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LES INFLUENCES SOUL ET JAZZ DANS LA MUSIQUE AFRO-AMÉRICAINE

Musicalement, les années 60 seront d’une effervescence incroyable en plaçant la musique afro-américaine dans le sillage d’un rock blanc qui ne cesse de vouloir affirmer son autorité...

Cette page fait suite à : Les musiques afro-américianes et ses légendes.


LA MUSIQUE AFRO-AMÉRICAINE TOUJOURS À L'ÉCOUTE DU JAZZ

À la charnière des années 60, le free jazz donne le signal en proposant une musique sans compromission, tandis qu’au même moment une soul imaginative et sophistiquée propose ses premiers rythmes funk, dansants et irrésistibles, et dont James Brown devient la figure de proue. Le personnage légendaire et mythique de la soul redorera le mot « groove », mais surtout il incarnera la rythmique dans ce qu’elle a d’essentiel, en la mixant bien en avant. Cette transe rythmique transformera les musiques afro-américaines à venir tout en lui rappelant ses origines, créant un lien évident entre le physique et le mental.

Le plus étonnant dans l’histoire des musiques afro-américaines, c’est que l’inspiration ne produit pas de compétition ou si peu. Pourtant, l’ambition est là, aussi bien chez les ténors du jazz, de la soul que du rhythm and blues, mais leur préoccupation première n’est pas d’accaparer un territoire déjà occupé, mais au contraire de s’affirmer en produisant leur propre identité, leur propre sonorité. Du cri au rythme endiablé en passant par la suave mélodie, ils auront chacun une certaine fierté à savourer leur indépendance musicale, à retrouver une certaine grandeur d’âme, un humanisme assumé.

Il existe aussi des artistes noirs qui se sont "frottés" à la musique des Blancs. Ceux-là seront rangés dans la catégorie « rock », comme Jimi Hendrix. La courte carrière du guitariste gaucher a, elle aussi, transformé la relation identitaire entre une musique et un son. Son vocabulaire principal qui est le blues saura se marier à un rock psychédélique, lui-même éclos du mouvement social hippie. Hendrix est l’un des derniers bluesmen à avoir révolutionné le genre en développant une technique toute personnelle au jeu moderne et puissant. Son empreinte est encore très présente auprès des guitaristes d’aujourd’hui.

Toutefois, le meilleur fil conducteur de la musique afro-américaine moderne est sans nul doute Miles Davis. Le trompettiste était un découvreur de talent et chaque artiste qui devenait son accompagnateur bénéficiait de son aura durant toute la durée de sa carrière. Issu du bop, Miles n’aura de cesse de partir à l’aventure, de défricher de nouveaux espaces sonores en naviguant aux confins de toutes les musiques.

Sensible au son, qu’il soit acoustique ou électrique, il était à l’écoute des nouvelles tendances, mais surtout il écoutait bien. Du jeu volubile des débuts, celui-ci deviendra plus rationnel. Le corps à corps avec « la note » deviendra essentiel, l’espace sonore également. C’était un visionnaire qui provoquait chez les autres musiciens le devoir de revoir leur copie. Vivre avec l’acquis, c’était pour les autres, mais pas pour lui. Sa dernière ascension musicale se focalisera autour du hip-hop au tournant des années 90.


MICHAEL JACKSON, THE KING OF THE POP

S’affranchir des barrières. Repousser les limites. Pour certains cela s’accompagnera d’un titre de noblesse… La future étoile montante de la musique afro-américaine, Michael Jackson, s’autoproclamera « The King of the Pop », en référence à Elvis Presley.

Lorsque sortira l’album Thriller en 1982, sur des arrangements signés en partie par Quincy Jones, Michael Jackson produira une musique de synthèse, mélangeant très habilement tous les genres et en faisant appel à des musiciens issus de la scène rock (Paul McCartney, Eddie Van Halen, Jeff Porcaro…) comme blues et jazz (Jimmy Smith, David Foster, Larry Williams, Gary Grant). Billy Jean, Beat It, Thriller..., ce sont des mélodies, des riffs, des lignes sonores reconnaissables dès les premières notes ; de véritables témoignages d'une époque en pleine révolution médiatique.

Michael Jackson poursuivait un but qui, finalement, n’était que le prolongement de ses prédécesseurs, James Brown, Marvin Gaye ou Stevie Wonder : rendre la musique universelle pour qu’elle plaise à tout le monde. Thriller apporta une première réponse. Cependant, la comparaison s’arrête là, car Michael Jackson n'était pas seulement un chanteur, mais aussi un danseur accompli et imaginatif qui possédait un sens du rythme hors du commun, un artiste complet qui avait le sens du spectacle et qui avait su vendre son image grâce aux clips. Nul doute, Michael Jackson a toujours voulu devancer son époque.

Propulsé sur les planches dès le plus jeune âge en compagnie de ses frères (The Jackson Five), l’enfant de la Motown appartenait au spectacle, comme le spectacle lui appartenait, et s’il signe avec ses frères d’énormes succès pour la célèbre compagnie discographique, il ne parviendra à la maturité musicale et à créer son propre univers qu’au moment où sa carrière solo débutera.

Malheureusement, le désir de briller, qui constitue l’objectif premier de nombreux artistes, se retournera contre lui. Mal conseillé, cerné par la crainte du lendemain, par la peur d’être dépassé, et à laquelle on peut ajouter celle plus maladive du vieillissement qui le conduira à vivre plusieurs transformations physiques, Michael Jackson désirait si bien incarner l’ange d’une musique universelle qu’il finira par perdre tous les repères essentiels qui l’avaient conduit au succès.


AD LIBITUM

En moins d'un siècle, la musique afro-américaine a parcouru un chemin extraordinaire, comme si le tempo n’avait eu de cesse de vouloir tout accélérer. Cette volonté farouche de s'émanciper de la tutelle des Blancs conduira aussi à des espoirs déchus. L’histoire du peuple afro-américain ne s’ouvre pas sur des pages de paix, mais sur des pages tâchées "rouge sang". Face aux luttes incessantes contre le conservatisme, le racisme et l’injustice, les légendes de la musique afro-américaine ont contribué dans une certaine mesure à la libération des mentalités. L’une après l’autre, elles ont modifié le cours de l’histoire des États-Unis. En 2009, la disparition de Michael Jackson et l’émotion qu’elle suscita à travers la planète est le parfait témoigne du chemin parcouru, notamment en ce qui concerne les liens fraternels qui harmonisent les peuples d’aujourd’hui. En chantant Hallelujah I Love Her So, Ray Charles n'avait-il pas raison ?

Par Elian Jougla (Cadence Info - 03/2015)


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