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MUSIQUE & SOCIÉTÉ

LA GAÎTÉ-LYRIQUE, SPECTACLES ET CULTURES NUMÉRIQUES

À Paris, dans le quartier des Arts-et-Métiers, face à un square aux allures paisibles, se trouve La Gaîté-Lyrique. Tour à tour théâtre de foire, temple de l’opéra bouffe et école d’art dramatique, le lieu est désormais un centre d’art consacré aux cultures numériques et aux musiques actuelles. Cette espace atypique semble avoir embrassée au cours des siècles, l’histoire d’une ville en perpétuelle mutation.


LA RÉNOVATION DE LA GAÎTÉ-LYRIQUE

Érigé en 1862 par l’architecte Alphonse Cusin, en lieu et place d’un ancien théâtre, la Gaîté Lyrique se situe dans le cœur d’un îlot d’habitation. Très peu visible, seule sa façade imposante attire le regard des passants. Le quartier si calme, en marge des grands boulevards, ne permettra pas à ce théâtre de connaître un démarrage facile, jusqu’au jour où le plus charismatique des hommes de son temps, le compositeur Jacques Offenbach, soit nommé à sa tête en 1876. Il y restera seulement deux années, mais donnera à ce lieu un dynamisme et un prestige grâce aux spectacles qui y seront donnés. Ses opérettes, si célèbres, marqueront la première grande étape de l’histoire de la Gaîté-Lyrique.

Plus tard, en 1918, les ballets russes de Serge Diaghilev connaissent dans ce théâtre un triomphe. Mais dès les années 60, le théâtre ne fait plus recette et les fermetures successives accélèrent sa détérioration… Quand la comédienne Sylvia Monfort occupe les lieux dans les années 70, la grande salle est dans un si mauvais état que, lors de ses représentations, la comédienne utilisera une petite salle généralement utilisée pour le théâtre expérimental.

La vétusté des lieux conduisant inexorablement à une fermeture définitive, un promoteur à l’idée de proposer à la mairie de Paris l’implantation d’un parc d’attraction consacré à l’univers de l’aventure et du dessin animé. Baptisé « Planète Magique », le projet ne sera exploité que quelques mois, le temps pour la Gaîté-Lyrique de voir ses grandes loges et sa grande salle italienne réduites à néant.

Une première tentative de restauration est décidée. Pour retrouver l’esprit d’origine de la Gaîté, les architectes vont s’appuyer sur des archives photographiques datant de l’ouverture de la salle, en 1862. Malheureusement, cette reconstruction hâtive se heurtera à un besoin de fonctionnalité qui conduira à la pose d’un faux plafond disgracieux.

DES ESPACES RÉNOVÉS

© Electron libre production (capture écran)

En 2001, la mairie de Paris décide enfin de sauver la Gaîté-Lyrique. Sous l’égide de Régis Grima, une nouvelle campagne de restauration prend forme : reconstitution du sol d’origine, des moulures, des balustrades, des plafonds… Tout est mis en œuvre pour retrouver le faste et le volume d’antan. Face à ce projet ambitieux viennent se rajouter en contraste des éléments contemporains, notamment du mobilier et des lustres dessinés par Manuelle Gautrand. Trouver une cohérence et offrir un second souffle à une scène de prestige en souffrance, tel était le défi confié par la mairie de Paris à cette architecte.


LE CENTRE DE RESSOURCES ET DE DOCUMENTATION

C’est dans cet espace que se situe la documentation et les services liés à la culture numérique. Ce lieu, riche en ressources, propose aux visiteurs une grande salle de spectacle ainsi qu’une petite salle et un auditorium. Ce sont des espaces qui offrent la particularité d’être très flexible pour que les artistes, qui se produisent ou qui exposent, puissent exprimer pleinement leur art.

Le centre de ressources est capable de répondre à tous les types d’interventions artistiques et de rencontres avec le public. Véritable boîte à outils, il exploite parfaitement tous les courants artistiques contemporains. Chaque artiste est en mesure de s’exprimer, de s’épanouir, pour offrir au public des sujets et des thèmes souvent extraordinaires et uniques.

Pour répondre au besoin de tous, tout doit y être mobile, modulable, jusqu’au mobilier qui se déplace sur roulettes, comme ces petites loges dénommées des « éclaireuses » et qui se déclinent de différentes façons : pour le rangement, comme support informatique, pour un travail studieux ou encore comme bar. Le mobilier roulant peut aussi transformer une salle en une autre pour, par exemple, répondre aux besoins d’un spectacle.

LES "ÉCLAIREUSES" MOBILES

© Electron libre production (capture écran)

LA SALLE DE SPECTACLE VISUELLE ET SONORE

Emblématique à ce nouveau rapport avec l’espace, la salle de spectacle elle-même est la grande fierté de Manuelle Gautrand : « Cette salle est celle que je préfère, parce qu’elle est totalement flexible. Le but était d’éviter que l’architecture de la salle soit fixe, avec une scène toujours au même endroit, et un parterre et un gradinage en face. Quand, par exemple, il y a un concert où les personnes sont debout, les gradins sont rétractés. Idem pour la scène qui peut se trouver au milieu pour les besoins d’un DJ ou sur n’importe lequel des quatre bords… C’est une salle qui est destinée aussi bien au sonore qu’au visuel. C’est-à-dire qu’on peut avoir des concerts, mais aussi des installations numériques en même temps. Les quatre faces de la salle peuvent être recouvertes d’écran qui descendent pour la rendre toute blanche lors de projections visuelles. » (1)

Salle de spectacle ultra moderne, centre multimédia, espace jeux vidéo ou encore galerie d’exposition, la technologie est omniprésente à la Gaîté-Lyrique. Elle offre aux artistes d’aujourd’hui, un terrain de jeu sans égal. Comme le démontre la vidéo ci-dessous, la nouvelle Gaîté a résolu le problème du rapport de l’art et du numérique. Les artistes britanniques UVA (United Visual Artists) ont créé une œuvre numérique conceptuelle en 3D dans laquelle le public circule librement.


Le grand bouleversement des technologies du 21e siècle trouve dans ce vaste espace une réponse aux façons actuelles de créer, de produire les œuvres, mais aussi dans la façon de les faire circuler, de les consommer et de les appréhender. La Gaîté-Lyrique offre une variété de moyen qui démultiplie les champs d’exploration des artistes. Jérôme Delormas : « L’équipement numérique permet une grande diversité de formes. Ça va de la forme assez classique comme le théâtre ou la danse, mais le plus du numérique, surtout par rapport à la musique, c’est que nos salles de concert sont immersibles. On peut avoir un 360 degrés d’image tout autour des spectateurs et ainsi proposer et produire des œuvres audio-visuelles uniques. » (1)

Rendre compte au plus près de toute la richesse des cultures numériques, ce besoin absolu de les relier, de les connecter, est un véritable enjeu. Une réconciliation avec l’art et son actualité que la Gaîté-Lyrique semble vivre aujourd’hui à travers le jeune public qui lui rend visite. Inventée avec passion, elle s’impose au cœur de la vie culturelle parisienne comme un inépuisable terrain d’expérimentation et de découverte.

1 : source Électron Libre Productions

Par PATRICK MARTIAL (Cadence Info - 10/2015)

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