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THE POLICE, L'HISTOIRE DU TRIO STING COPELAND SUMMER

Ce groupe de rock britannique a fait les beaux jours des night-clubs durant la fin des années 70. Issu de la génération punk, The Police doit avant tout sa carrière à une profonde originalité en inventant un style situé à la croisée des chemins du rock et du reggae. Le groupe a produit de nombreux tubes, notamment : Roxanne, Message in a bottle et Every breath you take. Riche d'une carrière à succès, The Police n'a pourtant produit que 5 albums studio, entre 1978 et 1983.


THE POLICE, UN SON NOUVEAU ET D'HABILES COMPOSITIONS

Lorsqu'en 1977, en pleine effervescence punk, Henry Padovani (un jeune guitariste français) et Stewart Copeland décide de constituer le groupe The Police, les deux musiciens sont à la recherche d'un bassiste et c'est à Sting (Gordon Matthew Summer) qu'ils font appel. Ce dernier, alors bassiste et chanteur d'un groupe de jazz fusion appelé Last Exit, accepte la proposition de Copeland.

Très rapidement, au bout de quelques répétitions, le groupe se produit dans quelques clubs londoniens et enregistre dans la foulée leurs premiers titres, dans un petit studio 8 pistes. « En 1977, le punk était là. Les SexPistols, les Clash ont forcé les portes du milieu musical. On a suivi le mouvement pour s’engouffrer dans la brèche. », raconte Sting (05/2017).

Parallèlement au début de la carrière du groupe The Police, Sting et Stewart Copeland rejoignirent deux anciens musiciens du groupe Gong, Andy Summers et Mike Howlett pour former Stronium 90. De cette aventure, seul reste un album qui sortira en 1977 sous le nom de Strontium 90 : Police Academy (deux des titres présents sur cet album seront exploités ensuite par The Police).

C'est à cette période qu'Andy Summers rejoint le trio, mais Henry Padovani plus impliqué dans le mouvement punk, ne s'entend guère avec Andy Summers. Lors de l'enregistrement du premier album en 1978, c'est la rupture entre les deux guitaristes. Henry Padovani décide alors de quitter le groupe pour rejoindre Wayne County and the Electric Chairs.

© flickr.com - The Police (1982)

Constitué à présent du trio Copeland/Summers/Sting, les débuts sont durs pour Police. Sting, notamment, vit des allocations chômages et de petits boulots, le bassiste chanteur posera même pour des marques de sous-vêtements et de chewing-gums. Fort heureusement, Summers décroche un contrat bien payé en Allemagne...

Sur place, Summers rencontre alors Eberhard Schoener qui est responsable du projet. Schoener est un compositeur et chef d’orchestre allemand passionné par les synthétiseurs Moog. D’emblée, il pose une condition : « Tous les musiciens doivent savoir lire la musique. Je ne suis pas un rocker. ». Rassuré par les propos de Summers, Schoener finit par accepter. Sting et Copeland rejoignent rapidement Summers où le groupe se produit sur scène et à la télévision allemande avec Schoener.

« À Londres, The Police était encore considéré comme un groupe Punk et les règles du genre étaient très strictes : trois accords, 140 battements par minute, ne pas chanter l’amour, porter sa guitare très bas, c’était ça le punk. Mais nous n’avons pas obéi à ces commandements et la critique nous a assigné aussitôt à des opportunistes, des flibustiers, des intrus, des envahisseurs de la vieille génération. » raconte Copeland (05/2017)


EBERHARD SCHOENER & THE POLICE : TRANCE M. RAINBOW Medley (1978)

Quelques semaines après leur expérience avec Shoener, Outlandos d'Amour, premier album de Police est publié. Déjà, des titres forts tels Roxanne et Can't Stand Losing You posent le socle du groupe. L'album suivant, Reggatta de Blanc (1979), viendra confirmer l'originalité de ce trio avec deux autres titres phares : Walking on the Moon et Message in a Bottle.


THE POLICE OU L'ART DU TRIO

Le trio est à la fois une expérience fascinante et féconde, mais difficile à maîtriser pour réellement être efficace. À trois, les possibilités d’expression sont limitées. Si l’on excepte le Jimi Hendrix Experience et The Cream, bien peu de trio rock ont eu la chance de faire une carrière comme Police.

Dans un trio, il existe une énergie centrale autour de laquelle tout se focalise, c’est un point d’appui qui tend à la stabilité, Sting en l’occurrence, mais dès qu’un quatrième membre vient se rajouter, alors le centre vacille.

Sting, Summers et Copeland constituent une combinaison sonore magique, une fusion de styles musicaux qui n’avait encore jamais été présentée avec autant de détermination. D’un côté, il y avait le reggae, l’énergie du punk et de l’autre la qualité, l’originalité des chansons alliée au charisme de chaque membre et à leur présence scénique. Tout ceci explique en grande partie que ce groupe-là devait marquer l'histoire du rock.

Musicalement, ils ont joué sur les vides, les silences, les ruptures rythmiques pour combler le manque d’un clavier, d’une seconde guitare ou de tout autre musicien. Ce qui aurait pu être une faiblesse s’est vite transformé en une force au jeu économique. Dès lors, The Police parviendra à se démarquer des autres productions de l’époque. « Ils ont débarqué au bon moment, dira Schoener. Le reggae était un genre noir et Police a été l’un des premiers groupes de reggae blanc à s’imposer, surtout aux États-Unis où le racisme est très présent. » (05/2017).

Leur ascension irrésistible est certes due à la qualité de leurs chansons, à leur son unique, mais aussi à leur motivation. Si Copeland, le premier, était un fou furieux qui ne visait rien d'autre que le succès, par contre, la présence de Summers, guitariste talentueux et réservé, a notamment permis de libérer Sting comme compositeur.

Sting se sentait compris par Summers et à partir de là tout est devenu possible. Le don de ce guitariste repose sur un jeu sobre, minimaliste ; l'idéal pour un tel groupe. Ses arpèges sur every Breath You Take témoignent de cette abnégation à surenchérir tout en restant efficace jusqu’au bout. Il savait réunir simplicité et musicalité. Summers a eu une énorme influence sur les compositions de Sting en le poussant à simplifier ses écritures. C’est lui aussi qui apportait parfois l'idée de base d'une chanson en jouant quelques plans de son cru, et quand cela plaisait à Sting, celui-ci s’en saisissait pour finaliser un trait mélodique ou pour introduire un refrain ou un couplet.

Après une tournée mondiale effectuée en 1979, l'année suivante est enregistré le troisième album, Zenyattà Mondatta. Malgré le titre De Do Do Do, De Da Da Da que l'on pourrait comparer à un certain Ob la di, Ob la da des Beatles, pour son ton très léger, ce disque ne démérite pas et s'inscrit parfaitement dans la lignée des deux albums précédents.

C'est l'année suivante, en 1981, que l'équilibre du groupe commence à se fissurer. Sting possède un ascendant non négligeable sur l'évolution du groupe et des tensions naissent, surtout entre lui et Stewart Copeland. La personnalité grandissante de Sting (il est remarqué pour ses apparitions au cinéma) et ses influences jazz ont du mal à s'accorder avec les désirs de Copeland, dont le penchant naturel pour la musique rock ne peut être discuté. L'album Ghost in the Machine souligne cette approche jazz désirée par Sting. L'album trouvera tout de même l'adhésion du public avec des titres comme Spirits in the Material World ou Invisible Sun.


THE POLICE : MESSAGE IN A BOTTLE

En 1982, alors que Sting poursuit sa carrière d'acteur, de son côté Andy Summers enregistre son premier album, I Advance Masked. À leur apogée, The Police sort son dernier album, Synchronicity (1983). Le trio est rejoint sur certains titres par une section de cordes, ce qui donne une couleur plus sophistiquée à l'ensemble. De cet album, on retiendra Every Breath You Take qui remportera un vif succès. L'album nominé aux États-Unis comme meilleur album de l'année devra malheureusement s'incliner face à l'écrasant Thriller de Michael Jackson.


THE POLICE : DON'T STAND CLOSE TO ME

En 1984, quand la tournée Synchronicity s'achève, le groupe est face à des tensions intérieures de plus en plus tenaces. Atteignant comme un point de non-retour, le trio décide de se séparer. Contre toute attente, deux ans plus tard, les trois musiciens se retrouvent pour une ultime tentative de réconciliation. À la base, l'enregistrement d'un nouvel album. Seule trois chansons seront enregistrées (dont deux anciens morceaux réarrangés : Don't stand so close to me et De Do Do Do, De Da Da Da).

Finalement, Sting/Copeland/Summer décident de ne pas poursuivre. Une carrière en solo s'annonce pour chacun d'eux, mais sans jamais officialiser la séparation du groupe. Ce n'est qu'en 2007 que Sting annoncera le retour du groupe The Police pour une ultime tournée mondiale intitulée The Police Reunion Tour. Pour éviter toute rumeur naissante, Sting s'empressera de préciser que cette tournée serait la dernière et qu'aucun autre album ne serait plus jamais enregistré par The Police ce qui, à ce jour, s'est toujours confirmé.

Par D. Lugert (Cadence Info - 04/2020)


THE POLICE : SPIRITS IN THE MATERIAL WORLD

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