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ERIC CLAPTON À LA RENCONTRE DU BLUES ET DE SES LÉGENDES

Eric Clapton… que dire de ce musicien qui incarne à lui tout seul tout un pan de la guitare électrique des années 60 aux années 80. Adepte de cet instrument depuis son adolescence, Clapton va être inspiré par les grands bluesmen américains tels Muddy Waters, Sonny Boy Williamson, B. B. King, Freddy King, Buddy Guy, Oris Rush ou Little Walter.


CLAPTON ET LES LIENS DU BLUES

Si, auprès de ses fans, il demeure un brillant guitariste souvent honoré, en revanche, sa carrière est faite de hauts et de bas. Durant les années 70, il abandonne pour un temps la musique blues pour voyager vers des rivages musicaux plus commerciaux, signant quelques succès country et reggae… Véritable musicien caméléon, Eric Clapton a prouvé que son registre musical était considérable. Plus versatile que Jimi Hendrix et Jimmy Page, il demeure l’une des grandes figures de la Pop Music anglo-saxonne.

À ses débuts, Clapton intègre et ‘désintègre’ les groupes auxquels il participe. Après un court passage dans la formation John Mayall and The Blues breckers (1965/1966), il forme Cream (1966/1968) avec Ginger Baker et Jack Bruce. Groupe au blues teinté de psychédélisme, Cream sert de tremplin expérimental à Clapton qui voit là l’occasion de perfectionner la maîtrise de son chant et de son jeu guitaristique. Puis ce sera le tour de Blind Faith (1969), groupe prometteur, mais éphémère, de Demaney, Bonnie and Friends (1970) et de Derek and The Dominos (1970), qui est à ce jour, sa meilleure formation.

Pour Clapton, le dénominateur commun de tous ces groupes, et malgré leur différence, est d’être musicalement proche du blues. Un blues bien sûr déraciné de ses origines, mais un blues que Clapton aime revisiter et qu’il dévoile à ses admirateurs quand il prend possession du manche de sa guitare. C’est dans ces moments-là que la magie opère, quand le guitariste s’épanche dans de longs solos inspirés… Malgré la drogue, malgré les cures de désintoxication, malgré les échecs, Eric Clapton suivra toujours de près cette route du blues, cette route qui l’inspire.

À l’âge de 15/16 ans, un de ses amis lui fait découvrir la musique de Robert Johnson. Pour Clapton, c’est un choc. Johnson était un musicien qui ne cherchait pas à plaire. Il ne jouait pas pour le public. Son jeu n’épousait pas les sacro-saintes règles de l’harmonie. Cette attitude, assez rare dans le milieu musical, avait suffi à enflammer le cœur du jeune guitariste.

Tout comme Keith Richards, Clapton aimait cette musique et ses héros. Dans le blues, les groupes se formaient parfois sur place, à l’occasion des tournées ou lors des séances de studio. Cette part d’improvisation n’évitait pas les faux pas, les malentendus musicaux ou autres, mais la musique blues se vivait souvent ainsi. C’est ce qui faisait sa force, son authenticité.

Alors étudiant à Kingston, dans la proche banlieue de Londres, Eric Clapton allait écouter les groupes phares du moment : Alexis Corner, Cyril Davies, The Rolling Stones… John Mayall sortait du lot, parce que peut-être chez lui, la simplicité du blues n’était pas entachée d’une quelconque technique jazz, comme chez Alexis Corner. En Angleterre et à l’inverse des États-Unis, le blues des années 60 n’était pas rattaché aux musiciens Noirs, il y avait place pour inventer autre chose… Et peut-être bien un blues anglais conçu par des blancs. Pour un puriste de cette musique, il est évident qu’en reprenant des classiques du blues américain, Clapton n’imite pas, il joue à sa manière ce que lui inspire cette musique.

© Stone D59 (wikipedia) - Eric Clapton (1974)


ERIC CLAPTON, SONNY BOY WILLIAMSON ET MUDDY WATERS

Little Walter sera le premier bluesman que Clapton rencontrera. De passage au Marquee Club de Londres, Little Walter était apparu saoul, mais malgré son ivresse et quelques maladresses, le guitariste gardait assez de lucidité pour jouer un blues inspiré. Pour Clapton, là était l’essentiel, car le blues n’est pas seulement un genre musical, c’est une religion dans laquelle il faut savoir garder sa place. Au contact de Muddy Waters, de Sonny Boy Williamson ou de Howlin’ Wolf, Clapton va apprendre qu’aimer le blues ne suffit pas à faire du musicien, un bluesman. Bien qu’il ait déjà un pied dans la musique rock, le jeune guitariste ne voulait pas abandonner au moment où il rencontrait ces talentueux bluesmen. C’était, pour lui, comme une leçon d’école dirigée par des maîtres exigeants.

Au sein des Yardbirds, il a l’occasion de jouter avec un de ses héros : Sonny Boy Williamson. Lors de la confrontation entre les deux hommes, Williamson ne cache pas sa désapprobation. La musique des Yardbirds n’est pas assez blues et se plie trop facilement aux concepts de la musique 'pop'. Clapton s’aperçoit rapidement de ses limites, de ses travers. Williamson n’était pas du genre à laisser traîner quelque chose derrière lui. Chaque détail avait son importance. Eric Clapton : « À cette époque-là, je ne comprenais pas la différence entre connaître une chanson et la posséder intimement. Je croyais qu’il suffisait de connaître la tonalité et le tempo, je ne réalisais pas à quel point les détails sont importants. Je ne voyais pas l’importance de coller fidèlement à une mélodie, à une clé de guitare, à une intro, à un solo. » (source : A conversation with Eric Clapton, par Peter Guralnick – 1990)

En 1975, sa reprise de I Shot the Sheriff de Bob Marley le positionne numéro 1 des charts américains et deux ans plus tard, fortement influencé par J. J. Cale, il reprend Cocaïne qui devient également un tube, dépassant de loin la notoriété de l’original. Pourtant, à cette époque, Clapton est en plein désarroi, après ses problèmes liés avec la drogue, il ne croit plus en ses qualités de bluesman, ni de chanteur et cherche l’inspiration ailleurs, dans d’autres musiques.

En 1979, le bluesman Muddy Waters, va alors jouer un rôle important en participant à sa tournée. Grâce à sa présence et à ses conseils avisés, le vétéran du blues va consolider le caractère de Clapton et l’aider à reprendre confiance en lui. Dès lors, son jeu de guitare va se recentrer sur le blues. Mettant au programme quelques grands classiques du répertoire, il va repérer leurs points forts et les adapter comme à ses débuts, mais avec l’expérience en plus…

« En blues, le plus important n’est pas ce qui est dit, mais comment c’est dit. » La virtuosité n’étant pas l’épicentre du blues, elle n’est pas non plus celle du jeu de Clapton. Le guitariste en est conscient et c’est peut-être pour cela que cette musique lui convient bien. Émouvoir et garder le cap, n’est-ce pas là l’essentiel du message apporté par la musique blues ?… Eric Clapton : « C’est une discipline qu’il faut intégrer pour la rendre possible. En surface, le son de la musique vous submerge. Toutes les images affluent alors dans votre tête. Si j’ai un concert ce soir avec Buddy Guy, je vais évoquer tout ce qui me ramène à la première fois où j’ai entendu Robert Johnson ou Little Walter jouer live. Tout est là, dans ma tête, il n’y a qu’à puiser. »

Patrick Martial (Cadence Info - 09/2011)
(source : A conversation with Eric Clapton, par Peter Guralnick – 1990)

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