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JAZZ ET INFLUENCES


LA PLACE DES FEMMES DANS LE BLUES ET LE JAZZ

On ne célèbrera jamais assez le travail et tout le talent de ces nombreuses pianistes et chanteuses qui ont contribué à la prospérité des musiques blues et jazz.


QUAND LE TALENT SE CONJUGUE AU FÉMININ...

Les pionnières, telles Lil Hardin Armstrong, épouse de Louis Armstrong, la pianiste Hazel Scott, épouse du député Adam Clayton Powell ou les Smith qui ont pour prénom Bessie, Mamie ou Trixie, sont toutes devenues des reines du blues. N’oublions pas Alberta Hunter, Ethel Waters, Ma Rainey et la troublante Billie Holiday. Mais la musique blues, ce sont également des femmes guitaristes : Sœur Rosetta Tharpe, Bonnie Raitt, Rory Block, Susan Tedeschi, Sue Foley et Eve Monsees.

Si les femmes sont les premières à enregistrer le blues (le Crazy Blues de Mamie Smith est enregistré en 1920), celles d’aujourd’hui revendiquent leurs droits à travers une musique plus proche des courants folk, pop et rock. Au fil du temps, elles ont étoffé leur capacité créatrice en devenant auteurs, compositeurs et chef d’orchestre.

L’histoire du jazz a révélé de nombreuses femmes pianistes : Mary Lou Williams, la reine du swamp-boogie, Katie Webster, également célèbre pour ses boogie-woogies, la pianiste Toshiko Akiyoshi, qui a traduit le bop en utilisant la musique traditionnelle japonaise, et plus près de nous, Tania Maria, pour qui les rythmes brésiliens n’ont plus de secret et Carla Bley qui habille comme jamais ses musiques aux sons d’un certain jazz avant-gardiste.

Dans les milieux blues et jazz, ce sont surtout les femmes pianistes qui vendent le plus de disques. Quand la canadienne Diana Krall sort en 1999 When I Look in Your Eyes, l’album devient le premier disque de jazz sélectionné comme ‘Album de l’année’ (ce n’était pas arrivé depuis 20 ans !). Ne boudons pas Norah Jones et ses musiques aux confluences du folk et de la pop. La chanteuse, admiratrice de Bessie Smith depuis longtemps, est capable d’interpréter un blues à la façon des années 20, si le cœur lui en dit.

Aujourd’hui, les grandes pointures du blues ont bien changé. Déjà, du temps héroïque de la musique pop, quand Janis Joplin chantait Summertime, le blues amplifié virait au mariage rock en devenant une énergie ‘cosmique’ au sein de la communauté hippie. L’émotion palpable de ses racines s’était transformée.

Mais qu’importe la forme ou le fond, le blues, qu’il soit habillé d’effets ou interprété de manière épuré, demeure encore aujourd’hui une musique essentielle dans le cœur des hommes. Il est une source d’inspiration pour les musiciens, mais également pour les poètes et les peintres (comme le cubiste Mondrian et le peintre abstrait Jackson Pollock). Les auteurs Langston Hugues et Ralph Ellison témoigneront de certaines influences blues dans leur écriture, tandis que James Baldwin ira jusqu’à évoquer la cadence vocale de Bessie Smith comme source d’inspiration.

La magie du blues est d’être une musique sans âge, toujours renouvelée par de nouvelles générations d’artistes. En dénonçant le système économique, la société et une certaine injustice, la musique rap ne prend-elle pas sa source dans un blues aux allures contemporaines ? Peut-être bien ! Et comme le souligne l’écrivain Christopher John Farley dans le livre ‘Piano Blues’ : « Aimer le blues, c’est embrasser le monde, c’est nager contre le courant. Et comme le blues n’est jamais à la mode, quand on l’aime, on est toujours à contretemps. C’est un peu aimer quelqu’un qui ne vous aimera jamais. C’est ça l’amour. C’est la vie. C’est le blues… »

 

par Patrick Martial (Cadence Info - 11-2011)


QUELQUES ENREGISTREMENTS INCONTOURNABLES

Sister Rosetta Tharpe – Gospel Train (MCA)
Marion Williams – The New Message (Atlantic)
Mahalia Jackson – The Greatest Hits (CBS)
Gertrude ‘ma’ Rainey – Mother of the blues (Milestone)
Bessie Smith – The World Greatest blue singer (CBS)
Billie Holiday - Lady Sings the Blues (Verve - 1956)
Lil Hardin Armstrong - Chicago : The Living Legends (Original Jazz Classics - 1961).
Hazel Scott – Relaxed Piano Moods (Debut Records – 1955/1985)
Marcia Ball – So Many Rivers (Alligator – 2003)
Cassandra Wilson – Blues Skies (Verve – 1988)
Cassandra Wilson – Blue Light ‘til Dawn (Blue Note – 1993)
Norah Jones – Come Away with me (Blue Note – 2002)
Rory Block – Best Blues ans Originals (Rounder – 1987)
Deborah Coleman – Soul Be It ! (Blind Pig – 2002)
Lucinda Williams – World Without Tears (Lost Highway – 2003)

À CONSULTER

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Que reste-t-il du blues, du vrai, de l'authentique blues aujourd'hui ? Il s'est transformé et s'est adapté au fil du temps et des musiques naissantes : hip-hop, musique électro, rap, l'on adopté chacun à leur façon.


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