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CLASSIQUE / TRADITIONNEL


LEXIQUE D’OPÉRA, PETIT MAIS UTILE

Arietta, Bel Canto, Cabalette, Falsetto, Récitatif… Tous ces mots proviennent de la musique d’opéra. Retrouvez-les dans ce petit lexique destiné à lever le voile sur son vocabulaire méconnu.


Air : solo vocal d’opéra mesuré et en vers rimés et construit selon un schéma défini. Destiné à traduire les émotions des interprètes, il s’oppose au récitatif. Certains airs portent un nom particulier à cause de leur rôle dans l’opéra ou d’après le nom du personnage qui les chante (airs de la Reine de la Nuit dans La Flûte enchantée de Mozart).

© F. Marcotte - Représentation illustrée de l'opéra Phryné de Camille Saint-Saëns et Lucien Lassus (1893)

Arietta : air léger et court qui se chante avec paroles et accompagnement. Les vaudevilles se sont nommés longtemps et se nomment encore comédies à ariettes.

Arioso : morceau chanté tenant à la fois du récitatif et de l’air. Comme le premier, il fait avancer l’action tout en ayant le lyrisme et le pouvoir expressif du second.

Barcarolle : morceau dont la mesure ternaire et l’accompagnement régulier imitent le mouvement des vagues sous la barque et évoquant le chant de mariniers, en particulier celui des gondoliers de Venise.

Baroque : qualifie la période de l’histoire de la musique qui va du milieu du 17e siècle à celui du 18e siècle. Se caractérise par une musique très ornementée à l’intérieur de structures strictes.

Basse bouffe : catégorie particulière de basse à laquelle on confie des rôles de valets ou de vieilles personnes ridicules. Les airs contiennent souvent des notes répétées produisant un effet comique (Air de Don Pasquale de Donizetti).

Basse-taille : terme désignant dans l’opéra baroque français, notamment chez Lully et Rameau, les voix d’hommes intermédiaires, correspondant à une tessiture de baryton.

Bel canto : expression italienne signifiant « beau chant ». Style dans lequel une place plus importante est accordée à la mise en valeur des qualités vocales d’un artiste au détriment des paroles ou même de l’action.

Cabalette : dans les opéras de type bel canto, seconde partie d’un air en deux volets permettant au chanteur de faire étalage de quelques pyrotechnies vocales. Comporte généralement, juste avant la fin, une note élevée que l’interprète tient aussi longtemps qu’il peut afin d’émerveiller son auditoire.

Cantabile : dans l’opéra de type 'bel canto', première partie lyrique et modérée précédant la cabalette.

Castrat : chanteur chez lequel une « petite opération », pratiquée alors qu’il était enfant, évite la mue de sa voix au moment de la puberté, ce qui produit une voix de soprano d’une grande puissance.

Cavatine : un air court et de facture simple, sans reprise da capo et que l’on rencontre particulièrement chez Mozart (air de Figaro, dans Les Noces de Figaro). Dans l’opéra italien du 19e siècle, le terme s’applique au premier air double d’un protagoniste, quel que soit son caractère.

Claque : groupe de spectateurs payés par le compositeur ou le directeur de l’opéra ayant pour mission d’applaudir les premiers de façon à entraîner et déchaîner l’enthousiasme face à un public plutôt réservé.

Colorature : ornements d’une ligne vocale particulièrement fleurie dont l’exemple le plus fameux est la Reine de la Nuit de La Flûte enchantée de Mozart.

Comédie-ballet : genre musical typiquement français né à la cour de Louis XIV de la collaboration entre Molière et Lully, et mêlant drame parlé, musique chantée et instrumentale, et danse. Le Bourgeois gentilhomme en représente l’exemple le plus fameux.

Dessus : terme désignant, dans l’opéra baroque français et notamment chez Lully et Rameau, les voix de femmes aiguës, correspondant à une tessiture de soprano.

Deus ex machina : divinité surgissant par des moyens surnaturels à la fin de l’opéra baroque pour dénouer une situation tragique et permettre une fin heureuse ('lieto fine'). Comme son nom l’indique, cette irruption offrait l’occasion de déployer des machines extravagantes.

Diva : chanteuse étoile d’opéra. Mot qui désigne également une cantatrice capricieuse.

Dramma glocosa : terme italien signifiant « drame joyeux » provenant de l’opéra italien du 18e siècle, mêlant le rire et les larmes.

Dugazon : catégorie particulière de mezzo-sopranos légers spécialistes des rôles de soubrettes ou de travestis.

Falsetto : technique de chant masculine qui fait résonner les notes dans la tête et non dans la poitrine comme normalement. Appelé vulgairement la voix de fausset, cela produit un son de faible intensité proche du registre féminin ou utilisé, à défaut, pour chanter le répertoire d’autrefois dévolu aux castrats.

Heldantenor : voix de ténor de caractère héroïque que l’on rencontre tout spécialement dans l’opéra wagnérien.

Intermezzo : le terme désignait à l’origine les intermèdes comiques insérés entre les actes d’un opéra seria. Il apparaît dans le sens d’interlude dans les opéras (Manon Lescaut de Pussini).

Lamento : composition à caractère plaintif, se rapportant souvent à un deuil ou à une séparation. Il doit son succès, au 17e siècle, au Lamento d’Arianna de Monteverdi, seul morceau qui reste d’un opéra de 1608 perdu.

Leitmotiv : thèmes et motifs musicaux assignés, dans les opéras de Wagner, à un personnage, une idée, un objet ou un événement, et dont les diverses transformations constituent une part essentielle de la construction des ouvrages.

Livret : texte d’un opéra que l’on avait autrefois l’habitude d’imprimer à part sous forme de petit livre. L’auteur d’un livret est appelé librettiste.

Numéro : numéros indépendants et structurés selon des normes strictes, dont la répartition répond à un équilibre soigneusement pesé entre les exigences des chanteurs, du public et d’une cohérence dramatique minimale qui se suffisent à eux-mêmes. La composition en numéros clos s’estompa au fil de la carrière de Verdi, pour arriver à un tissu musical presque continu dans Otello et Falstaff. Les opéras de la Tétralogie et Parsifal de Wagner, tout comme Pelléas et Mélisande de Debussy sont écrits d’un seul tenant, et l’on n’y distingue pour ainsi dire aucun numéro.

Opéra-ballet : genre scénique typiquement français faisant alterner chant et danse, en vogue dans la dernière décennie du 17e siècle et la première moitié du 18e (Les Indes galantes de Rameau).

Opéra bouffe : plus complexes et ambitieuses que l’opérette, ce terme désigne dans la France du 19e siècle, des œuvres lyriques légères recourant souvent à la parodie. Offenbach en est le principal représentant. Ce genre a connu un renouveau au 20e siècle (Les Aventures du roi Pausole d’Arthur Honegger).

© P. Grosbois - Représentation de l'opéra-comique Carmen de Georges Bizet, Henri Meilhac et Ludovic Halevyet (Salle Favart - Paris - 2009)

Opéra-comique : genre spécifiquement français désignant des ouvrages lyriques dans lesquels les parties chantées sont entrecoupées de dialogues. Carmen, de George Bizet, est un opéra-comique, ce qui ne signifie nullement qu’il soit drôle. C’est même tout l’inverse. L’opéra-comique était le nom de la troupe qui développa le genre. Elle siégea dans diverses salles parisiennes ; la plus célèbre et la dernière étant la salle Favart.

Opéra seria : œuvres généralement inspirées de sujets mythologiques. Il naît au début du 18e siècle, en réaction contre les excès du 'framma per musica' de la fin du siècle précédent où se mêlaient éléments sérieux et comiques, au mépris des principes aristotéliciens. L’un des derniers représentants du genre fut en 1791 La clemenza di Tito (La clémence de Titus) de Mozart, qui accompagnait le couronnement des souverains autrichiens à Prague. Peu reconnaissante, la nouvelle impératrice qualifia le chef-d’œuvre de 'porcheria tedesca' (porcherie allemande).

Pezzi di baule : morceaux que les chanteurs tout-puissants de l’opéra italien sortaient « de leurs valises » pour remplacer, dans un opéra, un air qui ne leur plaisait pas. L'usage était généralisé par l’opera seria du 18e siècle, ainsi qu’au début du siècle suivant : Rossini, Bellini, Donizetti en firent tous l’amère expérience, avant que Verdi ne mette un terme à cette pratique.

Pièces à sauvetage : opéra souvent larmoyant dans lequel un protagoniste, injustement emprisonné, est sauvé in extremis par une autorité supérieure, tandis que la félonie et les complots de ses ennemis éclatent au grand jour. Ce type d’intrigue jouit d’une faveur toute particulière après la Révolution, inspirant notamment Les Deux Journées de Cherubini et Fidelio de Beethoven, fréqiemment présenté comme l’archétype.

Prima donna : rôle principal féminin dans l’opéra italien, auquel est dévolu un nombre minimum d’arias et d’ensembles. Un opéra peut ne mettre en scène qu’un prima donna, qui se trouve alors être généralement (mais pas nécessairement) une soprano. Le terme s’applique également à une chanteuse convaincue qu’elle est le nombril du monde.

Primo uomo : rôle principal masculin dans l’opéra italien. S’il arrive, dans l’opéra italien du 19e siècle, que le plateau féminin se réduise à une seule prima donna, il est bien rare que l’on n’ait pas affaire à au moins deux premiers rôles masculins, la rivalité amoureuse étant l’un des principaux moteurs du genre. Dans ses ouvrages, tel Otelio, Rossini multiplia même les premiers rôles de ténor, afin de mettre en valeur le réservoir vocal impressionnant de la ville.

Récitatif : style de chant au rythme et à la versification libres, où les voix se succèdent, ne se superposent pas et qui tend à reproduire les inflexions de la voix parlée. À l’origine, le récitatif était ponctué de quelques accords de basse continue (un clavecin plus un instrument mélodique grave comme le violoncelle). Cette forme de récitatif est appelée 'recitativo secco' (récitatif sec) ou 'recitativo semplice' (récitatif simple). En France ou plus tard en Italie, on préféra l’accompagner à l’orchestre pour former un 'recitativo accompagnato' (récitatif accompagné). Lieu de l’action, le récitatif s’oppose à l’aria, lieu du sentiment, caractérisé par des vers rimés et une forme plus stricte.

Scena : extension du récitatif qui, dans l’opéra italien du 19e siècle, désigne l’introduction à un air, un duo ou tout autre forme close. Comme le poète, le compositeur y a entière liberté, du 'parlando' (en parlant) à l’arioso. Il peut faire intervenir des personnages ou un chœur, multiplier les tonalités et les péripéties.

Scène de folie : la folie a trouvé très tôt sa place au sein de l’opéra, notamment grâce au sujet d’Orlando furioso (Roland furieux) de l’Arioste. Mais c’est surtout l’opéra romantique qui l’a exploitée, le plus souvent auprès de ses héroïnes et de manière temporaire. Donizetti était particulièrement friand de cet état d’excitation intense, magnifié par Lucia di Lammermoor. Les scènes assez stéréotypées, avec la plupart du temps des vocalises insensées et solo de flûte, n’ont pas grand chose à voir avec l’exploration beaucoup plus clinique de la folie menée par certains opéras du 20e siècle, à partir du Wozzeck de Berg, à la lumière de la psychanalyse.

Tragédie en musique (ou Tragédie lyrique) : ces deux expressions désignent l’opéra français établi par Lully et repris par Rameau, bien que la Tragédie lyrique n’ait pas eu cours du vivant de ces deux compositeurs. Ce genre se développa parallèlement à la tragédie classique française et s’en inspira. Les exigences du spectacle lyrique obligèrent toutefois les librettistes à renoncer au principe fondamental de la tragédie classique, la règle aristotélicienne des trois unités (lieu, temps et action). Musicalement, la tragédie était régie par des lois strictes ; chaque acte devait en particulier comporter des éléments de danse et de spectacle liés à l’intrigue, tandis que le chant restait très inféodé aux règles de la déclamation. La Révolution mit un terme définitif à ce genre, longtemps seul à résister aux assauts de l’opera seria, qui avait gagné tout le reste de l’Europe.

Vaudeville : forme de chanson en vogue à la fin du 17e siècle, reprenant un air connu de tous, et dont les paroles étaient remplacées par d’autres généralement politiques ou satiriques. Par extension, spectacle de théâtre populaire incluant ces chansons, donné notamment dans les foires de Paris. Ces spectacles donnèrent naissance à l’opéra-comique.

Vérisme : courant de l’opéra italien, né autour de 1900 dans le sillage du courant littéraire homonyme, dont les sujets reposent sur des personnages simples du Sud de l’Italie, mus par des passions élémentaires, mais exacerbées : amour, haine, vengeance, jalousie, etc. Le premier opéra du genre fut Cavalleria rusticana de Lascagni en 1890, suivi en particulier par Pagliacci de Leoncavalo deux ans plus tard.

Zarzuela : équivalent espagnol de l’opéra-comique français ou du Singspiel allemand, comportant des passages récités et chantés. La zarzuela remonte au milieu du 17e siècle et connut son apogée au 19e siècle et au début du 20e, avec l’ouverture à Madrid du Théâtre de la Zarzuela en 1856.

Cadence Info - 08/2020)
(source : extrait L'opéra pour les nuls de David Pogue et Scott Speck - First éditions)


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