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JOHNNY 'GUITAR' WATSON, BIOGRAPHIE PORTRAIT DU "GUITAR HERO" BLUES-FUNK

Amoureux de la guitare blues depuis son plus jeune âge, composant des morceaux à mi-chemin du blues, du funk et de la soul, Johnny 'Guitar' Watson a eu une influence évidente sur des artistes comme George Clinton, Sly Stone, Stevie Ray Vaughan et Prince.


LA GUITARE BLUES POUR PASSION

Né en 1938, à Houston dans le Texas, Johnny 'Guitar' Watson trouve ses premières émotions musicales grâce à son père pianiste qui lui inculque ses premières notions musicales. Cependant, le jeune Johnny est beaucoup plus attiré par les cordes de la guitare, plus expressive à son goût, que par les touches du piano. C'est son grand-père, lui-même guitariste, qui lui offre sa première "six cordes" alors qu’il n’a que onze ans. Très vite, Johnny se révèle doué pour l’instrument au point qu'il a l’occasion de partager quelques émotions musicales auprès de musiciens comme Albert Collins et Johnny Copeland.


© Kessler-Grass Management - Johnny Guitar Watson (1978)

Lorsqu’il a seize ans, ses parents ayant divorcé, il vient s’installer avec sa mère à Los Angeles. Là, il gagne plusieurs concours de guitare qui lui devront son surnom de « guitar » Watson. Il intègre les orchestres de blues et de rhythm and blues de Chuck Higgins et Amos Milburn. Ayant appris la guitare en autodidacte, il retourne vers le piano pour se perfectionner tout en travaillant le chant.

De 1954 à 1956, il enregistre pour les labels Combo, Federal, RPM, pour Keen avec Bumps Blackwell et pour King en 61. Continuant sur sa lancée, il accompagne Larry Williams (notamment en Angleterre) et enregistre avec lui pour Decca en 65. Il fréquente alors pendant dix ans les clubs de la région où il se fait un nom de formidable guitariste-showman.

Watson est influencé par T-Bone Walker et Clarence Brown ; son jeu bluesy dans l’âme est fin et délié, pouvant allier technique et feeling frénétique sans fausses notes. Son style très reconnaissable par sa façon incisive d’attaquer les notes, surtout en début de phrasé, influencera Jimi Hendrix et Frank Zappa, en particulier à travers son solo de Three Hours Past Midnight (chez Okeh), un titre qu’il compose, tout comme les fameux Gangster of Love et Cuttin’ In (ce dernier titre sera repris en version française par Johnny Hallyday en 1963, sous le titre Excuse-moi partenaire ainsi que Sweet Lovin’ Mama - Pour moi tu es la seule – en 1964).


LE PUBLIC FRANÇAIS DÉCOUVRE JOHNNY "GUITAR" WATSON

En 1975, le public français le découvre. Il découvre un musicien au style personnel, développant un funk paisible teinté parfois d’accents sexy, qu’il ponctue de solo nerveux et d’effets divers. Il développe la technique du chant « scat » et de la « talking box » chère à Joe Walsh et Peter Frampton. C’est à partir de cette tournée qui va le conduire à travers une bonne partie de l’Europe que Johnny 'Guitar' Watson commence à se faire un nom.

L’année suivante, il signe avec le label anglais DJM et obtient un premier hit avec I Need It. Mais le vrai départ de sa carrière tardive s’écrira en 1977 avec l’album A Real Mother, dans lequel il assure avec goût les parties de claviers, chant et guitare. Cependant, malgré sa touche moderne, le disque lorgne encore beaucoup vers des intonations de blues. Le titre A Real Mother For Ya devient un hit moyen qui ne parvient pas à imposer solidement ce musicien pourtant attachant, et cela, même en dépit de la qualité constante de sa production discographique.


JOHNNY 'GUITAR' WATSON : I WANT TO TATA YOU BABY
« Du blues, du blues, du blues » comme le chante dans sa chanson Michel Jonasz trouve à travers le titre ‘I Want to Ta Ta You Baby’ ce que peut-être un bon blues dans sa forme classique, façon slow, avec ses cuivres tantôt posés et incisifs, sa basse lourde, les claviers qui soutiennent l’harmonie et l’indispensable guitare solo.

Johnny 'Guitar' Watson déploie de nombreux efforts pour que sa personnalité musicale s’impose à juste titre. Il joue avec George Duke, chante pour Frank Zappa dans One Size Fits All en 1975, l’année de I Don’t Want To Be Alone, Stranger, allant même jusqu’à revisiter son standard shuffle Gangster Of love en 78, sous couvert d’arrangement aux influences disco évidentes. Watson retrouvera son ami Zappa à d’autres occasions (Thing-Fish en 1984 et Frank Zappa Meets the Mothers of Prevention en 1986)

Les albums qui suivent I Don’t Want To Be Alone, Stranger vont exploiter le même filon orchestral, tout à la fois esthétique et singulier, avec une touche commerciale qui va aller en s'amplifiant : Giant (1978), Gettin' Down with Johnny "Guitar" Watson (1978), What the Hell Is This ? (1979), Love Jones (1980), Johnny "Guitar" Watson and the Family Clone (1981), That's What Time It Is (1982) ou encore Strike on Computers (1984).

Le public qui vient assister à ses concerts sont plutôt des fans de longue date, comme lors de son passage au théâtre de Clichy en 1985. Dans les années qui suivent, Watson se fait plus discret. Il continue certes d’effectuer des tournées sans avoir rien perdu de sa verve, mais sa "carrière commerciale" semble lui échapper. En 1994, il publie son avant-dernier disque, Bow Wow, sur le label Bellmark d’Al Bell, l’ancien patron de Stax. Pour l’occasion, il s’entoure une fois de plus de son fidèle organiste et choriste Rudy Copeland, où il « scatte » avec aisance sur le titre Johnny G. Is Back.


JOHNNY 'GUITAR' WATSON : AIN'T THAT A BITCH

Le 17 mai 1996, Johnny 'Guitar' Watson meurt lors de son transport à l’hôpital d’une crise cardiaque, suite à un malaise sur la scène du Blues Café à Yokohama (Japon), au moment où il allait signer sur Code Blue, le label du producteur Mike Vernon. Il avait 58 ans.

« Johnny a toujours été conscient de ce qui se passait autour de lui. Il avait de la fierté à l’idée qu'il pouvait évoluer avec son époque et de ne pas rester coincé dans le passé. » témoignera Susan Maier Watson (qui fut l'épouse du musicien) dans une interview publiée dans les notes de la pochette de l'album The Very Best of Johnny 'Guitar' Watson.

Si sa popularité n’a pas été à la hauteur de son talent, de nombreux guitaristes ont tout de même vu en lui une sorte de « guitar hero » du blues/funk. Les rappeurs ont été sensibles à sa musique en l’échantillonnant à plusieurs reprises : Easy-E , Ice Cube , Snoop Dogg , Jay-Z ou encore, Redman, qui a basé son titre Sooperman Luva en s’inspirant de sa chanson Superman Lover.

par Elian Jougla (Cadence Info - 03/2015)


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