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ZAPPA, SES 24 ALBUMS UNIVERSAL ET SES LIVES INÉDITS

De son vivant, Frank Zappa était un artiste inclassable. Un touche-à-tout de génie. Aujourd’hui, plus de vingt ans après sa disparition, le guitariste hante toujours les pensées d’un grand nombre de musiciens d’hier et d’aujourd’hui. Universal l’a bien compris en passant à l’offensive. Cinq ans après la réédition de tous les albums originaux parus du vivant de Frank Zappa, 'Zappa Records' et 'Universal' ressortent à présent, en digital et en physique, une grande partie des CD publiés depuis vingt ans par le site 'zappa.com'. Un grand nombre était introuvable depuis longtemps… Ce sont donc vingt-quatre albums du meilleur cru qui vous attendent à présent chez les disquaires et les plateformes de streaming !


VINGT-QUATRE ALBUMS RÉUNIS AUTOUR DE FRANK ZAPPA

Une bonne nouvelle pour les fans de Frank Zappa. Outre le légendaire « Civilization Phaze III » publié en 1994 un an après la mort du musicien, Universal a eu la bonne idée de "contourner" l'offre onéreuse proposée par le site "www.zappa.com" en distribuant les nombreux CD inédits publiés sur 'Zappa Records', 'Barking Pumkin' et 'Vaulternative Records'.

Petit comeback...

Peu après la disparition de Frank Zappa, la question de son héritage artistique s’est tout de suite posée. Qu'allait-il se passer et que fallait-il en attendre ? Les gens bien informés savaient que le musicien avait conservé sur bande magnétique d'innombrables sessions et concerts jamais édités. À la façon de Jimi Hendrix ou de Michael Jackson, la disparition du guitariste a bien sûr remis en cause l'anonymat de ces documents. Depuis ce jour-là, c’est une bonne partie de ces archives sonores qui ont vu le jour. La nostalgie et l’aspect exceptionnel de chaque événement ne sont là en vérité que pour alimenter habilement le discours du marketing.

Ces vingt-quatre albums sont certainement les bienvenus pour les ayant-droits qui, après avoir donné leur accord, voient dans cette initiative une excellente façon de faire fructifier leur capital (Ahmet, Diva, Moon et Dweezil sont de ceux-là).

© Discreet Records - Frank Zappa (1978)


D'accord, mais côté musique qu'en est-il ?

Généralement, l’intérêt de publier des enregistrements après le décès de l’artiste ressemble plus souvent à un coup de poignard frappé dans son dos qu’à la découverte d’un trésor caché. Fort heureusement, dans le cas de Frank Zappa, les 24 albums distribués par Universal, sans être tous des monuments incontournables, offrent de bonnes et heureuses surprises.

FAUT-IL COURIR APRÈS CES DISQUES ?

Depuis 1996 et la parution de Frank Zappa Plays The Music Of Frank Zappa (qui n’est autre qu’une compilation de quelques performances instrumentales live et dans laquelle nous avions droit à quelques « tubes » de l’artiste sous différentes versions : Watermelon In Easter Hay, Black Napkins et Zoot Allures), les sorties posthumes n’ont cessé de se poursuivre (plus d’une trentaine au compteur). Au regard d’une discographie déjà très, mais alors très très riche, il nous faut à présent comptabiliser ces 24 nouveaux enregistrements bis. De quoi s’y perdre !

Et le positif dans tout cela ?

Le prix déjà, rendu abordable depuis que ces vingt-quatre albums ont éliminé de fait les quelques inédits devenus introuvables. Chaque album contient le livret complet ainsi que le package d’origine, ce qui est une bonne chose. Ensuite, les live Roxy By Proxy (1973), Philly ‘76’, FZ-OZ (1976), Hammersmith Odeon (1978), Buftalo (1980) et One Shot Deal (1973/81) sont présents et permettent à la jeune génération de découvrir quelques figures emblématiques du 'Zappa Live' des années 70/80 ; des musiciens extraordinaires et atteint de la « zappa-ite » aigüe, une dévotion dont on ne ressort pas toujours intact : le chanteur Napoléon Murphy Brock, le guitariste Adrian Belew, les clavieristes George Duke, Bianca Odin et André Lewis, la violoniste Eddie Jobson, les bassistes Patrick O'Hearn et Dave Parlato, le percussionniste Ruth Underwood, sans oublier le légendaire batteur Terry Bozzio. Hélas pour eux comme pour nous, tous ces musiciens n’auront eu finalement qu’une existence éphémère dans l’écurie Zappa, sauf peut-être Terry Bozio et George Duke qui ont eu assez de courage pour assister le maître durant une plus longue période... sans trop dépérir !

Faut-il acquérir ces disques ?

Pour les admirateurs du moustachu, la question ne se pose pas, mais pour les autres, pour ceux qui, à l’écoute, d’un de ses disques font la grimace, la fuite en avant risque fort de devenir une habitude. Zappa reste Zappa. D’abord avec le son de l’époque (même quand il est de qualité comme ici), ensuite avec ses compositions et arrangements (subtils ou parfois brouillons à force de chercher le plus petit détail), et enfin à travers ses intentions musicales (pas nécessairement claires).

Malgré ces quelques réserves et quelques déchets (ce qui est bien normal), le musicien, malgré sa disparition, reste à chaque fois très captivant, voire virtuellement très présent étant donné qu’aucun artiste de sa trempe n’est venu ni épouser ni contester son espace artistique. Zappa serait-il vraiment un exemple à part dans l’histoire de la rock-music ?

Face à cet alligator de la musique qui n’a jamais cessé de pousser le curseur plus haut, qui pourrait véritablement vouloir prétendre occuper un jour sa position ? Ne faut-il pas voir là un quelconque relâchement artistique, un défaitisme ou tout simplement un manque de folie ? De nos jours, la sophistication est devenue le maître-mot et conduit à une sorte d'impasse. Le désir, la soif de créer comme la demande existent toujours, mais le contexte artistique actuel semble jouer en leur défaveur. La folle créativité musicale des années passées parais s'être repliée sur elle-même, à moins qu'elle ne soit aujourd'hui en gestation ici ou là, dans une cave ou ailleurs, ne demandant qu’à éclore... du moins, c'est ce que j’imagine.

Par Elian Jougla (Cadence Info - 11/2017)

Zappa, rééditions phaze II
Barking Pumpkin, Vaulternative Records, Zappa Records, distribution Universal


FRANK ZAPPA & THE MOTHERS OF INVENTION : INCA ROADS

LES 24 RÉEDITIONS

  • Civilization Phaze III (Barking Pumpkin, 1994)
  • Frank Zappa Plays The Music Of Frank Zappa (Barking Pumpkin, 1996)
  • Everything Is Healing Nicely (Barking Pumpkin, 1999)
  • FZ:OZ (Vaulternative Records, 2002)
  • Joe’s Corsage (Vaulternative Records, 2004)
  • Joe’s Domage (Vaulternative Records, 2004)
  • Joe’s Xmasage (Vaulternative Records, 2005)
  • Imaginary Diseases (Zappa Records, 2006)
  • MOFO (Zappa Records, 2006)
  • Buffalo (Vaulternative Records, 2007)
  • The Dub Room Special (Zappa Records, 2007)
  • Wazoo (Vaulternative Records, 2007)
  • Joe’s Menage (Vaulternative Records, 2008)
  • One Shot Deal (Zappa Records, 2008)
  • Philly ’76 (Vaulternative Records, 2009)
  • Congress Shall Make No Law…(Zappa Records, 2010)
  • Greasy Love Songs (Zappa Records, 2010)
  • Hammersmith Odeon (Zappa Records, 2010)
  • Carnegie Hall (Vaulternative Records, 2011)
  • Feeding The Monkies At Ma Maison (Zappa Records, 2011)
  • A Token Of His Extreme (Zappa Records, 2013)
  • Joe’s Camouflage (Vaulternative Records, 2014)
  • Roxy By Proxy (Zappa Records, 2014)
  • Dance Me This (Zappa Records, 2015)

À CONSULTER

FRANK ZAPPA, PORTRAIT

Frank Zappa était un musicien inclassable, un véritable touche-à-tout de génie, aussi à l’aise pour composer des pièces classiques que des chansons satiriques...

THE MOTHERS OF INVENTION, LE GROUPE DE FRANK ZAPPA

Apparu en 1964, le groupe The Mothers of Invention dirigé par Frank Zappa laissera entendre une musique parfois complexe alliée à une réputation scénique sulfureuse et délirante.


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