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MUSIQUE DE FILMS


AIR : VIRGIN SUICIDES, LA MUSIQUE DU FILM

Prenant à revers les couleurs rocks des années 70, la musique du film The Virgin Suicides composée par Air à l’intention de la réalisatrice Sofia Coppola enveloppe nos oreilles de ses sonorités planantes. Sortie en 1999, le film réalisé par la fille du réalisateur du Parrain et d’Apocalypse Now a permis au duo Jean-Benoît Dunckel et Nicolas Godin de se voir nominé pour la meilleure bande sonore aux Brit Awards de 2001 et en France d’une victoire de la musique.


'VIRGIN SUICIDES', UNE MUSIQUE PLACÉE SOUS INFLUENCES

En 1998, la jeune Sofia Coppola s'empare d'une nouvelle de Jeffrey Eugenides et écrit le scénario de son futur premier long-métrage, The Virgin Suicides. La rencontre entre les musiciens Jean-Benoît Dunckel et Nicolas Godin et la réalisatrice intervient au moment où le groupe achève sa première tournée américaine mettant en lumière Moon Safari, leur premier album.

Choisir Air va s’avérer judicieux, d’autant que c’est l’époque des débuts de la « french touch » et que celle-ci irradie un peu partout sur les dancefloors européens et américains. Même si musicalement le groupe cherche à se démarquer de cette nouvelle étiquette - les racines pop leur convenant davantage -, leur première musique écrite pour le cinéma parviendra néanmoins à souligner l’atmosphère dramatique et pesante du film.

Naviguant entre des influences héritées de Gainsbourg (Dirty Treap, Empty House pour les harmonies comme pour les lignes de basse), de Pink Floyd seconde époque (Clouds Up), dans un esprit rock progressif genre Camel (Bathroom Girl) ou en plongeant dans l’ambiance du film La planète Sauvage grâce aux couleurs angoissantes et déshumanisées produites par un Mellotron (The Word 'Hurricane'), la BO de The Virgin Suicides se verra classée parmi les meilleures places du magazine britannique ‘New Musical Express’ et de l'édition française du magazine Rolling Stone.


AIR : DIRTY TRIP

LA CRÉATION DE LA MUSIQUE

Pour conceptualiser leur musique, le duo français assiste à une projection privée et muette du film organisée par le batteur Brian Reitzell, alors superviseur musical du projet. « On ne voyait que des nanas en train de se suicider dans des baignoires ensanglantées. On avait une vision hyper-dépressive du film. », racontera Nicolas Godin après la première projection.

Quelques jours plus tard, de retour en France, Jean-Benoît Dunckel et Nicolas Godin s’enferment dans leur studio situé à Saint-Nom-la-Bretèche, non loin de Paris. Pour composer leur musique, le groupe va travailler en visionnant les cassettes vidéos misent à leur disposition. Autour d’eux, un équipement très éclectique. Classique d’une part : piano, guitares acoustique et électrique, basse et vintage d'autre part : orgue Hammond, clavinet, Solina strings ensemble, synthétiseurs Moog, boîte à rythmes analogique… Soulignons également le renfort de la batterie de Brian Reitzell, présente sur cinq titres, et dont le jeu apporte aux climats intimes produits par les deux musiciens un surplus de dynamisme et d’énergie communicative.

La chanson en ouverture (Playground Love) chantée par Thomas Mars, alias Gordon Tracks, sera rajoutée en catastrophe pour satisfaire les crédits alors que tout était terminé. Selon Jean-Benoît Dunckel, l'album avait été enregistré trop rapidement : « Au début, la musique s’inspirait du film et une tentative de synchronisation de la musique avec des scènes du film avait été tentée. » En effet, Air trouvera une partie de son inspiration en s’appuyant sur le rythme des séquences à l’écran comme l’avait fait en d'autres temps Miles Davis avec Ascenseur pour l’échafaud.


THE VIRGIN SUICIDES, VERSION DELUXE

La musique aérienne et emprunt d'une grande liberté de The Virgin Suicides est profondément mélancolique. Nicolas Godin précise : « On a composé une musique très sombre, très glauque, ce qui était parfait, car on avait été un peu vexé que les gens nous cataloguent dans l’easy listening après Moon Safari. » Quasi instrumental, à l'exception du single Playground Love, la BO de Air est considérée aujourd’hui comme parmi les « meilleures musiques de film jamais produites » ; une référence pour tout amateur de musique électro.

En juin 2010, à l’occasion des 10 ans de la sortie de la BO, Air a interprété le score complet avec le groupe Hot Rats à la Cité de la musique de Paris. Cinq ans plus tard, c’est une édition de luxe de l'album qui a vu le jour sous la forme d'un ensemble de deux disques et d'un coffret super deluxe. Le premier contient notamment des enregistrements live inédits, tandis que le second inclut l’album sur un vinyle rouge plus un disque d’images exclusif comportant des enregistrements live inédits. Le "Playground Love" EP, une affiche du film, un livret de 16 pages comprenant une interview inédite d'Air, une réplique d'un passe stratifié VIP et une carte de téléchargement complètent le coffret.


AIR : PLAYGROUND LOVE

LA LISTE DE TITRES

  • 01. Playground Love
  • 02. Clouds Up
  • 03. Bathroom Girl
  • 04. Cemetary Party
  • 05. Dark Messages
  • 06. The Word 'Hurricane'
  • 07. Dirty Trip
  • 08. Highschool Lover (Theme From The Virgin Suicides)
  • 09. Afternoon Sister
  • 10. Ghost Song
  • 11. Empty House
  • 12. Dead Bodies
  • 13. Suicide Underground

Tous les titres sont composés par Dunckel et Godin, excepté Playground Love par Gordon Tracks (paroles) et Dunckel et Godin (musique).

Tous les instruments sont joués par Air sauf : Hugo Ferran (saxophone sur Playground Love), Gordon Tracks (batterie et chant sur Playground Love) et Brian Reitzell (batterie sur Bathroom Girl, The Word 'Hurricane', Dirty Trip, Dead Bodies et Suicide Underground).

Par Elian Jougla (Cadence Info - 12/2019)

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