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LINDA RONSTADT, BIOGRAPHIE/PORTRAIT DE LA CHANTEUSE DE COUNTRY ROCK

Dans les États-Unis des seventies, la chanteuse américaine Linda Ronstadt est considérée comme l’une des meilleures vocalistes pop. Malgré un départ de carrière difficile, l’artiste n’a jamais douté de ses capacités vocales. Encore aujourd’hui, pour le public américain, elle demeure la première "rock-star" féminine...


THE STONE PONEYS

Linda Ronstadt est née le 15 juillet 1946 à Tucson, en Arizona. Élevée dans cette ville perdue du désert de Sonora, elle s’éveille à la musique grâce à son père guitariste avant de trouver une ressource culturelle inestimable en écoutant les titres en vogue diffusés par les stations de radio américaines et mexicaines.

© Carl Linder flickr.com - Linda Ronstadt en live au WPLR Show de New Haven, Connecticut (16/08/1978)

Au cœur des années 60, la musique pop engrange ses tubes et Linda décide de tenter sa chance en quittant le ranch familial pour se rendre à Los Angeles avec son ami guitariste Bobby Kimmel, un auteur de chansons folk. En 1964, elle s'installe dans le quartier hippie de Laurel Canyon. Le lieu est propice au mariage des couleurs comme des rencontres. Sa découverte du pianiste-organiste Kenny Edwards fait bien les choses en devenant l’un des membres fondateurs de sa première expérience professionnelle, le groupe The Stone Poneys.

Ensemble, ils poursuivent un même but : trouver la voie royale du succès. C’est ainsi qu’ils parcourent les maisons de disques durant la journée, pour le soir venu, jouer de la musique country-folk en se produisant dans des clubs.

Le succès reste confidentiel jusqu'en 1966 où le trio parvient à signer chez Capitol. Un titre retient l’attention en août 1967 : Evergreen. La chanson est souvent programmée et reste durant plusieurs semaines dans les “charts” (le disque sera rebaptisé Different Drum, suite au titre le plus prisé par les DJs). Malgré ce succès relatif, le trio décide de se séparer. Linda en retire alors une leçon : devoir prendre les choses en main toute seule !


LA VOIX DE LINDA, UN BEL ÉCRIN DANS UN MONDE D’HOMMES

Son choix se porte sur des chansons orientées “rock”. Contrairement à Joan Baez, qui habille de sa voix claire les textes engagés de quelques chansons folk, Linda mise sur ses possibilités vocales étendues, capable de réaliser d'audaces acrobaties, jusqu’à modifier son timbre de voix et son expression sur des mots choisis.

Cette dextérité vocale, qui prendre part à sa consécration, se distingue aussi dans les différentes tentatives musicales qu’elle sèmera tout au long de sa carrière, passant avec une facilité déconcertante de la country au rhythm and blues jusqu’à la comédie musicale et le répertoire cajun. Pour l'instant, elle multiplie ses participations avec tout ce que la “faune artistique” de l'époque comprend : Andrew Gold, Emmylou Harris, Aaron Neville, Paul Simon, James Taylor, Neil Young…


IT'S SO EASY (album "Simple Dreams" - 1977)

Malgré toutes ces collaborations éphémères, le succès se fait attendre et Linda cherche le réconfort dans les bras de producteurs et de musiciens. C'est ainsi qu'au lieu de faire “La Une” des magazines musicaux, ce sont ses nombreuses aventures qui retiennent l'attention. La presse à scandale s'en mêle et dénonce sa romance avec le secrétaire d’État de Californie, Jerry Brown.

Peu de temps après la sortie du premier album de sa carrière solo, Hand Some, Home Grown en 1969, la chance lui sourit quand elle se produit dans la fameuse boîte de nuit de West Hollywood, le ‘Troubadour’, où elle est acclamée. Ce premier témoignage consacre ses qualités de vocaliste et la réconforte. En 1970, elle enregistre l'album Silk Purse avec le groupe de Nashville ‘Area Code 615' et contenant la chanson Long Long Time.

À Nashville, dans la ville berceau de la country où auteurs et compositeurs se donnent rendez-vous pour apprendre et partager une même passion, la voix et le charme de Linda ne passent pas inaperçus. Tous ceux qui l’écoute la considèrent comme la chanteuse de country rock par excellence. Cette réputation, qui n’est pas usurpée, lui offre l’opportunité d’une tournée US avec les futurs membres des Eagles, le guitariste Glenn Frey et le batteur Dan Henley, que la chanteuse avait repéré lors d’un set.

© Capital Records wikimedia - La pochette de l'album "Heart Like a Wheel"

Une chance s’offre de nouveau à elle quand elle rencontre Peter Asher, le producteur de Cher et de James Taylor. Linda et Peter décident de faire “table rase” du passé, de tout revoir, des musiciens jusqu’au choix des chansons. La grande valeur artistique de Linda Ronstadt tient dans sa façon de s’adapter à un répertoire éclectique, choisi avec goût, comme en témoignent ses sources rock et folk issues des années 50 et 60 : Buddy Holly (It’s So Easy), Roy Orbison (Blue Bayou), Hank Williams (I Can't Help It), The Everly Brothers (Devoted to You), The Flying Burrito Brothers, etc. Et même les Rolling Stones (Tumbling Dice).


L’ALBUM ‘HEART LIKE A WHEEL'

Tout s'harmonise autour de la chanteuse. La voix de Linda se met en place. Puissante pour exprimer le rock dans ce qu’il a de libératoire, l’énergie de son chant parvient toujours à se fondre divinement dans les ballades country. Un enregistrement voit le jour en 1974, considéré comme le chef-d'œuvre de sa carrière : l’album Heart Like a Wheel, en compagnie de Tim Schmit du groupe Poco et de Maria Muldaur, entre autres.

Dans ce disque – qui restera quatre semaines numéro 1 du palmarès ‘Billboard Country Album' en 1975 –, un soin est tout particulièrement apporté au travail de production et aux arrangements. Heart Like a Wheel propose une modernité assumée et un changement de cap pour un challenge musical audacieux avec des chansons qui, après plus de quarante ans, produisent toujours une sorte d'allégorie dans le paysage de la musique country rock, alternant aux guitares électriques (You’re No Good, When Will I Be Loved), l'usage d'instruments acoustiques (Faithless Love avec banjo et piano), voire un ensemble à cordes (You Can Closes Your Eyes).


YOU'RE NO GOOD (album "Heart LIke a Wheel" - 1974)

UNE FÉMINITÉE ASSUMÉE

Alors que le succès de la chanteuse culmine aux USA et occupe une place convoitée dans le milieu musical des années 70, le public français est loin d’imaginer ce qu’elle représente dans le courant de la musique country rock ; une musique, faut-il le rappeler, dérivée du folk et à laquelle se sont joints des instruments électriques (du jour où, comme le raconte quelques historiens adeptent des raccourcis, Bob Dylan a commis le sacrilège d'électrifier sa musique).

À cette grande époque de transmission musicale, même si sa rivale Dolly Parton est déjà installée tout comme Emmylou Harris, Linda représente peut-être encore plus qu’elles, le combat d'une femme dans un monde dominé par les hommes. En devenant la première “rock-star féminine” de la décennie, Linda démontre qu’il faut à présent compter aussi sur la gent féminine.

Sa carrière, loin de se terminer, va se poursuivre en signant une trentaine d’albums, avec de multiples récompenses glanées aux Grammy Awards (à onze reprises), et en apparaissant six fois à “La Une” du prestigieux magazine Time.


L’APRÈS COUNTRY ROCK

Si Blue Bayou, You're No Good, When Will I Be Loved, Heat Wave, That'll Be the Day et It's So Easy représentent ses principaux succès, de même que les albums Simple Dreams (1977) et Living in the USA (1978), le choix musical de la chanteuse devient nettement plus éclectique au tournant des années 80.

Il y a tout d’abord l’inattendu album Mad Love (1980) composé de chansons écrites par Elvis Costello dans un registre vraiment rock (Hurt So Bad, I Can't Let Go). Un tel challenge peut surprendre, mais la chanteuse sera coutumière du fait en naviguant là où on ne l’attend pas. Elle tentera même l'aventure de la comédie musicale puis, dans un registre voisin du music hall, dans l'opérette, en se produisant sur Broadway (The Pirates of Penzance).


HURT SO BAD (album "Mad Love" - 1980)

Néanmoins, si ces expériences finissent toujours par enrichir l'artiste, Linda n’oublie jamais le grand patrimoine musical de son pays en interprétant les célèbres auteurs de songs que sont Irving Berling et les frères Gershwin. De cet héritage naît en 1983 l’album What’s New ? sur des arrangements jazzy/symphoniques signés par le grand spécialiste Nelson Riddle ; un album qui lui permet de renouer avec le succès et dont elle reconduira l’idée avec deux autres : Lush Life (1984) et For Sentimental Reasons (1986).

Deux autres faits importants de sa carrière sont aussi à mentionner. D’abord en 1987, avec l’enregistrement du disque Trio en compagnie de ses deux rivales et amies, Dolly Parton et Emmylou Harris. Le succès de ces trois reines de la musique country rock sera immédiat et l’album obtiendra un Grammy Award. Puis en 1989, ce sera l'album Cry Like a Rainstorm, How l like the wind, dont l’orientation musicale renoue avec l'approche folk-rock de ses débuts.


'LINDA RONSTADT, THE SOUND OF MY VOICE'

© Greenwich Entertainment wikipedia - L'affiche promotionnelle du documentaire "Linda Ronstadt, the sound of my voice"

Le succès de la musique country rock des années 70 est déjà loin et si la chanteuse a démontré ses capacités à rebondir dans différents domaines, jusqu’à chanter pour les enfants (Dedicated to the One I Love en 1996) ou en s'aventurant dans des mélodies cajuns en 2002 et 2006 (Evangeline Madeet Adieu False Heart avec la chanteuse Ann Savoy), Linda Ronstadt décide en 2011 de mettre fin à sa carrière. La raison sera évoquée deux ans plus tard en révélant au public sa maladie de Parkinson (son inévitable et lente évolution dégénérative oblige désormais la chanteuse à se faire assister au quotidien).

Pour les inconditionnels de l'artiste, un excellent documentaire retrace sa prestigieuse carrière : Linda Ronstadt, the sound of my voice (2019). Réalisé par Rob Epstein et Jeffrey Friedman, le film couvre la vie et la carrière de Ronstadt de son enfance à nos jours. La chanteuse, qui n'apparaît autrement à la caméra que brièvement dans des images d’actualité, décrit comment elle a grandi à Tucson en chantant des "canciones mexicaines" avec sa famille ; ses jours folk-rock avec son premier groupe professionnel, les Stone Poneys ; son séjour à Santa Monica et ses débuts dans la célèbre boîte de nuit de West Hollywood, le Troubadour.

Au détour de ses commentaires, la chanteuse n’oublie pas son plaidoyer pour les femmes dans l'industrie musicale, ainsi que ses diverses romances sentimentales et sa révélation sur sa maladie de Parkinson. Le film est illustré de séquences de concerts et d'entretiens avec plusieurs de ses collaborateurs, amis et membres de sa famille.

Par Elian Jougla (Cadence Info – 07/2022)


CRAZY HE CALLS ME (album "What's New" -1983)
Interprétation classe pour cette ballade jazzy sirupeuse.


LES ALBUMS DE LINDA RONSTADT (hormis les compilations)

  • 1969 : Hand Sown ... Home Grow
  • 1970 : Silk Purse
  • 1972 : Linda Ronstadt
  • 1973 : Different Drum
  • 1973 : Don't Cry Now
  • 1974 : Heart Like a Wheel
  • 1975 : Prisoner In Disguise
  • 1976 : Hasten Down The Wind
  • 1977 : Simple Dreams
  • 1978 : Living In The U.S.A.
  • 1980 : Mad Love
  • 1982 : Get Closer
  • 1983 : What's New
  • 1984 : Lush Life
  • 1986 : For Sentimental Reasons
  • 1987 : Trio
  • 1987 : Canciones de Mi Padre
  • 1989 : Cry Like a Rainstorm, How l Like The Wind
  • 1990 : Mas Canciones
  • 1992 : Frenesi
  • 1993 : Winter Light
  • 1995 : Feels Like Home
  • 1996 : Dedicated to the One I Love
  • 1998 : We Ran

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