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CLASSIQUE / TRADITIONNEL

VANESSA WAGNER : LES SONATES MOZART-CLEMENTI

Comme en témoigne son dernier disque consacré à des sonates de Mozart et Clementi, la pianiste Vanessa Wagner soigne toujours l’originalité de ses démarches artistiques. Ici, dans un même disque, outre la dualité entre les deux éminents compositeurs, la pianiste met en scène deux instruments à clavier : le pianoforte, qui magnifie parfaitement la fragilité sonore du piano ancien, et le piano à queue, qui délivre sa puissance à restituer la moindre nuance de jeu...


VANESSA WAGNER, UN JEU TOUT EN CONTRASTES

Après avoir secoué le regard porté sur la musique de John Adams ou de Philipp Glass dans Statea, grâce à la présence de quelques boucles et textures commandées par le discret musicien Fernando Corona à l’ordinateur, la pianiste concertiste Vanessa Wagner surprend une fois de plus par sa volonté à déranger les codes établis du monde classique.

La pianiste, qui n’en est plus à son galop d’essai, a déjà démontré ses capacités à interpréter avec talent un vaste répertoire, du baroque jusqu'au contemporain (notamment celui de Pascal Dusapin). Pour son dernier disque paru chez la jeune maison d’édition 'La Dolce Volta', son choix s’est focalisé sur deux compositeurs de renom, Mozart et Clementi. La confrontation entre ces deux personnages est réjouissante, d’autant plus quand les œuvres du premier (Mozart : Fantaisie K. 397 et Sonate, K. 570) possèdent une renommée que n’ont pas à priori celles du second (Clementi : Sonates op. 23 n°2 et op. 50 n°3 - œuvres souvent écartées, voire ignorées par la plupart des concertistes). On ne peut dès lors que saluer l'initiative de Vanessa Wagner d'avoir voulu réhabiliter le compositeur italien et de nous faire découvrir ou redécouvrir la profondeur de sa musique.

La première force de ce disque est de prendre ses distances avec la conformité chère au répertoire classique. Une fois de plus, la pianiste a accordé tous ses efforts pour que ce nouveau projet aboutisse. À son écoute, un voyage sonore prend forme et nous conduit à entendre tantôt un pianoforte (un Brodmann d’origine datant de 1814), tantôt un piano à queue de dernière génération (un Yamaha CFX). Il faut bien reconnaître que Vanessa Wagner alimente parfaitement son image de pianiste classique atypique, non sans une bonne dose de délectation et de spontanéité.

Pour cette musicienne qui navigue volontiers entre les répertoires, la réunion sur un même disque de ces deux claviers ne surprendra guère ceux qui suivent de près sa carrière, étant donné que par le passé la pianiste avait eu l’occasion de donner une série de concerts réunissant ces instruments-là. La parution du disque Vanessa Wagner : Mozart-Clementi devenait comme une évidence. Le long travail conduit en amont, notamment au pianoforte, ne pouvait être qu’une juste récompense pour cette artiste singulière et éprise de liberté. Mozart, délicieusement exécuté, restitue sa fantaisie et son génie, tandis que Clementi, au contact de l’ancien clavier rebelle, accroche à nos oreilles ses élégantes sonates aux harmonies audacieuses.


VANESSA WAGNER : CLEMENTI, SONATE N°3 - OP.50 (extrait)

Qu'elle soit arc-boutée aux confins de la musique du 17e siècle avec ces délicieuses interprétations des sonates de Mozart et Clementi ou dans une vision plus contemporaine à travers le raffinement sonore d’un piano électro dans son précédent disque 'Statea', Vanessa Wagner semble avoir atteint son objectif : celui d'un voyage dans le temps et dans l’espace qui lui donne l’occasion de conquérir un autre public, mais surtout qui répond de façon satisfaisante à ses ambitions artistiques et à son rapport intime et passionnel avec les sonorités d’hier et celles d’aujourd’hui.

Par P. Martial (Cadence Info - 08/2017)

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