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INSTRUMENT ET MUSICIEN

BATTERIE ET MUSIQUE CLASSIQUE EN VIDÉO

À la question : « Si Mozart et Bach renaissaient, utiliseraient-ils l'ordinateur ? » Vraisemblablement ! Par contre, la batterie jouerait-elle un rôle aussi central qu'aujourd'hui ? Rien n'est moins sûr, d'autant que cet instrument n'a pas été conçu, à son origine, pour accompagner la musique classique avec ses particularités, mais plutôt pour amplifier les contours de rythmes souvent primaires, notamment les danses populaires. Néanmoins, partons de l'hypothèse qu'un accord entre batterie et musique classique puisse exister et découvrons quelques musiciens contemporains qui s'y sont essayés...


LA BATTERIE EN CONTRE-EXEMPLE

L'architecture d'une batterie conventionnelle a pour particularité, dans son jeu le plus élémentaire, d'appuyer les temps forts de la mesure. Elle cadence le rythme de base plus qu'elle n'a le besoin impératif de suivre le contenu mélodique d'un morceau, et ce, quel que soit le style de musique qu'elle doit servir. Dès qu'elle s'éloigne de cette ligne de conduite, elle devient hors-jeu et s'apparente plutôt à un numéro de batteur soliste.

Pour démarrer, prenons un exemple de ce qu'il ne faut pas faire quand on associe une batterie avec une musique classique préexistante.

Sur YouTube, le batteur Andrea Vadrucci, alias "Vadrum", semble être un coutumier du fait. Dans la vidéo ci-dessous, le musicien joue sur Le Barbier de Séville de Rossini. S'il ne manque pas de technique, tout son jeu repose sur une sorte de copier/coller des traits rythmiques de l'orchestration de Rossini. Aucun détachement de sa part. Le jeu est poussif et n'apporte rien, si ce n'est d'alourdir l'œuvre de Rossini qui ne manque pas, quant à elle, de ressorts et d'inventivité. Bref, nous avons là un parfait exemple de démonstration technique qui repousse au loin la musicalité et l'art de l'espace sonore.


VATRUM : "LE BARBIER DE SÉVILLE" (Rossini)

Cet exemple est loin d'être unique sur YouTube. Le défaut de la majorité des batteurs qui présentent leur adaptation sur des musiques classiques préexistantes est d'avoir un jeu vraiment rock. Sur une musique classique dynamique et au tempo bien assis, point de problème particulier à l'horizon. Il suffit de soutenir le tempo et de marquer les traits dynamiques de l'œuvre. Par contre, la batterie montre ses limites, du moins elle devient inadaptée, lourdingue parfois, quand le même exercice est conduit sur des changements de tempo, des ralentissements ou des passages pianissimo. On imagine sans effort que l'instrument n'est pas à sa place.

Le second exemple, construit sur L'Hiver des Quatre Saisons de Vivaldi, fait entendre une batterie qui s'infiltre avec plus de conformité et de finesse. Sur un modèle électronique, le batteur Pascal Brémond joue avec les subtilités, les nuances, et navigue à l'écoute des vagues mélodiques de Vivaldi tout en faisant varier son approche technique, laissant place aux silences quand c'est nécessaire et relançant la « machine rythmique » aux moments opportuns.


PASCAL BRÉMOND : "L'HIVER" (Les quatre saisons, de Vivaldi)

COMMENT FAIRE POUR BIEN FAIRE ?

Même avec la meilleure volonté, coucher une batterie sur une musique préexistante venue des tréfonds de la musique classique ne s'impose vraiment pas, à moins que... le musicien ne prenne les devants et réécrive la partition en l'adaptant à notre monde actuel et en épousant un style : en Pop, avec Ekseption, en Jazz, avec le trio Jacques Loussier ou à la sauce disco, à l'exemple de la Cinquième symphonie de Beethoven que l'on retrouve adaptée par Walter Murphy dans le film Saturday Night Fever en 1977. Inconditionnel du classique s'abstenir !


WALTER MURPHY : "CINQUIÈME SYMPHONIE, PREMIER MOUVEMENT" (Beethoven)

L'HUMOUR, POURQUOI PAS ?

Un brillant exemple d'intégration de la batterie avec un orchestre symphonique nous est donné dans la vidéo ci-dessous. L'invité, le batteur de hard-rock Mike Terrana dans son numéro scénique. Isolé de l'orchestre par des paravents en plexiglas, le musicien ne fait pas toujours dans la dentelle. Bien attendu, dans cet exemple, la musique classique de Dvorak n'est qu'un prétexte.


MIKE TERRANA : "SYMPHONIE DU NOUVEAU MONDE" (Dvorak)
Orchestre de l'Opéra de Plovidv (Bulgarie) sous la direction de Levon Manukyan.

LA BATTERIE JAZZ, OF COURSE !

Vous recherchez plus de finesse ? Rien ne vaut alors une batterie joué ternaire dans un contexte minimaliste, en trio, pour que celle-ci devienne indispensable. Si le pianiste Jacques Loussier demeure à jamais la référence en ayant été le premier en France à adapter Bach en jazz, d'autres formations comme l'European Jazz Trio (Marc van Roon - Piano, Frans van der Hoeven - contrebasse, Roy Dackus - batterie) trouve grâce à nos yeux quand les trois musiciens s'attaquent à Frédéric Chopin. Dans ce genre d'exercice, le batteur doit bien évidemment broder, alimenter la pulsation, tout en laissant respirer la musique et le piano conducteur. Il va de soi !


EUROPEAN JAZZ TRIO : "VALSE N°9" (Frédéric Chopin)

Par Elian Jougla (Cadence Info - 09/2023)


À CONSULTER

LES PERCUSSIONS ET LEUR UTILISATION DANS LA MUSIQUE

Contrairement aux musiques populaires qui les ont utilisées immédiatement, les percussions ont éprouvé quelques difficultés à être acceptées par les compositeurs classiques. Ce n'est qu'à partir du 20e siècle qu'elles vont occuper un espace dans lequel elles vont s'exprimer librement.

LA BATTERIE DANS LE JAZZ, MOTEUR DE L'ORCHESTRE

L'histoire du jazz doit beaucoup à la présence de la batterie dans les orchestres. En quoi le batteur joue-t-il un rôle essentiel ? Rudimentaire à sa création, au fil du temps l'instrument s'est enrichi de diverses percussions que cette page explique en détails.


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