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MUSIQUE & SOCIÉTÉ

LES ANNÉES 80, SES COMPILS MÉGAMIX ET CLIPS PROMOTIONNELS

Tout comme la « pub », le vidéoclip devient un art et place tous ceux qui dirigent la caméra comme de futurs artistes révolutionnaires...

Cette page est la suite de : Quand les vidéos clips du Top 50 révolutionnaient la carrière des chanteurs.


AUTOUR DES CLIPS DU ‘TOP 50’

Bien évidemment, souligner les réussites est louable, mais l’honnêteté du propos ne doit pas mettre sous silence les nombreuses difficultés rencontrées par les productions à faible budget. La réussite d'un clip repose alors sur la façon de présenter l’artiste sans avoir à dénaturer l’impact de sa chanson. Il existe pour cela des astuces. Le fond noir est par exemple pratique pour éviter tout décor (Elsa : T’en va pas - 1984). Bien plus subtil, l'utilisation du plan fixe, comme chez Claude Nougaro et sa chanson Il faut tourner la page (1987). Dans le clip, des mains s’écartent progressivement pour laisser voir le visage du chanteur à la toute fin de la chanson. Ces moyens minimalistes n’enlèvent rien à la chanson, car l’image touchant à l’interprète est préservée.

Le ‘Top 50’ jouait sur les idées pour faire exister une chanson. Dès qu’il y avait quelque chose à inventer et qui sortait, immédiatement à sa suite, de pales copies voyaient le jour. L’industrie musicale s’en chargeait et exploitait le filon jusqu’à plus soif. Les effets spéciaux étaient en tête. Il y avait ceux avec les fonds animés aux couleurs crues (Technotronic : Pump Up The Jam - 1988), et ceux qui utilisaient la technique du fond bleu. Utilisée depuis des années à la télévision lors des bulletins météorologiques, cette astuce permet de réaliser des fonds d'écran originaux par transparence. C'est très rapide à mettre en place et cela demande peu de moyens. À titre d’exemple, citons : Début de soirée : Nuit de folie (1988) et A Cau’s des garçons : A caus’ des garçons (1988). Chaque chanson ou presque trouvait sa solution. Kitch ou pas, basique ou recherché, ces décors virtuels devaient participer à la mise en valeur du chanteur ou du groupe.


COMPILS ET MÉGAMIX

À la fin de l’histoire du ‘Top 50’, le disque devient un produit d’appel pour la grande distribution. Le clip vu à la télé contribue aux achats compulsionnels. Le consommateur entre dans le supermarché pour de la nourriture, mais ne peut s’empêcher de repartir avec le dernier tube. Le CD est là, et suivant un code bien établi, de nombreuses « compils » sont bien mis en évidence : chanson, classique, rock, etc.

C’est aussi l’époque des mégamix. Le temps d’une chanson, l’auditeur écoute un montage sonore des différents tubes d’un artiste ou d’un groupe. Le mégamix poursuit un but, inciter le consommateur à l’acheter pour ensuite aller plus loin en se procurant le ‘Best of’. Dans le cas du mégamix, la télé joue un rôle crucial en diffusant un montage des clips vidéos les plus représentatifs de l’artiste, le tout en 30 secondes maxi. Bien qu’indigeste, Boney M, Village People ou Jive Bunny seront parmi les premiers à trouver cette formule à leur goût.


LE VIDÉOCLIP TAILLÉ POUR LE CINÉMA

Certaines chansons des années 80 auront parfois une mission à accomplir, celle de booster la vente des BO de musique de films, car depuis « La fièvre du samedi soir », les bandes originales ne voient plus leur avenir en jouissant du même anonymat. Une fois de plus, le clip devient un bon argument de vente en intégrant à la chanson fétiche des images de l’artiste mêlées à celles du film.

Le producteur Jerry Bruckheimer est à l’initiative de cette idée lumineuse qui, matraquée en télé, donne ensuite aux téléspectateurs l’envie de regarder le film. Résultat : des tubes de BO qui poussent comme des champignons ! Citons pour mémoire : Ray Parker Jr : Ghostbusters (SOS Fantômes - 1984), Huey Lewis and the News : The Power of Love (1985), Tina Turner : We Don’t Need Another Hero (Max Max 3 – 1985), Lionel Richie : Say You Say Me (White Nights – 1985), Bryan Adams I Do It For You (Robin Hood: Prince of Thieves – 1991), le sommet revenant au film Top Gun (1986) et à la chanson du groupe Berlin, Take My Breath Away qui se hissera à la première place du ‘Top 50’ durant plusieurs semaines. En revanche, rares sont ceux aujourd’hui qui se souviennent de la chanson « On se retrouvera » de Françis Lalanne que l’on entend dans le film d’Alain Delon, Le passage (1987), et qui a été pourtant 'Numéro 1' du ‘Top 50’ durant 6 semaines. L'échec du film en serait-il la cause ?


BERLIN : TAKE ME BREATH AWAY (clip promotionnel de la BO du film 'Top Gun' (1986)

LA FIN D’UNE ÉPOQUE

Le 3 septembre 1993, après 9 ans de bons et loyaux services, l’émission ‘Top 50’ de Canal Plus disparaît avec le départ de son animateur Marc Toesca. On retiendra des clips de cette époque qu’ils pouvaient être grivois, explosifs, ratés ou tendances, mais aussi qu’ils ont su répondre à l’attente du scénario mis en place par l’industrie musicale. L'important n'était-il pas d'écouler un maximum de disques ? Rien d’original à cela, me direz-vous, toutefois cet âge d’or a aujourd’hui disparu.

La crise du disque des années 2000, le streaming, le téléchargement illégal sur Internet ont modifié en profondeur le comportement du consommateur de musique. Le rôle de vulgarisation joué par les chaînes spécialisées a pratiquement disparu. Le Web est venu remplacer cela à sa façon. Toutefois, étant donné le potentiel des choix, présents et passés, et la diversité des utilisateurs, il est certain qu'Internet ne sera jamais en mesure de relever le défi du passé, de trouver cette folie, ce vent de liberté et d’audace qui soufflaient dans les années 80.

Par définition et par défaut, le Web est un support qui individualise, alors que la télévision rassemble des individualités (le football est un très bon exemple). Les supports actuels n'ont eu pour effet que d'absorber et de priver de sens toute cette période. Le seul « palliatif » reste la scène. Cette époque, que les moins de vingt ans n’ont pas connus, a trouvé grâce en 2013 avec le retour d’anciennes stars des années 80 (le groupe Images, François Feldman, Jeanne Mas, etc.). Est-ce un hasard ? Pas vraiment, à en juger par le public qui répondit présent lors de la tournée « Stars 80 ». Faut-il y voir là un secret espoir que tout n’a pas encore été oublié ?

Par Elian Jougla (Cadence Info - 04/2018)

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