pistes pour relancer son industrie…


L'ENJEU D'UN STREAMING RENTABLE SUR LE DEVANT DE LA SCÈNE

Selon l’étude de la SACEM « Les Français et la musique » publié en 2011, les Français plébiscitent en priorité la chanson française. Un seul coup d’œil sur les ventes d’albums confirme cet engouement. La musique est le domaine culturel dont ils pourraient le moins se passer.

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Bien entendu, les goûts musicaux sont fonction de l’âge et de la culture de chacun. Alors que les 15/24 ans s’orientent vers le R’n’B, le rock et le rap, les seniors écoutent de la musique classique. Jusqu'à là, il n'y a rien de bien surprenant. Ce qui change, c’est la place prise par le Net au quotidien chez le consommateur de musique et l'usage qu'il en fait. Que celui qui n'a jamais téléchargé une vidéo sur YouTube lève le doigt ! Pour contrer cette hégémonie numérique envahissante, l'industrie du disque mise encore sur la bonne vieille télévision...


RELANCER LES QUOTAS

La télévision est toujours une vitrine essentielle pour les artistes et leur maison de disque. En effet, ce média se positionne en seconde position derrière la radio dans le domaine des nouveautés musicales (58 %). Mais selon une enquête réalisée par le SNEP (Syndicat National de l’Édition Phonographique), la chaîne M6, qui était le fleuron concernant la diffusion de clips, ne court plus après eux. Idem pour MCM et Direct Star.

Le paysage médiatique a bien changé, et exposer de nouveaux artistes relève parfois de l’exploit, si bien qu’au ministère de la Culture, on appelle de ses vœux une augmentation des moyens et la réalisation de nouveaux objectifs, notamment à France Télévisions.

Le SNEP tire le signal d’alarme et incite les radios à diffuser plus de titres francophones. Selon leur étude, il y aurait seulement 30 titres francophones parmi les 100 premiers, soit 11 % de moins qu’en 2009 et 28 % de moins qu’en 2007. Quant au nouveaux talents, on en compte seulement 11 parmi les 100 premiers contre 25 en 2009, soit une baisse de plus de la moitié.

Une fois de plus, la question des quotas reviens sur le tapis. Les radios y sont toujours soumises, sauf qu’un court passage de la chanson est suffisant pour être comptabilisé, d’où l’injonction de la SNEP de rendre obligatoire la diffusion complète des titres. Cela se complique également quand un artiste français, signé sur un label français, chante en anglais et connaît un certain succès à l’international, ces derniers plaidant alors pour un élargissement des quotas envers des textes non francophones.


LE FLOP DE LA CARTE MUSIQUE JEUNES

Lancée en 2010 pour apporter une légitimité aux téléchargements légaux sur Internet, la carte jeune destinée aux 12/25 ans n’a pas survécu à une mise en œuvre maladroite. Deux mois après son lancement, le ministre de la Culture d’alors, Frédéric Mitterrand, reconnaissait avoir été déçu par le nombre d’inscrits. 5 % des internautes connaissaient bien son système tandis que 59 % n’en avaient jamais entendu parler.

L'opération avait été initialement prévue pour une période de seulement trois ans. Son principe reposait sur l’achat d’une carte virtuelle d'une valeur marchande de 5, 10 ou 25 euros dont le montant était doublé grâce aux finances de l'État, ce qui rendait plus accessible l’achat de disque et soulageait en même temps l'industrie musicale et les éditeurs de services en ligne.

CONDUIRE LE STREAMING

Pour le consommateur, le problème rencontré avec la musique en ligne n'est pas qu'une question de coût, mais une question d'usages. En effet, comment réguler la vente quand une solution alternative, totalement gratuite, est proposée par d’anonymes contributeurs. Emule, en peer to peer, ou YouTube, champion toute catégorie de la vidéo streaming, suffisent à s’en convaincre.

Les plateformes payantes n’ont pas beaucoup d'avantages, excepté la légalité qu’elles revendiquent. Sauf à vouloir tout ignorer des bons et mauvais usages, il est toujours possible de télécharger en streaming le titre de son choix sans devoir débourser un seul centime. Doit-on sanctionner alors ceux qui écoutent de la musique à volonté quand une application – souvent gratuite - vous y invite ? Doit-on préférer des plateformes payantes où l’internaute doit s'acquitter tous les mois d'une petite somme pour continuer à avoir accès au catalogue, aussi colossal soit-il ?

La lourdeur du système économique explique bien des écarts de conduite. Plus il s’enferme dans ses contradictions et plus son avenir est remis en question. Toutefois, le meilleur contre-exemple de ces attaques illégales est la loi Adopi. Ayant démontré à sa création ses limites, ne faisant aujourd'hui même plus écho dans la presse, elle continue pourtant sa besogne, comme en témoigne son bilan. Actuellement, la Commission de protection des droits (le bras armé de la Hadopi) est en mesure de traiter jusqu'à 75 000 dossiers par jour de personnes dont l'IP a été enregistrée par son prestataire technique. Pas moins de 4,89 millions d'e-mails d'avertissement ont été envoyés ainsi que 482 667 lettres dans le cadre de la deuxième recommandation. Tout se garde et rien ne se perd, pourrait-on dire !

Par D. Lugert (Cadence Info - 12/2015)

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