Il existe peu de chansons dans l’histoire du rock qui aient déclenché autant de discussions et de controverses que Stairway to Heaven de Led Zeppelin. Cela tient d’une part à l’ambiguïté du texte, qui permet de nombreuses interprétations, et d’autre part à l’effet très particulier que ce morceau produit. Les connaisseurs s’accordent toutefois à reconnaître qu’il s’agit d’un morceau clé dans l’histoire de la musique rock, ce dont témoigne le grand nombre de versions et d’adaptations dont il ne cesse d’être l’objet, dont une version sous forme de rap en 1996…
Jusqu’en 1970, le morceau Dazed and Confused de l’album Led Zeppelin I était au centre des apparitions publiques de Led Zeppelin. Prenant de plus en plus d’ampleur, ce morceau pouvait durer près de 20 minutes. On ne sait, si à la longue, ce morceau a fini par écœurer les membres du groupe, mais toujours est-il qu’ils se mettent à travailler à une nouvelle œuvre susceptible de la remplacer.
À l’époque, lors d’une interview, Jimmy Page déclara à ce propos : « Nous voulons essayer quelque chose de nouveau avec l’orgue et la guitare acoustique, quelque chose qui évolue lentement et progressivement jusqu’au début du passage électrique amplifié. Peut-être que ça fera un morceau de 15 minutes. ».
Si l’on ignore jusqu’à quel point le Boléro de Ravel a influencé Stairway to Heaven, il n’en reste pas moins que, comme le montre la reproduction graphique de l’évolution du volume sonore, celui-ci ne cesse d’augmenter pendant les quelque huit minutes que dure le morceau. Cela n’empêchera pas Stairway to Heaven de devenir durant les années 70 un des titres les plus fréquemment joué à la radio et, comme de plus celui-ci n’est jamais sorti en 45 tours, c’est l’album qui se vendra à sa place (Led Zeppelin IV - 1971).
L’enregistrement de Stairway to Heaven a finalement eu lieu dans le studio mobile des Rolling Stones. Presque tout a été improvisé sur le moment, en particulier le texte, écrit par Robert Plant au cours des séances d’enregistrement. Par la suite, il reconnut cependant avoir puisé son inspiration de l’ouvrage Magic Arts in Celtic Britain de Lewis Spence. Souvent interrogé à ce propos, Plant ne fit par ailleurs que répéter que le texte ne signifiait rien de particulier et qu’il ne s’agissait en fait que de quelques phrases jetées à la hâte sur le papier… « Je ne m'explique vraiment pas le succès de Stairway to Heaven. Vraiment aucune idée ! Mais peut-être est-ce à cause de l’abstraction du texte. », raconte Plant.
Dans le texte, la notion d’échelle de Jacob vient de l’Ancien Testament, où Jacob fait un rêve : « Et Jacob sortait de Béer-Shéba et faisait route vers Harân. Par la suite, il arriva d’aventure en un lieu et se mit en devoir d’y passer la nuit, car le soleil s’était couché. Il prit donc une des pierres du lieu, la mit comme support pour sa tête et se coucha en ce lieu. Alors, il rêva, et il vit une échelle placée sur la terre dont le sommet atteignait les cieux ; et il vit les anges de Dieu qui montaient et descendaient sur elle. Il vit Jéhovah placé au-dessus d’elle. Il dit alors : Je suis Jéhovah le Dieu d’Abraham ton Père et le Dieu d’Isaac. La terre sur laquelle tu es couché, c’est à toi que je la donnerai, ainsi qu’à ta semence. » (Genèse 28 :10-13)
LED ZEPPELIN : STAIRWAY TO HEAVEN
Peu après la sortie de cette chanson, on a prétendu que si Plant lui-même ignorait le sens du texte, ce serait parce que le diable en personne aurait guidé sa main lors de sa rédaction et qu’en écoutant le morceau à l’envers, le message diabolique serait parfaitement audible. En général, c’est l’extrait suivant qui sert de preuve : « Yes, there are two paths you can go by, but in the long run… ».
Cet extrait sera commenté et argumenté sans toutefois apporter une preuve indiscutable. Selon les fondamentalistes religieux, en particulier ceux des États-Unis qui considèrent que, de toute façon, la musique rock est diabolique, la solution est parfaitement claire. Le message dissimulé serait : « I want a little child for you to make me sad… »
La forme de Stairway to Heaven est assez complexe. Son originalité réside dans une même mélodie qui est chantée sous trois formes harmoniques différentes. Si cette démarche musicale est assez rare dans l’histoire de la musique rock, l’orchestration demeure très classique. La base du morceau est formée par la guitare acoustique, dont l’enregistrement a précédé celui du morceau proprement dit. Quant aux enchaînements des accords, ils n’ont rien de surprenant, rappelant fortement All Along the Watchtower de Dylan et Hendrix.
Le deuxième élément sonore que l’on remarque est le mouvement des flûtes à bec. On entend distinctement que l’instrument n’est pas vraiment joué par un spécialiste, mais bien par John Bonham, le batteur du groupe. La progression est ensuite obtenue par l’attaque de la batterie et de la guitare électrique, ainsi que par les variations du chant.
La force de Led Zeppelin est d’avoir été régi comme une véritable entreprise. Au fil des années, le groupe marquera profondément l’image médiatique de la vie des musiciens de rock, constituant un véritable modèle pour tout jeune musicien de rock ambitieux : leur technique de plateau et leur marketing sont empreints d’un gigantisme obsessionnel.
C’est Led Zeppelin qui, le premier, commercialisera son logo, vendant d’innombrables produits dérivés. Les cachets s’élèveront à un niveau jamais atteint pour l’époque (+ de 300.000 dollars pour leur concert public à Tampa, États-Unis, en 1973) Cela ne les empêchera pas, mine de rien, de soigner leur image de mauvais garçons en étant capables de dévaster une chambre d’hôtel !
Alors que l'album Led Zeppelin II fera un tabac grâce au titre Whole Lotta Love, et que l’album Led Zeppelin IV, sur lequel se trouve le titre Stairway to Heaven, trouvera acquéreur auprès de 500.000 admirateurs en Allemagne, le succès du groupe va progressivement décliner au milieu des années 70. Led Zeppelin tente alors de dissimuler son manque de créativité en se plagiant lui-même. La mort de John Bonham, décédé en 1980 des suites de ses abus d’alcool, marquera la fin glorieuse du groupe. Avec la sortie du CD Led Zeppelin Remasters, les années 80 placeront le groupe sous le signe du recyclage. Composé de chansons inédites et de versions live, Coda (1982) sera le dernier album posthume de 'Led Zep'.
Par D. Lugert (Cadence Info - 12/2013)
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