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JAZZ ET INFLUENCES


BOBBY McFERRIN BIOGRAPHIE PORTRAIT - LE RÉFORMATEUR DU JAZZ VOCAL

Révélé au début des années quatre-vingts, comme purent l’être Leon Thomas et Gil Scott-Heron pour les deux décennies précédentes, le New-yorkais Robert (Bobby) McFerrin fut immédiatement signalé comme le nouveau réformateur du jazz vocal…


LES PREMIERS PAS

Ses parents, tous deux chanteurs d’Opéra, ne tardent pas à lui faire prendre ses premières leçons musicales, dès l’âge de six ans. Le piano, tout d’abord, puis la clarinette et la flûte, sont étudiés en alternance avec le chant qu’il pratique dans la chorale de son église.

En Californie, il effectue son cycle universitaire et débute par la suite comme pianiste. En 1976, il forme le Bobby Mac Jazz Quartet en tant que pianiste-chanteur avant de retourner sur les bancs de la Sacramento State University et du Cerritcs College de Norwalk. L’itinéraire se poursuit à la Nouvelle-Orléans où il chante dans le groupe Astral Project, avant de le retrouver à New York un an après, en 1979, aux côtés de John Hendricks.

À partir des années quatre-vingts, la notoriété de Bobby McFerrin ne cesse de grandir grâce à ses apparitions de plus en plus nombreuses. Le Playboy Festival l’accueille à Hollywood, il enregistre avec Pharoah Sanders en 1980… et traverse une triomphale tournée avec George Benson après un passage remarqué au Festival de Newport l’année qui suit.


LA MUSIQUE EN CADEAU PARTAGÉ

Après avoir enregistré son premier disque en 1982, le membre révélé des « Young Lions » au Kool Jazz Festival commence à se produire seul en scène sur un répertoire varié, alternant au jazz et à la soul ses amours pour la musique rock et classique. À partir de 1984, de San Francisco à la Nouvelle-Orléans, sa carrière alterne entre la pratique scènique et l’enseignement.

Bobby Mc Ferrin conduit de front ces deux activités, la seconde le conduisant à devenir directeur musical du Saint Paul Chamber Orchestra en 1994 ; un poste spécialement créé à son intention et pour lequel il se produit de temps en temps lors de tournées en compagnie d’orchestres symphoniques comme le 'San Francisco Symphony', le 'New York Philharmonic' ou le 'Chicago Symphony Orchestra'. La clé de voûte de ces récitals est toujours focalisée autour d’un ou de plusieurs a cappella pour lesquels le public, mais aussi les musiciens de l’orchestre participent.


BOBBY McFERRIN : IMPROVISATION AUTOUR D'UN BLUES


La générosité, le dévouement artistique de McFerrin conduisent aussi ses pas dans des activités de bénévolat en tant que professeur de musique et conférencier, activités qu’il partage avec son fils Taylor, lui-même chanteur et rappeur.

Ses dispositions vocales font le bonheur des artistes qui croisent sa route. Bobby McFerrin se distingue aux côtés de musiciens jazz comme Grover Washington Jr., Chico Freeman, Chick Corea, dans le VSOP d’Herbie Hancock ou auprès de musiciens classiques comme le violoncelliste Yo-Yo Ma. Ses activités le conduisent également à participer à des musiques de films : Autour de Minuit (1986), Cocktail (1988), Son of the Pink Panther (1993), et à l’un des premiers courts métrages des studios Pixar, Knick Knack (1987).


UN STYLE VOCAL MINUTIEUSEMENT ÉTUDIÉ

McFerrin aura attendu l’âge de 32 ans pour enregistrer son premier disque. Durant les années qui ont précédé, le chanteur n’a eu de cesse de développer son style musical en se démarquant autant que possible des autres interprètes afin d’asseoir sa propre personnalité. L’histoire raconte, qu’influencé par le pianiste Keith Jarrett, il aurait calqué sa façon d’aborder l’art de l’improvisation pour l’appliquer d’une façon toute personnelle sur scène. Toujours est-il que son style est neuf, sans héritage particulier.

En 1988, le public retient la chanson Do Not Worry, Be Happy, un immense succès pour l’artiste qui utilise alors les possibilités techniques des studios d’enregistrement en utilisant seulement sa voix et les effets sonores qu’elle peut produire : basse, percussion, etc. Le succès de cette chanson sera récupéré à des fins politiques comme support à la campagne officielle de George HW Bush en 1988. Exploitée sans autorisation, la réaction du chanteur sera immédiate au point de ne plus chanter en public !

Cette technique de voix en polyphonique servira de modèle à toute une génération de chanteurs. Et si le procédé n’est pas nouveau, jusqu’alors il n’avait été conduit avec autant de bonheur. McFerrin fait usage de sa bouche, mais aussi de coups qu’il s’inflige sur sa poitrine afin de produire divers bruits de percussion.

L’album The Voice (1984), enregistré en live, démontre toute la place prise par l’improvisation lors de ses concerts. Le chanteur n’hésite pas à y faire participer le public, tout heureux d’échanger avec lui. Comme le pianiste Chick Corea, qui s’appuyait sur des onomatopées lancées par le public pour improviser, Bobby McFerrin utilise le même stratagème qui consiste à transformer le public en une véritable chorale, sans préparation d’aucune sorte.

Bobby McFerrin ne prévoit pas toujours ce qu'il va chanter sur scène. Il puise ses ressources autant chez les artistes pop, comme les Beatles, que chez J. S. Bach (Le clavier bien tempéré). Un éventail fort large qu’il entoure de quelques facéties scéniques alliées de prouesses vocales inouïes (McFerrin est capable de chanter deux voix simultanément).


DISCOGRAPHIE BOBBY McFERRIN

  • Bobby McFerrin (1982)
  • The Voice (1984)
  • Spontaneous Inventions (1986)
  • Elephant's Child (1987)
  • Simple Pleasures (1988)
  • Bobby's Thing (1988)
  • How the Rhino Got His Skin / How the Camel Got His Hump (1990)
  • Medicine Music (1990)
  • Play, with Chick Corea (1990)
  • Hush, with Yo-Yo Ma (1992)
  • Many Faces of Bird (1991)
  • "The Siamese Cat Song" (1991)
  • Somewhere over the Rainbow (1993)
  • Sorrow Is Not Forever (1994)
  • Paper Music (1995, avec le St. Paul Chamber Orchestra)
  • Bang! Zoom (1995)
  • The Mozart Sessions, avec Chick Corea (1996)
  • Circlesongs (1997)
  • Beyond Words (2002)
  • Konzert für Europa -The Schönbrunn Concert (2004)
  • Live in Montreal (DVD, 2005)
  • Vocabularies (2010)
  • Spirit you all (2013)

Participations (sélection)

  • Pharoah Sanders, Journey to the One (Theresa, 1980)
  • Grover Washington, Jr., The Best Is Yet to Come (1982)
  • Various Artists, The Young Lions (1983)
  • Charles Lloyd Quartet, A Night in Copenhagen (Blue Note - 1984)
  • Various Artists, A Tribute to Thelonius Monk (1984)
  • Chico Freeman, Tangents (1984)
  • The Manhattan Transfer, Vocalese (1985)
  • Weather Report, Sportin' Life (1985)
  • Joe Zawinul, Di•a•lects (1986)
  • Round Midnight (musique de films - 1986)
  • Al Jarreau, Heart’s Horizon (1988)
  • Quincy Jones, Back on the Block (1989)
  • Laurie Anderson, Strange Angels (1989)
  • Gal Costa, The Laziest Gal in Town (1991)
  • Dizzy Gillespie, Bird Songs : The Final Recordings (Telarc - 1992)
  • Yellowjackets, Dreamland (1995)
  • George Martin, In My Life (prestation sur Come Together avec Robin Williams - 1998)
  • Béla Fleck and the Flecktones, Little Worlds (2003)
  • Chick Corea, Rendezvous in New York (2003)
  • Wynton Marsalis, The Magic Hour (2004)

Par E. de S.M. (Cadence Info - 01/2016)

À CONSULTER

LE SCAT, LE LANGAGE DU CHANTEUR DE JAZZ

Rivalisant avec les instruments et constitué à son origine de syllabes ou d'onomatopées de fantaisie, le scat n'a eu de cesse d'évoluer et de prendre une place toujours plus importante dans l'histoire du jazz...


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