L'info culturelle des musiques d'hier et d'aujourd'hui

MUSIQUE & SOCIÉTÉ


PRODUIRE DE LA MUSIQUE EN CROWDFUNDING

Depuis quelques années, l’auteur-compositeur ou le producteur de spectacle qui cherche des moyens pour réaliser professionnellement sa musique ou sa tournée peut faire appel à du financement participatif. Internet a inventé cela. Nous l’avions évoqué il y a quelques années en décrivant le fonctionnement de la plateforme Ulule. Depuis, le phénomène a pris de l’ampleur. Les mécènes d’hier ne ressemblent pas toujours à d’aujourd’hui. Pour quelques euros, ils peuvent voir leur mise s’envoler à condition de miser sur le bon « cheval »…


LE CROWDFUNDING OU COMMENT PRODUIRE DE LA MUSIQUE POUR QUELQUES EUROS

Aujourd’hui, environ une dizaine de plateformes à financement participatif existe dans le domaine de la musique. Tout est devenu crédible du jour où le chanteur Grégoire a été découvert grâce à ce principe de financement, en 2008. Cette année-là, il vendra près de 300 000 albums.

Grâce aux sites participatifs, le public s’est substitué à certaines professions dont le centre d'intérêt n’était plus le même depuis le déclin du disque. Le producteur de contenu, que celui-ci soit un chanteur ou un groupe, au lieu d’être jugé par des « experts », par de fines oreilles, est à la merci de n’importe qui. Lors d’une visite sur un site, l’internaute séduit attribue la somme de son choix (5 € étant généralement le minimum) sans que forcément son jugement artistique soit cohérent ou critique. L’artiste devient un investissement, un produit. Le choix d'un tel ou d'un tel ne démontre nullement une qualité artistique en puissance étant donné que ce critère-là n’est pas le plus important aux yeux de celui qui clique. Ce dernier, qui peut être n'importe qui, estimera son don toujours en fonction d’un « feeling artistique » qui lui sera tout personnel.

Si un auteur-compositeur ou un interprète récolte suffisamment d'argent (la somme oscille entre 10 000 et 50 000 € en fonction des plateformes, avec souvent dans l'enjeu une date buttoir), cela lui permettra d'être produit dans de bonnes conditions via des moyens professionnels. Le "crowdfunding" (autre nom donné au financement participatif) évite à l’artiste – en mal d’argent – de se lancer dans des emprunts ; cette sage précaution est d'autant plus importante quand l'évaluation du budget est soumise à des fluctuations de dernière minute.


L'INTÉRÊT DU "CROWDFUNDING"

Si, pour l’artiste, créer une "fanbase" est essentiel pour développer une jeune carrière, pour l’internaute, il en va autrement. Outre, celui de récupérer sa mise, c’est le retour sur investissement qui commande. La plus-value doit être conséquente. Dans ce cas, il faut reconnaître que le chanteur Grégoire - soutenu par le site "mymajorcompany.com" - et ses 400 % de bénéfice était un bon filon. Schématiquement, pour un don de 10 €, l’internaute aura ainsi perçu 40 € une fois l’album produit. Les comptes sont vites fait, mais attention, il ne faut pas généraliser ! La production musicale sur Internet n’est pas exempte de fiasco car, dans cet espace, le jugement sur la qualité d’un artiste est toujours le fruit d’un grand nombre d’amateurs, dont les goûts et les jugements artistiques peuvent parfois s’opposer.

Cependant, ce système de financement offre d’autres intérêts dont la primeur est d’encourager le public à devenir actif, à faire un choix, à se responsabiliser en suivant pas à pas le devenir de l’artiste. Le contributeur pénètre dans une aventure collective, et si les premiers à se manifester sont souvent les amis, puis les amis des amis, ce sont souvent les inconnus qui, finalement, permettent l'aboutissement du projet.

Rien jusqu’à présent ne semble vouloir freiner cette exponentielle voix financière. C’est certainement le cœur du développement des carrières artistiques de demain. Après l’essor du home-studio qui permet au musicien d’accroître sa créativité, mais aussi son indépendance, l’Internet et ses canaux de communication numérisés, il ne restait plus qu’à trouver une sorte de financement ouvert. C’est chose faite. Il va sans dire que si l’artiste dispose de ce nouveau moyen de financement, sur le fond, les objectifs sont restés les mêmes : celui de signer pour une maison de disque. D’ailleurs, les labels ont déjà compris la portée du "crowfunding" en produisant sur ce schéma-là leurs propres poulains… La bataille ne fait que commencer !

LES TROIS PLATEFORMES REPRÉSENTATIVES

- KISSKISSBANKBANK
- MY MAJOR COMPANY
- ULULE

Par Elian Jougla (Cadence Info - 05/2015)

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