RAGTIME, L’HISTOIRE D’UN PIANISTE NOIR
Après le film Hair et le phénomène hippie, le metteur en scène Milos Forman s’attaque avec Ragtime à la société multiraciale américaine, à ses injustices et scandales qui se déroulérent aux États-Unis au début du 20e siècle. À travers le destin de personnages issus de milieux les plus divers, le film peint un tableau fort juste d’une société fracturée, argumentée fort à propos par l’histoire de ces petits héros aux comportements humains, parfois émouvants ou simplement grotesques. Pour un grand nombre d’immigrants et d’aventuriers venu conquérir le Nouveau Monde dans l’espoir d’une vie meilleure, des histoires tragiques comme celle racontée dans Ragtime n'étaient pas rares.
Synopsis : Coalhouse Walker Jr. est un jeune pianiste noir qui gagne correctement sa vie et qui est sur le point de se marier. Sans raison particulière, un groupe de pompiers blancs souille sa voiture neuve avant de la démolir. Comme ses efforts pour obtenir une réparation légale n’aboutissent à rien, Coalhouse décide, au nom de sa propre dignité et de celle de sa race, d’obtenir réparation en demandant la livraison des coupables, l’arme à la main. La mort de sa fiancée va tout précipiter…
RANDY NEWMAN : RAGTIME (avec de larges extraits de la BO)
LE PROJET DE LA BO DE RAGTIME

Le metteur en scène Milos Forman, dont on doit déjà les deux excellents films Vol au-dessus d’un nid de coucou (1976) et Amadeus (1984), projette une ambitieuse fresque historique se déroulant à New York, en 1906. La reconstitution fidèle de l’Amérique du début du siècle dernier doit servir d’inspiration au compositeur Randy Newman.
Le pianiste, dont l’œuvre puise régulièrement dans les racines de la grande musique américaine, au regard du sujet, commence par effectuer naturellement quelques recherches du côté de Scott Joplin, pour ensuite les élargir aux autres acteurs de la musique rag et plus particulièrement Eubie Blake et Joseph Lamb.
Le genre musical qui donne son nom au long-métrage correspond à un ancêtre syncopé bien connu du jazz. Son léger décalage rythmique de notes intercalées entre les accords réussira à titiller les doigts d'un bon nombre de pianistes. Or, Randy Newman n’est pas un pur pianiste de rag, et même s’il déplore son jeu de piano maladroit, il parviendra à composer quinze pièces pour big band et grand orchestre, dont deux chansons originales, Change Your Way et One More Hour, interprété par Jennifer Warmes. Le résultat de ce travail, à la fois lyrique et imaginatif, lui vaudra deux dominations aux Oscars.
Aujourd'hui, plus de 35 ans après la sortie de Ragtime, Randy Newman fait figure de vétéran pour un style de musique fort peu utilisé dans le cinéma et plus particulièrement à Hollywood. Des années après la sortie du film, le compositeur explique, sans perdre son sens de l’autodérision, le traitement infligé sur une de ses musiques : « J’ai beaucoup sué pour arriver à un résultat correct sur 'Toy Story'. Six mois plus tard, Pixar m’invite à une projection (ndlr : Pixar est une société américaine spécialisée dans la production de films en images de synthèse). Pixar a tout simplement collé une poursuite de voitures et des dialogues sur ma symphonie ! Depuis, quand on me demande ce que je fais à Hollywood, je réponds : "Vous entendez la musique de fond pendant que Buzz l’éclair se castagne avec les soldats de plomb ?" C’est de moi ! »
Par Elian Jougla (Cadence Info - 02/2017)
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