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JAMES BROWN : GET ON UP, LE FILM BIOPIC DE M. DYNAMITE

Tous les biopics ne se ressemblent pas. Celui consacré à James Brown, Gey On Up, retrace assez fidèlement les étapes importantes de sa vie. Icône et porte-parole de toute une génération de Noirs aux États-Unis dans les années 60/70, l'interprète de Papa's Got A Brand New Bag se devait un jour où l’autre d’être transposé à l’écran.


UN BIOPIC RICHE EN REBONDISSEMENTS

Faisant écho à sa rage de vivre et de survivre dans une Amérique en proie aux tourments et où le racisme le plus banal semblait déjà écrit dans le parfait manuel de bonne conduite du citoyen Blanc, chaque jeune Noir ou presque avait le choix entre s’incliner ou se battre ; et s’il se battait pour faire valoir leurs droits, face aux sermons pacificateurs d’un Martin Luther King qu’ils jugeaient inefficaces, ils n’avaient d’autre choix que de rentrer en rébellion contre la communauté Blanche et leurs représentants directs : les forces de police.

© Universal pictures - L'affiche du film

Dans les années où les émeutes enflammèrent les ghettos, James Brown était là. Il avait parfaitement compris que cette jeunesse Noire émaillée d’abandon avait besoin d’un idéal, et que s’il pouvait y contribuer en s’exprimant par la musique, par des chansons écrite rien que pour eux, il deviendrait alors utile. Sur scène, le "Soul Brother" souleva quelques idées magistrales à travers des titres uppercuts qu'il accompagnait d'un jeu de jambe irrésistible baptisé "mashed potatoes". Non, ce n'est pas un hasard si James Brown est devenu l’un des artistes Noirs influents de la musique soul et funk !

Depuis sa jeunesse où il a tenté d’esquiver les coups au sens propre comme au figuré, du jeune boxeur amateur au chanteur de rue jusqu’aux tubes où s’enracinent des rythmiques agressives et sauvages, la carrière de James Brown est suffisamment riche en rebondissements pour réaliser un biopic des plus captivants.


CHADWICK BOSEMAN EST JAMES BROWN

Le cinéma d’aujourd’hui aime bien retracer les grandes figures musicales du 20e siècle, surtout celles qui ont eu, en leur temps, des parcours érigés en faits divers et épisodes dramatiques. James Brown est une légende aux États-Unis, et comme toute légende, celle-ci traîne aussi sa part d’ombre : violence, drogue, sexe, prison... Si le film de Tate Taylor n’esquive en rien les épisodes obscurs de sa carrière et de sa vie privée, l’œil de sa caméra ne tombe pas dans le piège de la complaisance. Le réalisateur ne s'y attarde pas ; le plus important n'étant peut-être pas là.

En 2004, après que Jamie Foxx nous ait éclairés sur la vie de Ray Charles dans un étonnant biopic qui lui valut bien des récompenses, dix ans plus tard, c’est Chadwick Boseman, un acteur de 37 ans connu pour avoir tourné dans quelques séries télévisées, qui a été en charge d’incarner le célèbre James Brown.

Même si la plupart des critiques sont plutôt positives en soulignant l’excellente prestation de Boseman, la qualité de la BO et la volonté de montrer un James Brown plus vrai que nature, il est encore trop tôt pour savoir si Get On Up sera en mesure d’apporter à son interprète principal les mêmes retombées médiatiques que le film Ray. Après tout, Get On Up est, certainement, le film qu’attendait toute une génération de jeunes et de nostalgiques. Des années 60 aux années 80, il ne se passait pas un soir sans qu'un tube de James Brown passe dans les haut-parleurs des discothèques. Pour mémoire, n’oublions pas qu'il a été le premier chanteur à être samplé dans des boîtes à rythmes il y a plus de 30 ans, et qu’il continue encore aujourd’hui de l’être par de nombreux rappeurs et bien d’autres artistes reconnus.


TATE TAYLOR RÉALISE UN BIOPIC FIDÈLE

Après avoir rencontré un grand succès avec le film La couleur des sentiments en 2011 - une peinture sociale remettant en cause les conventions les plus sensibles d’une Amérique encore puritaine – le réalisateur Tate Taylor dévoile dans Get On Up le portrait d’un chanteur noir finalement méconnu du grand public.

Taylor aime beaucoup les chansons de James Brown et la légende qu'il a construite autour de sa personne. Avec respect, il a tenté de retracer son existence : « Avec Chad, nous sommes partis sur les traces de James Brown. Nous avons parlé à sa famille, à d'anciens musiciens… Quand on cite James Brown, les gens pensent à la drogue, au sexe, aux excès. Ils ont oublié l'artiste qui donnait furieusement envie de danser », souligne Tate Taylor.

Sorti début août 2014 aux États-Unis, le film a été projeté en avant-première sur le sol français le mois suivant au festival de Deauville. Get On Up est produit par le dieu du rock, Mick Jagger. C’est loin d’être un hasard, car, tout comme son idole, il existe chez le chanteur des Rolling Stones une filiation musicale issue du rhythm and blues. Mick Jagger a toujours incarné un rock blanc qui n’a jamais totalement rompu avec l’héritage de la soul. Il partage avec James Brown un même tempérament de feu et une même longue carrière. Mick Jagger : « J'ai toujours admiré James Brown. J'avais 20 ans quand je l'ai vu pour la première fois à l'Apollo Theater de Harlem… À l'époque, il faisait cinq shows par jour. J'étais impressionné, surtout par sa façon de contrôler le public. »

© Universal pictures - Chadwick Boseman incarnant James Brown

Difficile exercice qu’un biopic. Difficile d’échapper à une linéarité dans le discours, et pourtant, le film Get On Up ne déroule pas l’histoire du géant de la soul en prenant appui dans une hagiographie platonique. À travers chaque pan de sa vie, entre narration et musique, le film arrive à construire la légende, mais aussi le destin qui l'a lié à l’histoire américaine. Certes, tout n’est pas dit, tout n’est pas évoqué ; le film élude et trébuche que pour mieux rebondir dans un kaléidoscope de sons et d’images. Toutefois, les faits marquants sont bien là : sa jeunesse difficile face à un père violent, le séjour dans le bordel que tenait sa tante, son passage en prison, puis l’ascension vers le succès ; celui d’un homme d’affaire intraitable, irritable, souverain avec ses musiciens et mari aussi magnanime que violent. « Je suis le show et le business », aimait-il à répéter. Get On Up y adhère parfaitement.


UNE BO DANS LES RÈGLES DE L’ART

Un tel biopic permet aussi de se remémorer ou de découvrir les différentes périodes artistiques de J.B. et de ses tubes éternels. Chadwick Boseman restitue avec fidélité ces chansons qui papillonnent à travers les époques : les inévitables Get Up (I Feel Like Being A) Sex Machine, I Got You (I Feel Good), Papa's Got A Brand New Bag, mais également Mother Popcorn, Try Me, Please Please Please, et son slow ponctué de cordes staccato It's A Man's Man's Man's World. En tout, une vingtaine de titres que les inconditionnels s’arracheront très certainement. À noter que la BO est surtout composé d’enregistrement live. Un calcul stratégique, mais terriblement efficace qu’illustre parfaitement la version de Sex Machine enregistrée à l’Olympia en 1971.


LA BANDE-ANNONCE DU FILM GET ON UP

La BO a été supervisé par Thomas Newman, un compositeur qui a grandi en étant entouré d’une famille de musiciens, à commencer par son père Alfred Newman, digne représentant de l’école hollywoodienne, son cousin, le chanteur Randy Newman, qui n’est pas la peine de présenter, et un frère David qui, comme lui, écrit de la musique de films.

Par Elian Jougla (Cadence Info - 10/2014)


GET ON UP

Date de sortie : 24 septembre 2014 (2h19min)
Réalisé par Tate Taylor.
Avec Chadwick Boseman, Nelsan Ellis, Viola Davis.
Genre : Biopic Musical

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