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CLASSIQUE / TRADITIONNEL


LA CINQUIÈME SYMPHONIE DE BEETHOVEN, TOUTE LA PUISSANCE DU LANGAGE ORCHESTRAL

La Cinquième symphonie de Beethoven est l'une des œuvres les plus connues de la musique classique. Elle est aussi l’une des plus interprétées et enregistrées. Baptisée la “Symphonie du Destin”, sa célèbre cellule rythmique construite sur quatre notes et la légitimité triomphante de son orchestration justifieront à elles seules la destinée de cette œuvre capitale.


UN CHANT D'OISEAU POUR THÈME PRINCIPAL

Répondant au doux nom de ‘Emberiza Citrinella’, mais plus connu sous le nom de Bruant jaune, l’animal est un charmant petit oiseau jaune et brun qui vit dans la campagne et parfois en forêt. L’histoire veut qu’un jour Beethoven se promenant dans un parc de Vienne remarque son chant caractéristique, ce qui lui donne l’idée du thème principal de sa cinquième symphonie, du moins c’est ce que rapporta son élève Czerny.

Malgré cette image au caractère bucolique, la postérité de son œuvre sera d’un tout autre caractère, dramatique à souhait. Pour son compositeur, c’est surtout une réponse au destin qui frappe à sa porte. Néanmoins, cette histoire de ‘bruant jaune’ semble trop inattendue pour être complètement fausse, car le chant de cet oiseau est fait de notes répétées conclues par une plus longue.

Raconter ce fait, c'est apporter un éclairage à la courte cellule caractéristique reconnaissable entre toutes et qui servira, entre autres, d'indicatif sonore pour la radio de la BBC (émission 'Les Français parlent aux Français') pendant la Seconde Guerre mondiale.


UNE CELLULE RYTHMIQUE ESSENTIELLE

Comme l'indique clairement son « pom pom pom pom », Beethoven utilise ni plus ni moins que quatre notes déclinantes sur un ton mineur. Or, ces quelques notes fournissent peu d’indices sur la suite à venir, au point que l’idée sera de les essayer sur un ton majeur, bien plus héroïque. Mais à l’écoute, le résultat sera trop décevant. D’ailleurs, de nos jours, il serait bien difficile de faire abstraction de cette introduction au ton mineur. Vous comme moi sommes si bien imprégnés par elle que nous ne pouvons la chanter sans faire référence à son auteur. En outre, quand nos oreilles s'attardent sur la suite de la symphonie, elles ne peuvent que ressentir le ton mineur déployé par Beethoven.

L’unité thématique est si renversante qu’elle voit ce premier motif pulluler dans le premier mouvement ‘Allegro con brio' à travers l’orchestre. Puissance, énergie, détermination, tout court à travers des phrases courtes et consistantes. Le mouvement est construit sur deux thèmes qui se font face à face et que tout oppose. Autant le premier est sec et agressif, autant le second est tendre et chantant.

Au cœur du premier mouvement, par-dessus la masse orchestrale, un hautbois désemparé chante de ses longues notes le cri d’appel d’un homme seul. Dans la cinquième de Beethoven, c’est pourtant l’ensemble des hommes qui se trouvent seuls face à leur destin. Magnifié par l’ensemble des cordes à la fin du même mouvement, c’est sans conteste le 'Destin' qui gagne par ses puissants appels insistants.

'ANDANTE CON MOTO', 'SCHERZO' ET 'FINALE'

Le second mouvement, ‘Andante con moto', est en revanche d'un contraste absolu. Il s'ouvre sur le chant des altos et des violoncelles. Après le premier mouvement, l’auditeur assiste à une forme de soulagement sonore au ton évasif et reposant. Mais cette sérénité est de courte durée. Elle disparaît au troisième mouvement, 'Scherzo', qui retourne à un ton plus dramatique où plane l’ombre de Mozart.

Le compositeur défunt semble planer sur le thème choisi par Beethoven. L’élan des cordes, la dynamique alliée à la légèreté, apportent leurs réponses éclairées. À l'intérieur de ces successifs appels viennent se placer des cors constitués d'une cellule de quatre notes, à l'image de celle qui sert d'ouverture au premier mouvement, sauf qu'ici la dernière note ne descend pas.

Ce troisième mouvement est le plus piquant de tous en développant sur quelques mesures ce qui caractérise la musique de Beethoven, avec toutes ses inquiétudes. La menace plane encore et toujours. Tout tourbillonne. Un crescendo impose son ascension jusqu’au final héroïque dans un style faste et frénétique.

Le dernier mouvement arrive. 'Finale' est une explosion. L’humanité, d’un seul élan volontaire et fraternel, s’élance non sans être équipée de timbales et trompettes, et fait preuve d’une énergie à renverser les murs. La victoire est irréversible et la marche triomphale ordonne le thème du 'Destin' et sa réconciliation avec l’homme.


BEETHOVEN : 'CINQUIÈME SYMPHONIE' (1er mouvement)
Insula orchestra Akademie für Alte Musik Berlin, direction Laurence Equilbey (enregistré à 'La Seine Musicale'-  07/12/2018 )

LA DUALITÉ, DE L'OMBRE VERS LA LUMIÈRE

Façonné de deux forces que tout oppose, la partition de la Cinquième symphonie porte en elle la conviction profonde de la dualité du monde dans une trajectoire où l’homme, à l’image de l’héroïque Ludwig, dépasse le tragique de sa condition par la volonté. Là où il n’y a plus de petits oiseaux, de « pom pom pom pom », il n’y a plus que la musique absolue, au-delà même des images abstraites.

Depuis la profondeur de sa condition et sous l’appel d’une musique triomphante, dans une partition à la trajectoire la plus héroïque que l’homme puisse faire, Beethoven cherchait le chemin qui conduit de l’ombre vers la lumière. Avec lui naîtra le mythe de l’artiste maudit, victime d’un génie qui devait perturber son art en l’isolant de ses contemporains.

Par Patrick Martial (Cadence Info - 12/2021)
(source : 'Je sais pas vous' - RTBF)

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