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JAZZ ET INFLUENCES

CHRISTOPHE DELVALLE – SHARED MOMENTS

Christophe Delvallé est un pianiste de jazz à découvrir. Il nous livre son cinquième disque, Shared Moments, enregistré en collaboration avec deux vedettes du jazz américain : Eric Marienthal au saxophone (il a joué notamment avec Chick Corea, Stevie Wonder et Al Jarreau) et John Robinson à la batterie (accompagnateur chez Quincy Jones, Georges Benson, Herbie Hancock et Michael Jackson), sans oublier la participation de trois musiciens français : Patrick Manet à la contrebasse, Nina Millet au violon et Patrice Dif à la trompette. Le disque est composé de 10 titres dont 5 en piano solo.


DES MOMENTS PARTAGÉS…

Classicisme musical et sagesse pourraient être les qualificatifs de ce disque. C'est ainsi que Le port de la lune, qui ouvre le disque et basé sur une mélodie jouée par Nina Millet au violon, pourrait très bien illustrer une scène mélancolique ; je n’oserai pas dire triste, si ce mot n’exprimait souvent dans la bouche du musicien l’ennui. Suit Neige, une composition qui exprime toute la pluralité d’approche musicale de Christophe Delvallé avec une mélodie qui donnerait dans le faux air, façon Erik Satie… et qu’il redessine comme un fil conducteur dans Ambre Noir.

Puis la musique s’enflamme avec Chorevo me chara, un hommage à la Grèce que le pianiste connaît bien pour y avoir joué à plusieurs reprises. Toujours en piano solo (duo ?) ‘Chorevo me chara‘ nous fait rentrer dans la danse, une danse portée par une énergie rythmique se développant crescendo.

La musique de Christophe Delvallé est une musique subtile aux harmonies mineures, une musique de métissage qui donne toute sa profonde expression quand le pianiste dialogue avec ses invités. Que ce soit en duo avec le saxophoniste Eric Marienthal (‘Intuition’… merci Coltrane !) ou accompagné du jeu sobre de Patrick Manet à la contrebasse (La passion).

Delvallé joue sur les silences et plus exactement sur la respiration sonore, élément essentiel de toute musique intimiste. Prison de femmes est de cette veine. Joué à la façon d’un rubato éternel, le pianiste dépeint l’univers carcéral avec ses notes à lui. Un pur moment d’émotion musicale, un témoignage du compositeur envers les femmes vivant en prison.

Le fil à couper le beurre, aussi court que démonstratif sert d’intermède avant d’entendre les deux derniers morceaux, les plus appuyés rythmiquement. Moana, sur fond de batterie avec balais, pourrait bien être l’exemple d’un jazz qui aurait déclaré sa flamme dans les années 50/60. Les chorus s’enchaînent et laissent entendre la trompette de Patrice Dif, le piano de Delvallé et le sax de Marienthal.

Le titre de conclusion, Mykonos, est un morceau à l’allure binaire et sentant bon la syncope musicale. Cependant, il manque ici un peu d’envol, une certaine folie qu’il aurait été bon d’entendre dans ce genre de morceau. Autre bémol, mais ici tout repose sur le subjectif, concerne le choix de l’enchaînement des morceaux, aussi étonnant qu’étrange, mais ici, c’est l’ancien disquaire qui parle et non le mélomane !


À PROPOS DE CHRISTOPHE DELVALLE

Christophe Delvallé a plusieurs cordes à son arc, si sa passion pour le piano s’est éveillée en lui dès le plus jeune âge, il possède également une autre passion… celle du dessin humoristique. Cette activité l’a conduit à travailler pour divers journaux et il a déjà produit plusieurs albums dont Les 100 Culottes et La Cave se rebiffe… un univers au ton bien éloigné de la musique qu’il nous laisse entendre !

Par Elian Jougla (Cadence Info - 11/2010)

Pour écouter et se procurer le disque, c’est par ici… WWW.DELVALLE.FR


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