TINA TURNER, LA « REINE DU ROCK'N'ROLL »
Tina Turner aura été une pionnière dans l’industrie de la musique outre-Atlantique en ayant récolté 12 Grammy Awards. Elle demeurera également la première artiste noire féminine à occuper la couverture du magazine "Rolling Stone". Ce dernier, qui l'avait affublé du qualificatif de « Reine du rock'n'roll », l’avait classée parmi les 100 plus grands artistes et interprètes de tous les temps. Elle était avant tout une femme à la forte personalité, une « boule de feu à la voix rauque », et pour beaucoup de personnes, la version féminine de James Brown.
© Heinrich Klaffs flickr.com – Tina Turner sur scène en 1972.
Née Anna Mae Bullock le 26 novembre 1939, Tina Turner a grandi à Nutbush, dans le Tennessee. Sa carrière, qui s’est étalée sur cinquante ans, se divise en deux parties distinctes.
Avant de bâtir sa carrière en solo, l’artiste aux multiples casquettes (chanteuse, actrice, auteure-compositrice, danseuse…) avait entamé son ascension aux bras de son mari, Ike Turner. Ils s'étaient rencontré en 1956, dans un club de Saint-Louis, ville où ils se marièrent et créèrent leur premier show basé sur la présence scénique de Tina, provocation sexuelle personnifiée, sensuelle et magnifique.
Commence alors une période de succès, marquée par les concerts électriques de la chanteuse dans lesquels le public, comme saisit par sa puissante voix, ses chorégraphies, ses chansons rock, R’n’B et pop, ne pouvait que succomber.
Si elle obtient son premier succès avec le single A Fool In Love, en 1960, c'est grâce au producteur Phil Spector que le couple connaîtra son premier hit, River deep, mountain high, en 1966. D'autres tubes suivront tels que Proud Mary de Creedance Clearwater Revival (1), Comme Together (des Beatles) ou With a little help from my friends (des mêmes Beatles). Cependant, malgré plusieurs reprises servies sur un plateau, la « Ike & Tina Turner Revue » accusera au fil du temps une certaine lassitude auprès du public, elle-même renforcée par une vie privée semée de violences conjugales. En tant que moitié du duo, la première carrière de la chanteuse s’arrêtera avec son divorce, en 1978, après seize ans de mariage et de nombreuses années difficiles.
1. Sortie en 1970 sur l’album Workin’ Together, Proud Mary est certainement l’un de ses plus grands classiques. Tina Turner avait notamment interprété cette chanson avec Beyoncé pour un duo inédit et mémorable à l'occasion du cinquantième anniversaire des Grammys Awards.
IKE & TINA TURNER : "PROUD MARY" (ORTF - Carpentier 1973)
Libérée des chaînes de son ex-mari, son indépendance artistique devait lancer sa seconde carrière. Sa “résurrection” surviendra en 1984, avec la sortie de l’album Private Dancer et son hit What’s Love Got to Do With It. En tant que “superstar de la pop internationale", capable d’exprimer toutes les émotions possibles, Tina Turner s’imposera progressivement comme une icône de la « Rock Music ». Au fil des années 80 et 90, elle se forgera une réputation scénique justifiée, dont la récompense, ou plutôt le record, sera de se produire devant plus de 180 000 spectateurs, lors d'un concert donné à Rio de Janeiro en 1988. Dès lors, sa renommée ne pouvait que suggéraient diverses sollicitations caritatives, parmi lesquelles figurera la chanson We are the World, aux côtés de Michael Jackson et Stevie Wonder.
© Badgreeb Pictures flickr.com – Tina Turner et Éric Clapton au Wembley Arena, le 18 juin 1987.
L'ACTRICE DE CINÉMA TINA TURNER
C’est au cours des années 1980 que Tina Turner apparaît pour la première fois sur les écrans de cinéma avec le film Mad Max : Au-delà du dôme du tonnerre. Dans ce long-métrage réalisé par George Miller, la chanteuse devenu actrice imposera sa voix à travers deux chansons, dont We Don’t Need Another Hero demeure la référence. Par ailleurs, Tina fera acte de présence dans Last Action Hero où elle apparaitra aux côtés d’Arnold Schwarzenegger, avant qu'un biopic ne lui soit consacré en 1993 ; un film adapté de son autobiographie, intitulé "Tina", et dans lequel l'actrice Angela Bassett incarne la performeuse.
En 1995, le titre GoldenEye, inclus dans la bande originale du film éponyme de la série James Bond, l'expose à nouveau sur le devant de la scène médiatique et vient confirmer son statut de méga-star de la musique, avant de poursuivre des tournées jusqu’en 2009 et d'envisager une retraite méritée.
TINA TURNER : "WE DON'T NEED ANOTHER HERO" (1985)
Ces dernières années, elle vivait paisiblement en Suisse, à Küsnacht, en compagnie de son second mari, le directeur musical allemand Erwin Bac. Toutefois, plusieurs drames sont venus endeuiller sa vie après la mort son fils aîné Craig par suicide en 2018, suivi en 2022 du décès d’un autre de ses fils, Ronnie, qui fut le mari de la Française Afida Turner.
Tina Turner laisse derrière elle une production prolifique, avec plus de 200 millions de disques vendus au cours de sa carrière. Selon Billboard, elle lègue un « héritage qui a influencé un vaste éventail de chanteuses, de Janis Joplin à Beyoncé et au-delà ». « Ses prestations étaient souvent si énergiques que les médias l’appelaient ‘TNTina’ » surenchéri le Los Angeles Times. Preuve de son empreinte indélébile sur la culture et la musique américaine, la Maison Blanche a immédiatement réagi à sa disparition, évoquant une « icône » et une « perte immense » pour l’Amérique. Fait rarissime, elle demeure l’une des rares femmes à avoir été intronisée deux fois. La première fois aux côtés d’Ike en 1991 et ensuite en tant qu’artiste solo en 2021.
Par D. Lugert (Cadence Info - 05/2023)
