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SON & TECHNIQUE

LES GRANDES ÉTAPES DE L’ENREGISTREMENT SONORE

C’est à la fin du 19e siècle que naissent les premiers enregistrements. En moins d’un siècle, le son va subir de constantes évolutions technologiques passant de la pression sur cylindre au faisceau laser. Cette si rapide et prodigieuse évolution technique permettra une diffusion universelle de la musique tout en donnant un accès à un patrimoine d’une richesse exceptionnelle.


LE RÈGNE DU PHONOGRAPHE À CYLINDRE

Le mérite de l’invention du principe de l’enregistrement revient au Français Charles Cros, le 30 avril 1877, précédant de peu l’Américain Thomas Edison, qui dépose son brevet le 19 décembre 1877. Les premiers enregistrements sont réalisés sur des cylindres métalliques. C’est ce qu’on appelle l’enregistrement analogique.

Son principe est simple : la source sonore met en vibration une membrane ; la vibration est transmise à un stylet qui grave un sillon ondulé. C’est la phase d’enregistrement. Ensuite, une pointe (aiguille ou saphir) suit le sillon, capte à son tour la vibration et la transmet à une membrane qui restitue le son. C’est la phase de reproduction.

Pour la première fois dans l’histoire de la musique, l’interprète peut s’entendre jouer. C’est une véritable révolution qui va bousculer en profondeur les attitudes, les idées et les objectifs des musiciens et des compositeurs. Ils vont développer un sens beaucoup plus critique, de remarquer les imperfections de leur jeu pour ensuite les éliminer ou au contraire les développer avantageusement. Pour le public – un petit nombre – l’enregistrement permet d’écouter de grands interprètes au cœur des foyers. Cela aura une conséquence indirecte sur les futurs spectacles de music-hall d’avant-guerre.

En savoir + : LE PHONOGRAPHE (sur Music Mot)


LA RADIO ET LE GRAMOPHONE

Une véritable révolution se produit dans les années 1920 avec la découverte de la radio. Un premier outil de diffusion à grande échelle vient de naître. Les premiers temps, la radio est un formidable moyen pour écouter de la musique chez soi (le premier concert radiodiffusé aura lieu le 22 juin 1921). Ensuite viendront les pièces de théâtre. Les messages à caractère politique ne viendront que beaucoup plus tard.

Les radios créent leurs chœurs et leurs orchestres, comme l’Orchestre de la BBC, un des tout premier à émettre sur les ondes. Parallèlement à cette révolution qui touche toutes les couches sociales, un ingénieur allemand du nom d’Émile Berliner met au point un appareil fort simple, capable de faire jouer des disques d’un diamètre de 30 cm. Il lui donne le nom de gramophone. L’appareil est semi-automatique et doit être actionné à la main. Puis, grâce à son moteur à ressort, le disque posé sur un plateau relié au moteur se met en rotation à la vitesse précise de 78,26 tours/minute. Les premiers disques permettent d’écouter entre 4 et 8 minutes par face.

En savoir + : LE GRAMOPHONE (sur Music Mot)


L’ENREGISTREMENT ÉLECTRIQUE ET LE MICROSILLLON

L’année 1925 est marquée par l’enregistrement électrique, avec microphone et amplificateur. Cette amélioration technique permettra avec le temps le réenregistrement de tout le répertoire classique. C’est l’électricité qui va permettre toutes les audaces et toutes les révolutions futures les plus folles. On peut désormais retoucher les prises de son dans le détail, reprendre une mesure comme une note.

Les premiers microsillons apparaissent en 1948. Contrairement au 78 tours, le microsillon est un disque léger qui conserve une certaine solidité. Le temps de gravure par face est augmenté et passe à environ 25 minutes d’enregistrement par face pour un classique 33 tours. La qualité sonore s’améliore grâce surtout à des microphones devenus beaucoup plus sensibles. Le disque devient un objet de consommation courante.

Toutefois, un progrès de taille reste à accomplir : la restitution de « l’espace sonore ». L’enregistrement est encore monophonique, et les ingénieurs rêvent d’une source sonore qui serait capable de se rapprocher de l’écoute naturelle de nos oreilles : un signal différent venant de la droite et de la gauche. Cette première grande révolution technologique concernant la restitution de l’espace sonore arrivera en 1958 avec l’apparition des premiers disques stéréophoniques.

Pour le pressage des disques, on utilise l’acétochlorure de polyvinyle (d’où par la suite le nom de vinyle donné au disque). Cette matière a pour particularité l’absence de grain, ce qui diminue de 5 à 6 fois le bruit de fond de la gomme des anciens 78 tours. Elle est de surcroît incassable (mais pas inusable).

Dans les années 1980, les recherches amènent les ingénieurs à perfectionner les enregistrements en associant la technologie numérique à un nouveau support : le disque compact.

En savoir + : LE MICROSILLON (sur Music Mot)


LA LECTURE DE DISQUE COMPACT

Le disque compact est un mode de reproduction sonore entièrement nouveau. Il repose sur la révolution numérique et est directement lié aux progrès de l’informatique. Le procédé de la lecture numérique (en anglais digital de digit, chiffre) repose sur un lecteur laser, qui n’est d’autre qu’une sorte d’ordinateur spécialisé dans le traitement du son.

Le système consiste à coder le message sonore en milliards de nombres et non plus à conserver la copie analogique d’une vibration, comme c’était le cas depuis l’invention de l’enregistrement sonore.

La gravure d’un microsillon reproduit matériellement l’image sonore : on peut voir cette vibration à la loupe. Plus rien de tel dans le disque compact, qui ne comporte plus que des milliards d’alvéole microscopique, longues ou courtes, suivant qu’elles reproduisent les deux sortes de signes que reconnaît l’ordinateur : les numéros zéro et un. Grâce à ce codage binaire, point essentiel du numérique, le lecteur optique est capable de reconstituer les nombres les plus complexes à raison de quatre millions d’opérations à chaque seconde (à la base). Le lecteur de disques compact décode le message et le transforme en un courant électrique transmis aux haut-parleurs, par l’intermédiaire d’un amplificateur stéréo traditionnel.


LE SYSTÈME LASER, UNE RÉVOLUTION !

Dans le lecteur se trouve un dispositif qui envoie un rayon lumineux sur les alvéoles microscopiques qui défilent à une très grande vitesse ; il se réfléchit sur elles et est renvoyé par un prisme à l’ordinateur lui-même, qui en assure le décodage. Ce faisceau laser balaie la surface du disque de l’intérieur vers l’extérieur (contrairement au microsillon), à une vitesse qui passe progressivement de 500 à 200 tours/minute. Sachant qu’une alvéole est large d’un demi-millième de millimètre seulement, on mesure la prouesse technique des ingénieurs qui ont mis au point ce procédé.

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Le disque compact est un support qui a été conçu surtout pour la musique. Le système codage/encodage élimine bruit de fond et de surface, décharges électro-magnétiques, souffle de bande. Il n’y a pas d’usure et le support est « pratiquement » inaltérable. Pas de contact matériel, pas de rayure de saphir possible, sans compter la durée d’audition qui peut dépasser une heure sans interruption.

Les éditeurs de disques compacts s’étant lancés avec confiance dans ce nouveau produit, les microsillons ont cédé leur place, si l'on excepte leur retour survenu ces dernières années.

Quand l’auditeur choisit un CD audio, il découvre au dos du boîtier et inscrit en lettres capitales soit DDD, signifiant que la prise de son a été réalisée directement en tout numérique, soit ADD ou AAD, signifiant que ces enregistrements sont déjà parus en microsillons (ou on fait appel à un mixage analogique), en mono ou stéréo, transcrits numériquement pour le disque compact, avec une plus-value sonore très nette par rapport au disque « noir » (A = Analogique).


DU CD À INTERNET

Grâce à de nouveaux systèmes de compression de données (MP3, par exemple), il est désormais possible de transmettre rapidement via Internet les informations musicales. La musique quitte le support traditionnel qui est le disque et peut soit être stockée sur le disque dur de n’importe quel ordinateur, soit être gravée sur un CD personnel, voire virtuellement mis en mémoire vive (mémoire tampon), c’est-à-dire sans être stockée sur aucun support réel durant la lecture (procédé propre au streaming).

Par Patrick Martial (Cadence Info)
Source : La musique (repères pratiques)

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