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CLASSIQUE / TRADITIONNEL

BEATRICE RANA BIOGRAPHIE/PORTRAIT DE LA PIANISTE ITALIENNE

Beatrice Rana est une jeune pianiste italienne de 25 ans que les amateurs de musique classique ont pu apprécier à travers son interprétation des Variations Goldberg de Jean-Sébastien Bach en 2017. Aplomb, grâce, fantaisie, élégance du jeu, pourraient être les quelques qualificatifs qui lui sied. Partons à sa découverte…


BEATRICE RANA, UN PARCOURS VOUÉ AU PIANO

La nouvelle star montante du piano classique a les doigts magiques de quelqu'un qui sait vous faire rêver en touchant les touches d'un piano. Née en 1993, dans la région italienne des Pouilles, Beatrice Rana est issue d’une famille de musiciens. C’est à l’âge de quatre ans qu’elle aborde l’apprentissage du piano. L’enfant est éclairée et fait preuve de facilités déconcertantes. Cinq ans plus tard, c’est le premier concert avec au programme le Concerto en fa mineur de Jean-Sébastien Bach.

Élève de Benedetto Lupo au Conservatoire Nino Rota et étudiant la composition avec Larco della Sciucca, son précoce talent lui permet d’obtenir à 12 ans une bourse du Ministère italien de l'Éducation, de l'Université et de la Recherche. Beatrice sort diplômée du conservatoire à 16 ans. Sa formation se poursuit à la 'Hochschule für Musik' d'Hanovre auprès d’Arie Vardi.

© Warner Classic

En 2010, la pianiste est appelée pour participer à une sélection rigoureuse comprenant six pianistes concourant au 'Prix Arturo Benedetti Michalangeli', doté d’un récital et de master classes avec Arie Vardi. D’autres sessions d’interprétation suivront en Italie, mais aussi en France et aux États-Unis, avec Aldo Ciccolini, François-Joël Thoillier, Michel Beroff, Eliso Virsaladze et Andrzej Jasinski.

Si Beatrice Rana possède à son « palmarès » plusieurs prix internationaux qui sont autant de signes encourageants (Muzio Clementi, Concours International de San Marino, prix du public au 14e concours international de piano Van Cliburn…), le tournant décisif interviendra en 2011, quand elle remportera les différents prix du prestigieux 'Concours Musical International' de Montréal, du haut de ses 18 ans. Ce succès mérité lui permettra d’enregistrer l'année suivante son premier CD comprenant les Préludes de Chopin et la 2e Sonate de Scriabine (chez Atma), suivi d’un second quelques mois plus tard consacré à Ravel (Gaspard de la nuit) et Schumann (Études symphoniques). Le public découvre alors une pianiste pleine de tempérament tandis que les critiques s’accordent pour saluer ses premières prestations sur les scènes internationales…


LA RENOMMÉE ÉCLAIR DE BEATRICE RANA

Pour son troisième album paru en 2015 chez Warner Classics, elle enregistre Prokofiev et Tchaïkovski, respectivement le deuxième concerto pour piano et le premier concerto pour piano et orchestre, avec Antonio Pappano à la tête de l’Académie nationale Santa Cecilia de Rome. Beatrice Rana reçoit de la presse internationale des éloges appuyés, notamment par Gramophone et le magazine musical de la BBC. Pour Beatrice Rana, ce troisième opus aux contours révélateurs n’est certainement pas dû à la conjoncture du hasard, mais bel et bien le résultat d’une ascension qui avait commencé quatre ans plus tôt au Concours international de Montréal.

© Warner Classic

En 2016, l’enregistrement des Variations Goldberg consacre ses dons d’interprète (1), faisant le buzz et la une des médias spécialisés italiens, tandis que sa dimension internationale se consolide au fur et à mesure de ses récitals. Beatrice Rana se produit souvent sur les scènes et festivals les plus prestigieux. La liste, déjà fort longue, nous impose quelques restrictions. Citons : le ‘Lucerne piano festival’, le ‘Festival Lugano’, le ‘Koerner Hall' de Toronto, le ‘Lincoln Center’ de New York , le ‘Royal Festival Hall’ de Londres ou encore, concernant la France, ‘le Théâtre des Champs-Élysées’, le ‘Festival La Roque d'Anthéron’, le ‘Festival Montpellier Radio-France’ et les ‘Rencontres Musicales d'Evian’.

Partout où la pianiste se produit, précède et succède une curiosité médiatique empressée. Le public qui assiste à ses concerts l’applaudit chaleureusement, tandis que les gens du spectacle, critiques compris, restent admiratifs face à des interprétations qui suscitent autant d’admiration que de reconnaissance. « Beatrice Rana joue avec une sensibilité surnaturelle, du raffinement et du contrôle, avec une touche de magie », dira le critique David Allen.

Musicalement servi par un florilège d’orchestre symphonique parmi les plus réputés : orchestre philharmonique de Londres, de Los Angeles, orchestre symphonique de la BBC et de Detroit, orchestre national de France…, la pianiste collabore avec de nombreux chefs d’orchestre : Fabio Luisi, Riccardo Chailly, Antonio Pappano, Yannick Nézet-Séguin ou encore Lahav Shani et Emmanuel Krivine. En 2018, parmi les concerts notables, citons sa participation aux ‘BBC Proms’ de Londres avec Sir Andrew Davis et le BBC Symphony ;le ‘Hollywood Bowl’ avec le Los Angeles Philharmonic et le chef d’orchestre russe Vasily Petrenko ainsi que le ‘Mostly Mozart Festival’ du ‘Lincoln Center’ à New York avec Louis Langrée.

1 – Les Variations Goldberg de Bach figurent parmi les 25 meilleurs enregistrements classiques de 2017 du New York Times


BEATRICE RANA : ENREGISTREMENT DES CONCERTOS DE PROKOFIEV ET TCHAÏKOVSKY (ext. Warner Classic)

LES POINTS FORTS DE BEATRICE RANA

Les nombreux paramètres qui servent le jeu de la pianiste sont tout d’abord une technique instrumentale aboutie, elle-même dotée d’une maîtrise de toucher renversante. Ceci explique sa manière de libérer le son dans chaque phrase qui se présente : souplesse du jeu, clarté des traits, variété des effets, tant en dynamique qu’en timbres. Beatrice Rana développe ainsi des couleurs sonores capables de « béatifier » n’importe quel chant écrit.

Tout en préservant la globalité de chaque œuvre, son jeu alterne entre délicatesse et tonicité, entre flamme et retenue. Écouter les Variations Goldberg de Bach conduit à cela. Et si la presse a encensé le disque lors de sa sortie, c’est certainement en raison de la fluidité de son jeu, mais également à cause de la liberté de ton employée (pourtant si difficile à exprimer quand on s’attaque rigoureusement à du Bach). Entre les doigts de la pianiste, les Variations Goldberg se nourrissent d’une interprétation pleine de fraîcheur, d’une âpre sincérité dans laquelle s'infiltre à l’occasion quelques touches de fantaisie. On en oublierait même le clavecin et sa couleur éminemment baroque !

La pianiste se défend bien de trahir le style ‘mathématique’ du compositeur. On ne peut interpréter correctement que ce que l’on aime bien et Jean-Sébastien Bach est un compositeur pour qui elle développe un rapport intime et une humilité, et ce, depuis son enfance (elle a notamment commencé à travailler les Variations Goldberg à l’âge de 10 ans). Malgré les écritures cadrées et les nombreuses difficultés envahissantes du compositeur allemand, la pianiste est toujours sincère quand il s’agit d’interpréter un « ami » qui reste et restera encore le « maître de cérémonie ».


BEATRICE RANA, D’AURES PROJETS ?

Au printemps 2018, la pianiste mettait une touche finale à l'enregistrement hommage de Leonard Bernstein pour les 100 ans de sa naissance, suivi d'un autre capturé en direct de sa deuxième symphonie avec Antonio Pappano et l'Académie nationale de Santa Cecilia.

Vivant actuellement à Rome, quand on lui demande ce qui est prévu pour les mois à venir, la pianiste se doit de répondre. Sous la pression, et comme n’importe quelle « star », il est difficile de dire non, de s’imposer des limites quand devant soi la perspective d’un avenir radieux s’offre à vous et que vous avez le cœur plein d’enthousiasme pour donner des concerts. Aujourd’hui plus sûre de ses choix, la pianiste compte bien aborder l’année qui s’ouvre en décidant de ses projets « sans trop devoir faire de compromissions » dit-elle avec le sourire.

Par Patrick Martial (Cadence Info - 09/2019)


BEATRICE RANA : VARIATIONS GOLDBERG (ext. Brit Award 2018)

LA DISCOGRAPHIE DE BEATRICE RANA

  • 2012 : Chopin : 26 Préludes ;Scriabine : Sonate n°2 op.19 (Atma Classique)
  • 2013 : Schumann : Études symphoniques, opus 13 ;Ravel : Gaspard de la nuit ;Bartók : À l'extérieur (Harmonia mundi)
  • 2016 : Prokofiev : Concerto pour piano n ° 2 ;Tchaïkovski : Concerto pour piano n°1 avec l'orchestre de l'Académie nationale de Santa Cecilia et Antonio Pappano (Warner Classics)
  • 2017 : Johann Sebastian Bach : Variations Goldberg (Warner Classics)
  • 2019 : Maurice Ravel : Miroirs, La Valse ; Igor Stravinsky : Petrouchka, L'Oiseau de feu (Warner classics)

Visiter le site officiel de Beatrice Rana

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