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MUSIQUE & SOCIÉTÉ


FOOTBALL ET MUSIQUE, SES HYMNES ET CHANSONS POPULAIRES

Le football et la musique sont deux univers inséparables. On atteste souvent que les rois du ballon rond et les rock stars ont une foule de point en commun. Oui, mais lesquels ? Avec un peu d’imagination, on peut concevoir la pelouse verte comme la scène d’un spectacle avec ses propres règles et ses enjeux. La comparaison pourrait se poursuivre en relevant l’aspect collectif, celui de l’équipe de footballeurs et du groupe de musiciens. Cependant, le point en commun le plus évident est sans nul doute la portée populaire de ces deux disciplines. De l’hymne ovationné jusqu’au footballeur/chanteur, la musique a trouvé au fil des années une place solide dans le cœur des supporters...


CHANSON ET BALLON ROND

Dans un stade, football et musique nous font vivre avec la même attente les moments cruciaux où jaillissent l’émotion du succès. Les footballeurs nous font rêver et vibrer. Ces êtres perfectionnistes sont là pour enflammer le stade en proposant un spectacle à représentation unique. Le trait d’union avec la musique prend forme quand, lors des rencontres de foot, les supporters reprennent des refrains célèbres…

Ces mélodies de combat qui échauffent le sang, qui glorifie une équipe, un pays, ne sont pas toutes d’une grande musicalité, mais elles véhiculent toujours l’espoir d’une victoire dans le cœur des supporters : « Dans le vestiaire avant de rentrer / Pour commencer à nous échauffer / Tous en chœur nous chantons / On est les rois du ballon. / Quand on arrive sur le terrain / On les entend frapper dans leurs mains / Avec eux nous chantons / Saint-Etienne sera champion. - Refrain : Allez qui c'est les plus forts ? Évidemment, c'est les verts / On a un bon public et les meilleurs supporters / On va gagner ! / Ça c'est juré allez. » (Allez les Verts - 1976)

La popularité aidant, quelques footballeurs se sont lancés dans la chanson avec plus ou moins de bonheur : le roi Pelé, Marius Trésor, Cristiano Ronaldo, Youri Djorkaeff, Pascal Olmeta, Jean-Pierre François… Il n’en fallait pas plus pour lever de nombreuses moqueries. Pourtant, à y bien réfléchir, faire oublier son image de footballeur et rentrer dans la peau d’un chanteur séducteur ou d’une bête de scène ne s’improvise pas. De plus, pour que la mayonnaise prenne, il faut toujours des chansons de qualité qui ne caricature pas. Or, bien souvent, pour arrondir les angles et pour toujours coller à leur image populaire, les chansons interprétées par les héros du ballon rond lorgnent vers des textes très « beauf » sur des musiques « boum boum ». On a beau être le glorieux vainqueur d’une coupe ou d’un championnat, personne n’y échappe : les railleries ont vite fait de vous rattraper et le résultat devient pour finir absolument bancal !

Cela dit, soyons juste, l’inverse ne vaut guère mieux. Si les chanteurs amoureux du football sont nombreux, ils ont rarement des jambes de feu ! (Bob Marley, Robin Williams et surtout Julio Iglesias, ancien footballeur du Real de Madrid sont des exceptions) Seule la chanson consacrée au Sida (Love United – 2002), composée par le grand amateur de foot qu’est Pascal Obispo, tire son épingle du jeu en réunissant quelques héros du football français et international : Zidane, Barthes, Thierry Henry, Makelele, Helguera… Pour la bonne cause, bien sûr !

Et dans la jeune génération, me direz-vous ? C’est bien entendu le rap qui prédomine avec des textes tournant le plus souvent autour du foot. Ces jeunes footballeurs chantent, mais aussi produisent leur musique jusqu’à posséder parfois un home-studio pour faire comme les « pro », tel le footballeur Jonathan Pitroipa. Le sample est roi et facilite la construction musicale, un choix très différent de Johan Micoud qui a choisi une tout autre reconversion : devenir le patron du petit label "Virage Tracks".


AUX RAYONS DES BIDES EN PUISSANCE

En France, Denise Fabre, Enrico Macias et les Minikeums ont célébré les Bleus. Pour encourager notre équipe nationale au Mexique, lors du Mondial 1986, une « dream team » d’artistes superstars voit le jour pour l’enregistrement de la chanson Viva les Bleus. Jugez plutôt : Sim, Carlos, Patrick Sébastien et… Herbert Léonard (cherchez l’erreur !) Une chanson bide par excellence qui n’a pas eu droit à des encouragements, ni à des rééditions. Ouf ! Une chanson taillée pour le Club Med, mais certainement pas apte à enflammer une équipe de football.

Même notre cher Johnny est rentré dans la course, fier de soutenir l’équipe de France. En 2002, les Bleus, après avoir gagné la Coupe du Monde et l’Euro, s’envolent pour le mondial qui se déroule en Corée du Sud, persuadés d’être des champions. Dans sa chanson, Johnny tente de traduire le sentiment de confiance aveugle qui règne alors chez les footballeurs français, certains de remporter la victoire : « Allez, vous portez nos espoirs / Vous gravez notre histoire / Et dans nos cœurs vous serez toujours vainqueurs / Le bleu, c'est notre couleur. Refrain : On est champion / On est tous ensemble. » (Tous ensemble – 2002) Finalement, rien ne vient sauver la chanson, d’autant plus que la France est éliminée à la fin de la troisième rencontre ! Le rêve d’un nouveau titre mondial s’envole aussitôt. Pour Johnny, ce ne sera qu’un épisode malchanceux dans sa longue carrière. À oublier !


DES CHANSONS TUBES EN SOUVENIR

Le 12 juillet 1998, les Bleus sont sacrés champion du monde et c’est en chanson que tout le pays va célébrer l’événement avec l’un des tubes de Gloria Gaynor : I Will Survive. Grâce au footballeur Vincent Candela, cette chanson devient l’hymne des footballeurs de l’année 1998.

Le choix d’une chanson, surtout si elle est choisie par les footballeurs, crée en eux un sentiment d’équipe, de solidarité. Elle est donc d’une grande importance, notamment quand elle prend naissance lors d’un match important ou décisif. Du plus timide au plus extraverti, les footballeurs reprennent tous en chœur leur hymne dans le vestiaire ou à l’issue d’une victoire sur la pelouse. Rien n’est plus beau, rien n’est plus vrai, même lorsqu'il s’agit de I Will Survive, un tube musique disco qui, contre toute attente, renaît vingt ans après sa sortie. Il s’en vendra plusieurs millions d’exemplaires en quelques semaines.

Les « footeux », à défaut d’être de grandes vedettes de la chanson, deviennent de formidables lanceurs de tubes. Les supporters jouent le jeu et les reprennent pour en faire des hymnes. Cette tendance se généralisera dans tous les pays où le football est roi : Amérique du Sud, Afrique, Europe… c’est-à-dire toute la planète ou presque !

Pour que des chansons deviennent des hymnes de stade, que leur faut-il exactement ? Une musique qui galvanise, bien évidemment ! Elle doit donner l’envie de faire quelque chose, de stimuler un désir de vaincre. Quand 40, 50 000 personnes ou plus reprennent la chanson à l’unisson, celle-ci n’est déjà plus une chanson ordinaire. Adapté, mise au goût du jour, elle devient la pièce maîtresse, la carte d’identité de toute une équipe. Elle est la métaphore guerrière qui réveille les instincts, celui d’une ville ou d’une nation.


QUEEN - WE ARE THE CHAMPIONS

Si des chansons deviennent le porte-drapeau d’une équipe comme You Never Walk Alone pour Liverpool, Jump de Van Halen pour l’Olympique de Marseille ou encore Europe avec son titre The Final Countdown pour les clubs de Sochaux, Toulouse et Auxerre, d’autres chansons ont su s’affranchir des clubs et même des frontières…

We Are The Champions du groupe Quenn demeure encore à ce jour le plus célèbre des hymnes de stade. Écrite par le chanteur Freddy Mercury en 1977, elle rend hommage à l’équipe d’Angleterre - cuvée 1966 - qui avait remporté la Coupe du monde. Depuis, le moindre tournoi amateur ou professionnel ne peut se conclure sans que son célèbre refrain ne soit repris en chœur. En 2011, des recherches scientifiques ont même décrété que la chanson était rentrée dans la légende du rock en raison de son efficacité à toute épreuve. Hypnotique, We Are The Champions est le genre de chanson qui vous entraîne et qui vous procure une âme d’enfant. Le footballeur peut enfin partir au combat le cœur vaillant…

L’hymne musical devenant essentiel, les instances décident de créer une chanson officielle pour le Mondial et l’Euro. La chanson est censée représenter un hymne fédérateur autour des équipes en présence. Ainsi, en 1998, Ricky Martin signe la chanson officielle de la coupe du monde La copa de la vida. Ce sera un énorme succès. La chanson se vendra à près de 600 000 exemplaires rien qu’en France. Puis en 2010, c’est Chakira qui est choisie pour faire danser la planète football avec son hymne pour l’Afrique du Sud (Waka Waka – This time for Africa).

Si j’ai cité ces deux chansons « dance », c’est qu’elles ne sont pas l’exception qui confirme la règle. Bien souvent, les artistes qui sont amenés à interpréter un hymne ne sont pas toujours à leur aise. Ces chansons marquetées prennent généralement leur distance vis-à-vis de l’interprète qui ne retrouve plus alors ses marques, ses repères.

Parmi les réussites marquantes, nous devons retenir l’hymne de la "Champions League", l’un des rares qui soit totalement compatible et réussi. Son orchestration symphonique, puissante et généreuse, est parfaitement en symbiose. L’interprétation, confiée au Royal Philharmonic Orchestra, comprend des paroles déclamées en trois langues : anglais, allemand et français. C’est cette chanson que les footballeurs entendent lorsqu’ils rentrent sur la pelouse lors des matchs de la Champions League.


HYMNE DE LA "CHAMPIONS LEAGUE"

Par Elian Jougla - 02/2016

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