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STING BIOGRAPHIE, DU GROUPE POLICE À LA CARRIÈRE SOLO

Il a le physique, la voix et un franc-parlé : « Je crois à la séduction plus qu’à la révolution » disait Sting quand il jouait au sein du groupe The Police. Sa carrière, qui a navigué de la musique punk au reggae-rock en passant par le jazz et le jazz-rock, a même flirté à plusieurs reprises avec le cinéma. Sting est sûrement l’une des figures médiatiques importantes de la musique rock de ces 40 dernières années, mais aussi un artiste spirituel et philosophe, sincère, droit et sans détour, un homme engagé, préoccupé depuis plusieurs années par les nombreux problèmes soulevés par le réchauffement climatique, ses conséquences et la fin de vie.


LES PREMIERS PAS

« La vue sur des carcasses de navires en construction au-dessus des arbres, au bout de la rue, sont parmi ses premiers souvenirs », peut-on lire dans sa biographie officielle. Né Gordon Matthew Summer le 2 octobre 1951 dans une banlieue ouvrière de Newcastle, à l’ombre des chantiers navals, String apprend la guitare en écoutant les Beatles et les Kinks ; des groupes qui auront une grande influence stylistique sur ses futures chansons, tout comme la musique jazz qu'il découvre à l’adolescence. Sa mère, coiffeuse, pratique le piano en amateur et encourage son fils à suivre son instinct qui se résume à sa passion pour la musique, alors que son père fera tout pour l’en dissuader, souhaitant le voir prendre un chemin qui conduit à un « vrai métier ».

« Mon premier contact avec la musique, je l’ai eu par ma mère. Je la regardais, je voyais ses pieds sur les pédales… Ma mère écoutait de tout, du rock et des chansons à succès. Elle m’a apporté une éducation musicale très variée. Quant à mon père, il chantait et avait une belle voix. » (1) Pour Sting, la musique est un exutoire, un défouloir vis-à-vis de ses parents qui, sur le fond, ne s’entendent pas vraiment. Comme le foot, la musique est aussi une chance pour celui qui a passé son enfance dans la rue et qui l’a chanté si souvent pour l’avoir bien connu. « J’ai eu la chance de connaître la difficulté. Elle permet d’apprécier ce que l’on a. Je ne regrette rien de tout ça. Ces années de galères, d’anonymat, de souffrances, m’ont beaucoup apporté. » (1) Sting n’a qu’une envie, connaître le vaste monde en technicolor tout en évitant ses parts sombres.

D’abord chauffeur de bus avant de devenir enseignant dans une école de filles, il découvre ce qu’est réellement le rock lorsqu’il assiste à un concert de Jimi Hendrix venu se produire dans sa ville. La guitare ne sera qu’une étape, car Sting ressent le besoin de toucher à d’autres instruments comme le piano, le saxophone ou l’harmonica. Finalement, c’est toujours en autodidacte qu’il choisit la basse électrique, et c’est sur cet instrument qu’il commence à jouer dans des orchestres de jazz semi-professionnels (Earthrise, Phoenix Jazzmen, River City…).

© Scott Ableman (wikipedia) - Sting et Andy Summers (2007)

Surnommé « Sting » (le « dard », l’abeille), à cause de ses tee-shirts rayés qu’il a l’habitude de porter sur scène, il finit par adopter ce surnom très facile à retenir. En 1972, il incorpore le 'Newcastle Jazz Band' avec lequel il enregistre un album. Puis, de 1974 à 1977, il devient le chanteur-bassiste de 'Last Exit'. Formé à Newcastle, ce groupe de jazz fusion britannique, composé de John Hedley à la guitare, Gerry Richardson aux claviers et de Ronnie Pearson à la batterie, parvient à enregistrer quelques titres, mais sans succès. Le départ de Sting précipitera la dissolution du groupe.


THE POLICE, OF COURSE

Remarqué par le batteur Stewart Copeland, Sting part pour Londres, début 1977, pour fonder avec Copeland et le guitariste français Henry Padovani (ce dernier étant remplacé ensuite par Andy Summers) le groupe Police. Le trio minimaliste qui, au départ, produit une musique visiblement prisonnière du « « charme punk » (Fall Out), va en réalité trouver sa véritable identité en y adjoignant des influences rythmiques issues du reggae. Sting s'impose rapidement dans le groupe en devenant le bassiste-chanteur, mais aussi un leader charismatique, compositeur des tubes du groupe aux mélodies ravageuses (voir L’histoire du groupe Police).


STING (POLICE LIVE) : EVERY BREATH YOU TAKE

En 1979, alors que la carrière de Police est à son sommet, la belle gueule du chanteur apparaît pour la première fois au cinéma dans la version cinématographique de Quadrophenia des Who où il incarne Ace, un portier d’hôtel mods. Puis, l’année suivante, ce sera le film Radio On de Chis Petit suivi de Artemis 81, une pièce télévisée écrite par David Rudkin et dirigée par Alastair Reid. En août 1982, la chanson Spread a Little Hapiness, du film Brimstone and Treacle de Richard Loncraine, sera le premier succès de sa carrière solo.

Continuant dans le domaine cinématographique, Sting enregistre des classiques du rock’n’roll pour la BO de Party Party au moment où il quitte sa femme, l’actrice Fances Tomelty ; une séparation qui lui inspire l’un des derniers succès du groupe Police, Every Breath You Take. Sting s’en explique dans ces termes : « Au début des années 80, j’étais au sommet de la gloire et, en même temps, je n’avais jamais été aussi malheureux de ma vie. J’avais des tonnes d’argent. J’avais la réussite, j’étais adulé, et portant rien n’allait plus dans ma vie privée. J’étais au bord de la rupture dans mon couple, dans ma tête et avec le groupe, juste au moment où nous avions un succès énorme. Quel paradoxe ! On avait bossé comme des malades, on y était, et cela n’avait plus aucune importance. » (1)


LA CARRIÈRE SOLO

« Pour moi, l’élément le plus important en musique, c’est la surprise. » Quand il entreprend sa carrière solo, Sting va démontrer au public et à tous ses fans que sa grande culture musicale, si variée, est un atout. Le musicien compte bien lancer ses « messages in a bottle » armé de sa voix aiguë et plaintive. Avec Police, Sting s’est affirmé, et depuis qu’il a quitté Copeland et Summers il se sent libéré. Une fenêtre s’ouvre devant lui sans autre contrainte que celle de gérer ses envies.

En 1984, Sting joue le personnage de Fred Rautha dans l’adaptation cinématographique du best-seller de Frank Herbert, Dune. Le film visiblement raté n’empêche pas Sting de revenir sur le devant de la scène l'année suivante en s'entourant d’un quatuor de musiciens virtuoses : Brandford Marsalis (saxophone), Kenny Kirkland (claviers), Darryl Jones (basse) Omar Hakim (batterie) et les choristes Janice Pendarvis et Dollette McDonald. Sting renoue alors avec un jazz fusion stylisé.

Après des débuts prometteurs en février 1985 au Ritz de New York, il chante en duo avec Phil Collins Long Long Way To Go et No Jacket Required, et en juin avec Marx Knoptler, Money for Nothing qu’il coécrit pour Dire Straits (le titre se classera n°1 aux USA). Cette carrière solo si versatile continue avec le trompettiste Miles Davis. Sting répond présent à son invitation en participant à son album You’re Under Arrest (1985).

En juin 1985, Sting entame une série de concerts qui coïncident avec la sortie de son premier album solo, The Dream Of the Blue Turtles et sa présence dans le film The Bride où il incarne le baron Frankenstein. The Dream Of the Blue Turtles est un album à la croisée des chemins. Sting y démontre sa capacité à explorer aussi bien le rock (If You Love Somebody, Set The Free), le jazz que le classique avec l’œcuménique titre Russians emprunté au compositeur russe Prokofiev ; le calypso est aussi invité grâce au titre Love Is the Seventh Wave. Figure aussi dans cet album, le titre Moon Over Bourbon Street, inspiré par le roman d’Anne Rice, Interview With a Vampire. Pour Sting, ce dernier titre est le succès mondial espéré en se classant n°1 aux USA et n°2 en Grande-Bretagne.


STING : IF YOU LOVE SOMEBODY SET THEM FREE

Celui qui fut le partenaire de Meryl Streep dans le film Plenty publie ensuite un double LP en public, Bring On the Night, avec des titres de Police et des compositions issues de sa carrière solo (en février 1987, le film Bring on the Night, tourné à Paris au Théâtre Mogador, recevra un oscar américain). Fin 1986, le chanteur participe à l’album d’Amnesty International A conspiracy Of Hope et à la tournée du même nom aux USA avec U2, Bob Dylan et Peter Gabriel.

Sting se produit ensuite avec le chef d’orchestre et arrangeur allemand Eberhard Schoener (que Sting avait connu au tout début de l’histoire de Police en l’accompagnant dans ses œuvres contemporaines) et, en Italie, avec l’orchestre de Gil Evans. Sur sa lancée, Sting au mois de novembre de la même année sort le double Nothing Like the Sun aux côtés d’Eric Clapton, Andy Summers, Ruben Blades et Mark Knopfler. L’album est un énorme succès.

Dans ce double album, Sting reprend la basse et forme en compagnie du batteur français Manu Katché une remarquable rythmique. Il revisite avec Gil Evans, le titre de son idole Jimi Hendrix, Little Wings et, tour à tour, enchaîne avec des chansons qui sont couronnées de succès : We’ll Be Together, The Dance Alone (une chanson en protestation contre la dictature de Pinochet), et surtout Fragile et Englishman In New York, chanson extraite de la BO du film de Daniel Day Lewis, Stars and Bars et inspirée par L’amour des trois oranges de Prokofiev.

Cet artiste boulimique reprend Somebody Watch Over Me de Gershwin pour le film de Ridley Scott du même nom et se produit en décembre 1987 à Bercy (Paris) où il donne une interprétation poignante de Ne me quitte pas de Jacques Brel. Six mois plus tard, c’est à Londres (Wembley) qu’il se rend pour rendre hommage à Nelson Mandela en chantant Il You Love Somebody. Puis, en septembre 1988, il entame avec Peter Gabriel, Bruce Springsteen, Tracy Chapman et Youssou N’Dour une nouvelle tournée mondiale pour Amnesty International de six semaines. Durant cette période, Sting n'oublie pas le cinéma, d'abord avec Julia et Julia (1987) aux côtés de Kathleen Turner, ensuite avec Stormy Monday (1988) avec Tommy Lee Jones, film tourné dans sa ville natale.

© Scott Ableman (wikipedia) - Sting (2007)


LES ANNÉES 90 ET 2000

Après avoir défendu les Indiens d’Amazonie du chef Raoni, il s’installe, à l’automne 1989, à New York pour jouer et chanter dans l’Opéra de quat’ sous de Bretch et Weill. Ce surdoué au caractère complexe et adepte invétéré du yoga connaît, de 1984 à 1989, une accélération foudroyante à la mesure de ses appétits et de son talent. Ainsi assure-t-il les années 90 en publiant The Soul Cages (All this Time) et surtout Ten Summoner’s Tales en 1993, avec des titres comme Fields Of Gold et If Ever I Lose My Faith In You, plus réussi que Mercury Sunrise en 1996.

Durant ces années-là, il collabore avec Eric Clapton à la BO de L’Arme Fatale II et à celle de Demolition Man. Il enregistre avec la star du reggae Pato Banton, avec aussi I Muvrini (This Cowboy Song - 1998) et Cheb Mami (Brand New Day - 1999). Imperturbable, Sting continue de repousser toute critique : « Je me prends peut-être trop au sérieux, mais j’ai tellement l’impression que nous vivons assis sur une bombe à retardement, que je pense que nous devrions tous nous prendre au sérieux. » Pour la petite histoire, en février 1999, l’île de Palau dans l’océan Pacifique émettra un timbre à son effigie.

Dans les années 2000, Sting produit quatre nouveaux albums, dont on retiendra Sacred Love en 2003, qui fait la part belle à des expérimentations musicales en collaborant notamment avec l'artiste de hip hop Mary J. Blidge et la sitariste Anoushka Shankar. Deux titres reçoivent un accueil favorable, Dead Man’s Rope et Inside. Notons aussi la réalisation atypique de l’album Songs from the Labyrinth (2007) qui présente la musique du compositeur et luthiste du 14e siècle John Dowland. Ce voyage classique initiatique se poursuit aussi sur l’album suivant (If On a Winter’s Night – 2009) où le musicien anglais nous fait voyager à travers des chants religieux et des pièces de Schubert et de Jean-Sébastien Bach.


STING : ENGLISHMAN IN NEW YORK

STING, CES DERNIÈRES ANNÉES

Sting possède une attitude positive, constructive, qui lui a toujours permis de travailler avec conscience et de rebondir dans les moments difficiles. Après avoir enregistré en août 2015 la chanson Stolen Car en duo avec Mylène Farmer pour promouvoir la sortie de son 10e album, Interstellaires, Sting se trouve confronté au syndrome de la page blanche au moment où il ambitionne l'écriture de son futur album (57th &9th - 2016). Le fait est assez rare pour être signalé. Sting a toujours désiré, plus que jamais, repousser les limites de son imaginaire et il y est toujours parvenu, mais ce silence, qui durera un an, l'obligera à puiser dans ses ressources. « Le processus créatif est très mystérieux… Il est bon parfois de sortir de sa zone de confort pour forcer l’esprit à penser autrement. » Et sa source d’inspiration, celle qu’il affectionne tout particulièrement, est la nature, dans laquelle il aime se promener avec ses chiens pour y réfléchir.

Avec sa fondation, il se bat pour la préservation des forêts primaires et il lutte encore et toujours pour le respect des droits de l’homme aux côtés d’Amnesty International. Il faut souligner, chez ce grand artiste, que sa carrière n’a jamais été éclaboussé par des scandales ou des excès. La gentillesse, la générosité et sa solidarité envers les causes justes sont des qualités qui le caractérisent. Sans le revendiquer, il protège soigneusement sa vie privée. Aucune photo familiale n’a jamais été publiée et son cercle d’amis est très restreint. La vie privée est pour cet artiste synonyme d’équilibre. Les fans les plus curieux ne peuvent que s'en remettre à son autobiographie où il raconte sa jeunesse et ses premières relations (Broken Music : Mes mémoires, traduit par Bernard Cohen aux éditions Robert Laffont).

Ce grand amateur de comédies musicales américaines a derrière lui une carrière exceptionnelle. À ce jour, depuis 1985, Sting a publié 14 albums solos et un grand nombre de singles qui font partie des classiques du répertoire rock et pop. Dans sa carrière comme dans sa vie personnelle, on peut estimer que Sting a tout réussi. Père de 6 enfants (les deux premiers issus de son premier mariage et les quatre autres de sa relation avec Trudie Styler), sa carrière totalise plus de 100 millions de disques vendus et 16 Grammy, sans compter d’innombrables prix et récompenses (la Reine Elisabeth l’a même anobli).

Aujourd’hui, Sting est toujours à la poursuite de nouveaux buts, recherchant comme de nombreux créateurs le sens donné par la vie et sa finalité, la mort. Laissons-lui la conclusion : « Je crois que j’écris sur l’inaccessible. Je cherche à saisir par la musique cet esprit féminin, mystérieux, que tous les artistes recherchent. Pour moi, c’est une quête spirituelle. » (1)

1 - Propos recueillis par Christiane Rebmann (05/2017)

Par D. Lugert (Cadence Info - 09/2020)


STING : FRAGILE

LES ALBUMS STUDIOS

  • 1985 : The Dream of the Blue Turtles
  • 1987 : Nothing Like the Sun
  • 1991 : The Soul Cages
  • 1993 : Ten Summoner's Tales
  • 1996 : Mercury Falling
  • 1999 : Brand New Day
  • 2003 : Sacred Love
  • 2006 : Songs from the Labyrinth
  • 2009 : If on a Winter's Night...
  • 2010 : Symphonicities
  • 2013 : The Last Ship
  • 2016 : 57th & 9th
  • 2018 : 44/876
  • 2019 : My Songs

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