UN BRILLANT MULTI-INSTRUMENTISTE
Ce personnage de légende est né dans l’ouest de l’Angleterre, à Cheltenham, le 28 février 1942. Son père est ingénieur dans l’aéronautique et sa mère professeur de piano. La musique influence très tôt ses jeunes années. Après un court séjour comme vendeur dans un magasin d’appareillage électrique, il forme son premier groupe, les Ramrods.
En 1961, il part pour Londres avec un rêve qui le poursuit : être musicien professionnel. Après plusieurs fugues en Europe qu’il parcourt en jouant de l’harmonica à la terrasse des cafés, Brian retourne finalement en Angleterre. Au Bricklayer’s Farm, à Londres, il rencontre Mick Jagger et Keith Richards et, à l’automne 1962, les Rolling Stones sont définitivement formés.
© picryl.com – Portrait Brian Jones (1965)
Brian Jones jouera un rôle tout particulier dans le succès du groupe. C’est lui d'abord qui lance la coupe de cheveux des Stones. Très conscient de l’image du groupe, il est avec Mick Jagger celui que l’on remarque le plus. Ce dandy, fidèle à la « Mod-Fashion », se révèle comme un musicien complet et talentueux. Spécialiste des « miscellaneous » (instruments divers et originaux), il poussera sans cesse les Stones vers de nouveaux horizons musicaux.
Brian Jones sera en effet le premier musicien anglais avec George Harrison à utiliser le sitar qui procurera aux chansons Paint it black (avril 1966), 19th nervous breakdown (février 1966) et à Who’s been sleeping here (janvier 1967), cette couleur si particulière et ce ton novateur dans la musique des Rolling Stones. On le retrouve également à la flûte dans Ruby Tuesday, au dulcimer dans Lady Jane, voire à l’accordéon dans Back Street Girl ou au xylophone dans Under my thumb.
THE ROLLING STONES : "UNDER MY THUMB" (1966)
DÉBOIRES ET VIE SUICIDAIRE
Éprouvé physiquement par les tournées incessantes du groupe et par l’importance grandissante prise par Mick Jagger et Keith Richards (avec la complicité d’Andrew Oldham), Brian Jones est de plus en plus absent des sessions de studio. Sa position, d’abord incontestée au sein des Rolling Stones dont il fut, on l’oublie trop souvent, le leader, est entamée dès juin 1964 durant la première tournée américaine du groupe, quand deux titres sont enregistrés à Los Angeles sans sa présence.
© Rock&Folk – Brian Jones faisant la couverture de Rock&Folk en août 2019, 50 ans après sa disparition.
S'engageant dans un mode de vie démesuré, Brian Jones ne reculera devant rien. Outre l'usage abusif de la drogue et de l'alcool, il enchaînera les déboires sentimentaux (il aura six enfants de ses diverses relations) avant que ses tracas avec la justice britannique ne le rattrapent. Son équilibre psychologique, comme en sursis, finira par s'effrondrer jusqu'à perdre pied. Le musicien se révèle alors dans l'incapacité de demeurer un Stone à part entière, comme le démontre l’enregistrement du Rock’n’Roll Circus, le 12 décembre 1968.
Le 8 juin 1969, il quitte le groupe, promptement remplacé par Mick Taylor. Un mois plus tard, le 4 juillet 1969, il est retrouvé mort, flottant dans la piscine de sa maison d’Hartfield (Sussex). Le rapport d'autopsie révélera une « mort par accident » due à l'absorption massive d'amphétamines et d'alcool, corroborée par un foie et un cœur hypertrophiés.
Le lendemain, King Crimson, Alexis Korner, Family et les Rolling Stones rendront hommage à cet enfant terrible de la « Pop Music ». Lors du concert de Hyde Park en hommage à l'artiste disparu, Mick Jagger vêtu d'une tunique blanche récita ce poème de Shelley : « Peace, peace ! He is not dead, he doth not sleep / He hath awakened from the dream of life / Tis we, who lost in stormy visions, keep / With phantoms an unprofitable strife… » (Paix, paix ! Il n'est pas mort, il n'est pas endormi / Il s'est réveillé de ce rêve qu'est la vie...)
S'ajoutant à la longue liste des artistes disparus à l'âge de 27 ans : Jimi Hendrix, Janis Joplin et Jim Morrison – pour ne citer que ceux qui brûlèrent leur talent en pleine période Pop –, Brian Jones demeurait à jamais la figure de proue du navire amiral de la « rock music » anglaise, les bien nommés Rolling Stones. John Lennon, comme pour saluer sa position influente au sein du groupe, avait dit quelques années plus tôt que si un jour les Stones devaient se séparer, « cela serait sur le cadavre de Brian Jones ».
BRIAN JONES : "TAKE ME WITH YOU MY DARLING, TAKE ME WITH YOU"
(extrait de l'album hors-sol et avant-gardiste "Brian Jones presents the pipes of Pan at Joujouka")
Tout avait été dit ou presque, car en novembre 1971, quelques mois après la publication de Sticky Fingers, sortait Brian Jones presents the pipes of Pan at Joujouka, un album produit et enregistré par le jeune artiste au Maroc en 1966 et dont la teneur préfigurait déjà l’intérêt que le public et les musiciens occidentaux allaient bientôt porter à la musique arabe.
Par D. Lugert (Cadence Info - 05/2023)
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