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CHANSON

ANTONIO PLACER SEXTET : 'TROVAORES', LE CHANT DES RENCONTRES

La magie de l’album Trovaores est de proposer un dialogue puissant et émotionnel au carrefour des musiques flamenco, jazz et de la chanson trova. Outre le fait de réunir des spécialistes de la musique flamenca et deux chanteurs d’exception, Trovaores permet, grâce à ses textes engagés, de nous transporter au cœur du duende flamenco, entre charme et possession.


'TROVAORES', DES CHANSONS À L’ÉNERGIE CONTENUE

L’album Trovaores c’est d’abord l’histoire d’une rencontre entre plusieurs musiques d’où s’échappent des accents flamencos et des consonances jazz sous la forme de chansons et dont la finalité donne naissance à un art musical à la fois traditionnel et coloré de modernisme baptisé ‘Trova Flamenca’.

© Charlotte Tanguy

Le projet Trovaores n’est donc ni du pur flamenco, ni un jazz construit sur ses développements, pas plus qu’un tango argentin qui aurait pris la tournure d’un Astor Piazolla ou le chant d'un Carlos Gardel ! La musique imaginée en sept tableaux par Antonio Placer crée ses propres images sonores, diverses et agréables d’une plage à l’autre. Elles laissent échapper, au-delà de ses chants, la magie d’une écriture ciselée dans laquelle s’invitent d’aériennes sonorités acoustiques.

Placé sous la direction du compositeur et chanteur Antonio Placer, la formation se compose de Juan Antonio Suárez 'Canito' » (guitare), Pablo Suárez (piano), Gabriele Mirabassi (clarinette) et José Luis López (violoncelle) et d’un invité de marque, le chanteur et joueur de Cajón, Antonio Campos.

La personnalité du projet Trovaores pourrait se résumer à la science de ses arrangements multicolores. Réalisés par le duo Pablo Suárez et Juan Antonio Suárez 'Canito' », ils ont le mérite de faire voyager l’auditeur du flamenco le plus essentiel à celui d’un jazz au modernisme éprouvé avec, en point d’orgue, la trova, un style de chanson hispanique héritée du temps des troubadours.

Antonio Placer précise qu’à travers la réalisation de cet album, il a cherché à affirmer sa différence artistique en refusant toute forme de pensée unique, précisant que sa 'clandestinité musicale et poétique'  est démontrée non seulement par les différentes collaborations qui enrichissent l’album, lui donnant un résultat indéfinissable et émouvant, mais également par l’utilisation de quelques langues plus ou moins usitées : le tamarindola (un esperanto personnel), le galicien (la langue maternelle d’Antonio Placer), le caló et le castillan ; le français et l’italien complétant ce panorama linguistique.

L’album Trovaores pourrait aussi se définir à travers sa flamme, par ce désir de ne point tricher avec ses émotions, en étant dans un total engagement, qu’il soit de nature à charmer, à envoûter ou à succomber à une passion amoureuse. C’est le duende, l’âme du chant flamenco, celui qui repousse ses propres limites jusqu’à l’envoûtement.

Là où dans d’autres circonstances une voix aurait suffi, la présence d’une seconde voix vient renforcer le dialogue de l’intimité partagée et de l’enchantement. À la fois puissantes, profondes et complémentaires, les voix deviennent rudes quand le duende oblige et douces quand l’émotion l’impose. Soutenues par des musiciens venus d’horizons divers, Trovaores construit pour nous autres auditeurs, un pont entre les latitudes, qu’elles viennent du Sud, de la Catalogne, de l'Espagne ou d’ailleurs.

Déjà rodé à l’expérience scénique, le spectacle Trovaores de l’Antonio Placer sextet a déjà provoqué quelques émois auprès de quelques directeurs de théâtre et de festival : « Les artistes présents au plateau sont exceptionnels. Ils nous emportent progressivement, mais sûrement, dans une spirale où le chant, la danse et la musique fusionnent dans une symbiose exceptionnelle. » (Éric Latil, directeur de l’Espace Paul Jargot à Crolles) ; « Un régal de musicalité d'une grammaire mélodieuse et intelligente pour une musique qu'on aime profondément. Une interprétation qui vous laisse ébahi par la virtuosité des quatre instrumentistes et le timbre envoûtant des deux chanteurs. » (Gérard Lecointe, Directeur du Théâtre de la Renaissance - Lyon) ; « Ici, la magie du Duende, soutenue par des musiciens exceptionnels, entre en fusion et transporte le spectateur vers les profondeurs de l’âme, dont le chant devient l’épiphanie inouïe. » (Benoît Thiebergien, directeur du festival Les détours de Babel).


ANTONIO PLACER SEXTET : 'COLOREADA' (live)

À PROPOS DES MUSICIENS

Antonio Placer (chant et direction artistique) : Chanteur, musicien, poète, compositeur et arrangeur, Antonio Placer est un troubadour dans le bon sens du terme. Il a la sincérité d’un Jacques Brel, la colère d’un Léo Ferré et la passion révolutionnaire d’un Jean Ferrat. Son chant est celui d’un tragédien. Son expérience musicale est riche : plus de 20 créations originales sur les scènes nationales et internationales dans plus de 30 pays. Son œuvre poétique est publiée dans plusieurs pays et écrite en quatre langues différentes. À ce jour, il a publié 13 disques.

Antonio Campos (chant) : Nominé aux "Latin Grammy 2020", Antonio Campos est né dans une famille andalouse émigrée en Catalogne. Puis, très vite après sa naissance, la famille retourne s’installer à Grenade. Antonio grandit au son du flamenco parmi les siens. Sa première passion sera la guitare qu’il apprend auprès des plus grands maîtres avant de s’orienter vers le chant un peu par hasard. Après s’être produit durant un an et demi dans différents tablaos de Grenade, Antonio Campos commence à se produire à Madrid dans des salles aussi prestigieuses que Casa Patas, Suristan, La Cuarta Pared ou Galileo Galilei. Commence alors pour lui une vertigineuse carrière qui l’amène à travailler sur des scènes internationales en compagnie de grands danseurs et chorégraphes : Mario Maya, Antonio Canales, Rafaela Carrasco… Très puissant, son Cante sait aussi se faire délicat et reflète une grande connaissance de la tradition.

Juan Antonio Suárez «Canito» (guitare) : Grâce à sa relation profonde avec les racines gitanes traditionnelles de l’Extremadure et de l’art flamenco, Juan Antonio Suárez (Canito) a participé au renouveau de ce mouvement artistique dès ses débuts. Son talent naturel, appuyé par une formation approfondie, l’a transformé en un grand guitariste et compositeur. Il débute en 1990 au Palau de la Música de Barcelone avec la danseuse Flora Albaicín, et dès ses débuts, il accompagne de grandes étoiles de la danse flamenco comme Manuela Carrasco, Merche Esmeralda, Belén Maya, Sara Baras, Niña Pastori… En tant que compositeur, il a écrit des œuvres musicales pour le scénographe Francisco Suárez, comme Plaza Alta (El sueño de los Gitanos), Bodas de Sangre, Orestes en Lisboa, Romancero Gitano et Itaca. Par ailleurs, il a collaboré aux enregistrements d’artistes prestigieux comme Rafael Jiménez Falo (Canto Gitano), Gerardo Nuñez. En 2008, il enregistre son premier disque, Son de ayer et deux ans plus tard Flamenco Crossover. Il faut aussi signaler son travail musical avec le réalisateur Carlos Saura.

Pablo Suárez (piano) : Après des études musicales à Barcelone avec le professeur de piano Rosario Vilanova, puis au 'Taller de Musics', Pablo Suárez intègre en 1995 le monde professionnel du flamenco. Sollicité comme interprète, compositeur et directeur musical par les compagnies les plus importantes, son expérience vient principalement du flamenco dans toute sa diversité, depuis la danse, le chant et la guitare en passant par la mise en scène et la composition. On le retrouve au piano dans de nombreuses productions discographiques, telles que celles de Rafael Jiménez (Falo), Paco del Pozo (Vestido de luces), Juan Antonio Suárez  /Canito » (Son de ayer), Antonio Rey (A través de ti), Jesús Torres (Viento del norte) ou encore José Luis López (Soleando) et Carmen Linares (Remembranzas).

© Mélanie Pétrarca

Gabriele Mirabassi (clarinette) : il étudie la musique classique et contemporaine au Conservatoire de Pérouse en Italie et fonde en 1986 l’ensemble 'Furteux l’Artisanat'. Il joue régulièrement avec les ensembles 'Musica Negativa' de Francfort et 'Veni' de Bratislava. Gabriele Mirabisi a travaillé avec des musiciens comme John Cage, Gunther Schuller, Jürg Wittenbach, Siegfried Palm, Louis Andriessen et Rainer Riehn. Il fonde le 'Gabriele Mirabassi Trio' en 1991 avec Luciano Biondini (accordéon) et Michel Godard (tuba) pour lequel il crée un répertoire inspiré de la musique classique du 20e siècle, du jazz et de la musique populaire italienne. Depuis 1992, il travaille avec des musiciens de jazz tels que Richard Galliano, Sergio Assad et Stefano Battaglia, et se produit constamment sur les scènes italiennes et les festivals de jazz internationaux. En 1996, il remporte le 'Top Jazz' du concours Italian 'Jazz Awards', dans la catégorie « Meilleur nouveau talent ». Son album, Canto d’ebano, est un hommage aux bois africains qui, travaillés par des mains passionnées, deviennent clarinette.

Jose Luis López (violoncelle) : né en 1965 à Madrid où il commence ses études musicales, José Luis López se forme auprès d’Enrique Correa, Mareck Kubicky et Mikhail Khomitser. Il devient professeur supérieur de violoncelle et de musique de chambre. En 1990, il gagne le « Premier prix d’interprétation » lors du concours Madrid Joven 90 et, en 2002, le « Prix de composition à la meilleure musique pour la danse » lors du 11e Concours International de Chorégraphie de flamenco et de danse espagnole de Madrid. En 2005, il publie la Soleando suite, première œuvre de l’histoire pour violoncelle en clef flamenca. Producteur musical de spectacles, il est aussi compositeur et travaille avec des chorégraphes et musiciens flamencos de renom. Il s’attache à développer l’intégration du violoncelle dans cette musique. Son style personnel et sa virtuosité en font l’un des musiciens les plus appréciés de la scène flamenca.


ANTONIO PLACER SEXTET : 'TODO ES POSIBLE EN TIERRA' (live)

LES TITRES DE l'ALBUM 'TROVAORES'

  • Coloreada (Placer-Campos/Placer)
  • L’Enfant qui apprend à marcher (Placer)
  • La Flor de Alfarnate (Campos-Suárez-López-Canito-Mirabassi-Placer)
  • Señora de los Mares (Placer)
  • Na Fonte do Nazarí (Campos-Canito-Placer)
  • Trovaores (Campos-Placer)
  • Todo es posible en Tierra (Placer)

Antonio Placer sextet
Album Trovaores
Special guest : Antonio Campos
Sortie : 11/12/2020
chez 'Musiques Créatives du Sud' - 'Alma Musiques/L’Autre Distribution'

Par Elian Jougla (Cadence Info - 12/2020)


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