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MUSIQUE DE FILMS

LE THÈME DE JAMES BOND ET HISTOIRE DES CHANSONS DE 007

Parler d’un nouveau film sur James Bond, c’est évoquer les derniers gadgets mis au point pour l’intrépide espion, les effets visuels liés à des cascades toujours plus spectaculaires, s’enflammer pour l’acteur qui va incarner l’agent secret ou pour les quelques lolitas qui vont tomber dans ses bras… Ah oui ! J’oubliais la musique qui, dans chaque film, joue également un grand rôle… Un film de James Bond sans son générique fétiche ne serait plus un film de James Bond à part entière !


LE THÈME MUSICAL TRÈS ‘IN’ DE JAMES BOND

Puisque l’endroit où vous êtes en ce moment est consacré à de l’info musicale tout azimut, je vais donc tenter à travers cet article de faire le point sur les différentes évolutions et adaptations concernant les musiques de James Bond? ou plutôt, devrais-je dire, de ce jouet super héros incassable dénommé James pour les intimes.

La musique originale de James Bond est de la plume de Monty Norman. En soi, l’écriture musicale du thème de James Bond n’est pas fracassante. Elle repose sur un motif mélodique rythmiquement répétitif, conjointement associée à une ligne de basse chromatique (c’est clair, il me semble… non ?). Le style musical tout en étant simple ne manque pas d’efficacité. Cependant, au vu des différents virages musicaux pris par la suite, le thème de Monty Norman a peut-être manqué de poids, de souffle, pour supporter les assauts répétitifs de chaque nouvel épisode…

Pour le moment, tentons de situer le contexte…

1962. Nous ne sommes pas encore dans la période mini-jupe, comprenez par là, la période pop, mais la couleur musicale du thème de James Bond est quelque part en avance sur son temps. Le riff mélodique de Monty Norman aurait pu faire une très bonne musique pour un générique d’une série télévisée. J’emploie le conditionnel peut-être à tort, car deux ans plus tard arrive Des agents très spéciaux avec Napoléon Solo et Illya Kuryakin. Deux super agents, super entraînés, surtout prêts à en découdre avec THRUSH, une organisation criminelle internationale. Une série télévisée devenue aujourd’hui culte et dont la musique est signée Jerry Goldsmith… Tiens, tiens, le compositeur de La planète des singes et de Rambo a trempé sa plume dans la série télévisée ?… une musique alimentaire, certainement !

Pour un amateur de musique de films, les années 60 sont passionnantes. C’est en effet dans les premières années de la décennie que vont naître deux autres thèmes aussi populaires que celui de James Bond. Le premier étant La Panthère Rose, d’Henry Mancini. Le compositeur va utiliser comme Monty Norman le chromatisme pour construire sa ligne de basse… Qu’est-ce que c’est utilisé le chromatisme !… C’est normal, c’est atonal… mais ne soyons pas trop technique, ce n’est pas le but de cet article… L’autre thème aussi célèbre, et qui sera par la suite également habillé à toutes les sauces, est Mission Impossible, que son auteur Lalo Schifrin a intelligemment détourné d’un blues en trois accords sur un rythme de 5/4 (aïe, je suis technique à nouveau !). Pour le thème de Mission Impossible, la ligne de basse tient aussi un rôle important… peut-être plus que la mélodie, d’ailleurs !

Si j’appuie de mes "remarques renversantes" ces trois musiques de générique, c’est que chacune d’entre-elles fait appel à des rythmes répétitifs très typés et à des lignes de notes identifiables immédiatement à la façon d’un jingle publicitaire (j’aurais pu, par exemple, citer également Amicalement Votre, pour l’intro des accords au piano).

De cette analyse, il ressort que la musique sert ici de carte d’identité filmographique. Le spectateur ou l’auditeur peut s’écrier en quelques secondes : tiens, une nouvelle version de James Bond ! Tiens un remix de Mission Impossible ! Ainsi, quel que soit l’arrangement ou l’orchestration, dès que résonnent les notes de basse ou le rythme particulier, la force, la singularité de ces compositions sont de plonger immédiatement le spectateur dans l’ambiance du film ou de la série.

Évidemment, évoquer seulement la musique d’un générique est extrêmement réducteur, voire blessant pour le compositeur qui a mis également du cœur à l’ouvrage pour composer tout le reste, que je qualifierai improprement ou de manière péjorative… de ‘musique de fond’. D’ailleurs, je ne peux que conseiller aux personnes qui parcourent cet article qui n’en finit pas, de se procurer les disques pour écouter les autres thèmes musicaux sortis de leur contexte cinématographique. Vous vous apercevrez alors que ces musiques-là ne sont pas simplement constituées d’habillages sonores insipides, fait à la va-vite (quoique !), mais au contraire dotées de qualités mélodiques passionnantes et enrichissantes.


MONTY NORMAN - THÈME DE JAMES BOND

LES CHANSONS DE JAMES BOND

Régulièrement, depuis le premier James Bond officiel (‘James Bond contre docteur No’) réalisé en 1962, tous les deux, trois ans, voire moins, un nouveau James Bond montre le bout de son nez. Bien sûr, au fil des films, les lieux, les gadgets, les gentils vraiment ‘gentils’ et les méchants vraiment ‘méchants’ varient… et l’allure de James Bond également (d’ailleurs, à quand les aventures de James Bond dans sa maison de retraite ?) .

Le personnage de Ian Flemming est loin d’être mort, puisque depuis le décès de l’auteur, les héritiers ont donné leur accord pour de futures adaptations (ce qui signifie que le filon ne sera théoriquement jamais épuisé). D’autre part, il est fort possible que Sean Connery, premier James Bond officiel ou Roger Moore, second James Bond officiel, n’aient laissé leur âme à Dieu tandis que le nouvel agent secret 007 sous les traits de M. X aura repris la relève pour faire crépiter son arme à feu dans de nouvelles aventures !

Ainsi, la vie aventureuse et tumultueuse de James Bond aura épuisé l’audace de quelques acteurs : exit Sean Connery (le mâle conquérant), Georges Lazenby (l’intérimaire égaré), Roger Moore (celui qui a le costard de chez Hermès), Timothy Dalton (l’élégant british), Pierce Brosnan (je n’ai pas encore trouvé le qualificatif…)… où en sommes-nous aujourd’hui… ah oui, à Daniel Craig dans un James Bond intitulé Quantum of Solace et réalisé en 2008… Je dois me dépêcher, car peut-être 2011 verra l’éclosion d’un nouveau James Bond !

Le point en commun de tous les James Bond reste l’immuable générique musical accompagné de pin-up déshabillées. La vision intérieure d’un canon de pistolet qui encadre l’écran nous indique que les films James Bond sont avant tout des films d’action. Voilà pour le décor. Parlons à présent musique… Ouf, il était temps !

L’origine de la musique est aussi mystérieuse et mouvementée que celui qu’elle désigne. Ce que j’ai compris, et vous certainement, c’est que le tiroir caisse de Monty Norman (je rappelle, pour ceux qui liraient en diagonale, que c’est l’auteur du thème de James Bond) cliquette à chaque fois que les notes de sa musique sont jouées. M. Norman, le chanceux, vacancier de son état en Jamaïque, l’aurait acheté pour 100 dollars à un auteur inconnu… le gredin ! D’autre part, comme le générique de début est souvent accompagné d’un générique de fin, cela double la mise… et de fait, le pactole de l’auteur de la musique du film grossit encore plus !

Rapidement, les producteurs vont comprendre que la musique doit s’inscrire dans l’air du temps, suivre les modes musicales et faire appel à des stars du show business. Ainsi, la musique originale de Monty Norman va se transformer, s’habiller, se parer, s’ornementer, se draper (j’arrête là les adjectifs) de nombreuses orchestrations.

Le premier des arrangeurs sur la liste n’est autre que Sir John Barry (pourquoi Sir… parce qu’il est l’auteur de quelques bonnes musiques de films : Macadam Cowboy, Out of Africa, Danse avec les loups). Le succès phénoménal remporté par le film entraîne celui de la musique et John Barry se trouve alors propulsé comme compositeur et orchestrateur attitré. S’il n’est pas James Bond, ses musiques parent le héros du film par des orchestrations aussi savantes que variés… mais va-t-il tenir la cadence infernale pendant longtemps ?

Suspense…

En tout cas, il n’est pas question d’ôter la composition de Monty Norman dans les prochains films. Les producteurs ont trouvé un filon rentable avec James Bond. Les histoires sont simples : un gentil ‘gentil’ veut sauver la planète en éradiquant les méchants ‘méchants’, quitte à demander aux producteurs leur accord pour détruire quelques voitures, yachts, provoquer quelques carambolages sur le périph’ ou pour dynamiter des hôtels de luxe à coups d’explosifs dernier cri ! Rien de plus banal, en effet !

Loin de toutes ces explosions, John Barry anticipe et prouve qu’il a du flair…

Pour le second film Bons baisers de Russie de Terence Young, en 1963, il a l’idée d’associer au thème de James Bond, une chanson-titre dont l’interprète sera une vedette en vue. La première sera le chanteur Matt Monro qui chantera From Russia with love. Comme John Barry ne veut pas être en reste, il va s’entourer d’une équipe de paroliers, tels Don Black, Leslie Brousse ou Hal Daid.

Goldfinger passe pour être le meilleur James Bond (ce n’est pas moi qui le revendique…), et qui trouve-t-on au générique ?… la sublime Shirley Bassey, rien de moins !

Avec Opération Tonnerre, réalisé en 1965 et toujours par Terence Young, nous en sommes déjà au quatrième film. Un nouvel épisode par an. La cadence est vraiment infernale ! Le chanteur Tom Jones interprète Thunderball. Toujours égal à lui-même, ce chanteur de charme à la voix puissante et chaude remporte à cette époque un vif succès avec What’s New Pussycat, une autre musique de générique issue d’une comédie à la qualité très moyenne.

Ouf, avec On ne vit que deux fois, nous arrivons à la fin de la première époque. Nous sommes en 1967 et Nancy Sinatra nous berce avec You only live twice.

Que va-t-il se passer ensuite, doc ?

Trahison, un faux James Bond voit le jour ! Plusieurs metteurs en scène (oui, car l’union fait la force !) vont créer un James Bond vieillissant (mais pas à la retraite) et doté d’un flegme britannique évident en la personne de David Niven. Véritable canular, ce Casino Royale (1967) auquel participe un jeune Woody Allen est un piège dans lequel le compositeur John Barry ne tombe pas. Néanmoins, un autre compositeur de talent prend part à l’aventure, le nommé Burt Bacharah qui va composer pour l’occasion The Look of love, dont la version française intitulée Les yeux de l’amour et chantée par Mireille Mathieu vaut le détour (non, c’est de l’humour !)… Je vous conseille plutôt d’écouter la version de la chère Diana Krall.

Oublions donc cet avatar pour nous replonger dans la suite des aventures du vrai James…

Sir Sean Connery s’en va. Il est remplacé par George Lazenby. Qui ça ! GEORGE LAZENBY. Tout est différent, mais c’est un vrai James Bond, avec pour la première fois une chanson qui ne porte pas le titre du film et intitulée We have all the time in the world chantée par Louis Armstrong… Quand je vous dis que tout est différent !

Par la suite? les producteurs vont se raviser. Ils vont retourner à ce qui a fidélisé les premiers spectateurs, en renouant avec Sean Connery en James Bond et en faisant appel de nouveau à Shirley Bassey qui chante Diamonds are forever. Le film Les diamants sont éternels de Guy Hamilton (1971), va marquer un tournant avec le vrai/faux départ de Sean Connery qui tire sa révérence pour service rendu, sans compter que Roger Moore joue des coudes pour le pousser hors du champ de la caméra. L’acteur britannique veut également faire partie de l’aventure et avoir sa part du gâteau… bien qu’il ne soit plus vraiment jeune (il a 46 ans lorsqu’il tourne Live and Let Die en 1973).


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