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MUSIQUE DE FILMS

MICHEL LEGRAND, PORTRAIT DU COMPOSITEUR DE CINÉMA

Le fils du chef d’orchestre Raymond Legrand ne pouvait rien ignorer de la musique et de ses pouvoirs magiques. Michel Legrand suivra des études au Conservatoire de Paris avec Nadia Boulanger, Henri Challan et Noël Gallon. Avec eux, il apprendra la technique et la réalité du métier de la musique...


MICHEL LEGRAND, DU JAZZ À LA MUSIQUE DE FILMS

Très jeune, il se frotte à tous les genres musicaux. Accompagnateur de chanteurs de variété, ou comme pianiste de jazz, il s’affirme rapidement comme un professionnel de haut niveau, capable de s’adapter à toutes les situations.

Sa carrière commence vers 1955. À la fin de la même décennie, il entre dans l’« ordre du cinéma », alors que, en même temps, les plus grands solistes de jazz américains se joindront à lui pour quelques sessions restées historiques. Miles Davis, Ben Webster, John Coltrane, Shelly Manne, et beaucoup d’autres, seront partager quelques moments privilégiés avec le jeune pianiste français. Ayant plusieurs cordes à son arc, dont celui d’être un excellent mélodiste et arrangeur, Michel Legrand va d’emblée trouver un terrain d’expression idéal au cinéma. Un langage qui correspond à sa volubilité, sa facilité mélodique et son art de trouver le ton juste pour créer un son particulier.

Sa rencontre avec Jacques Demy sera déterminante. Ensemble, ils vont produire plusieurs chefs-d’œuvre, dont Les Parapluies de Cherbourg, en 1963. Ce film va révolutionner la manière de penser le film musical. Son succès international allait assurer la pérennité d’une collaboration et d’une complicité rarement démenties.

À propos du film Les Parapluies de Cherbourg, le compositeur expliquera le projet du film en ces termes : « Le film est à la limite du parlé et du chanté. Finalement, il est entre les deux. Pour que ça penche vers le chant, il nous fallait des voix simples, qui s’accordent au texte, à la musique. Qui chantent donc avec beaucoup de simplicité… des gens de jazz parce qu’il y avait beaucoup de moments rythmés. On a d’abord fait tous les play-backs d’orchestre, et ensuite on a posé les voix dessus pour qu’elles soient bien séparées et qu’on puisse avoir au mixage une grande souplesse. Pendant tout l’enregistrement des voix, les comédiens étaient là ; Catherine Deneuve par exemple était là quand Danielle Licari enregistrait son rôle et lui donnait des indications : ‘Il me semble que je dirais cela de telle et telle manière, de façon à ce qu’après, au tournage, ça ressemble aussi aux comédiens. » En contrepoint, Jacques Demy portera un autre regard sur le projet : « Pendant six mois, Michel n’a rien trouvé ; il allait un peu dans toutes les directions. J’étais assez découragé et commençais à me dire que peut-être ce n’était pas faisable. »

Au-delà de sa collaboration privilégiée avec Jacques Demy, on retiendra son compagnonnage avec plusieurs membres de la Nouvelle Vague et une importante carrière américaine. Sans jamais se fixer définitivement à Hollywood, Michel Legrand va réussir à s’imposer dans des films aux tonalités très différentes qui lui rapporteront plusieurs Oscars (Un été 42, L’affaire Thomas Crown, Yentl…).

En fait, Michel Legrand a contribué à révéler un faux problème. Pendant très longtemps, on a dissocié dans le cinéma français les auteurs de chansons et ce qu’il convient d’appeler les compositeurs symphoniques, qui sont les défenseurs d’une musique pure. Ces clivages vont se combler avec des musiciens comme Michel Legrand qui sauront apporter une crédibilité au mixage des genres.

Depuis toujours, le compositeur et soliste souhaitait ajouter une autre mode d’expression à son langage. Avec le film Cinq jours en juin, il devient réalisateur. Une expérience qui sera suivie d’un moyen métrage, Masque de lune, avec Rudolf Noureev. De cette envie frénétique de la diversification, il se dégage le sentiment d’une volonté d’avancer et de ne pas gérer un héritage et des succès probants.


MICHEL LEGRAND : LA VIE DE CHÂTEAU


MICHEL LEGRAND - FILMOGRAPHIE (Sélection)

  • Le triporteur (Jack Pinoteau – 1958)
  • Le cave se rebiffe (Gilles Grangier – 1961)
  • Vivre sa vie (Jean-Luc Godard – 1962)
  • Les parapluies de Cherbourg (Jacques Demy – 1963)
  • Une ravissante idiote (Édouard Molinaro – 1964)
  • La vie de château (Jean-Paul Rappeneau – 1966)
  • Les demoiselles de Rochefort (Jacques Demy – 1967)
  • L’affaire Thomas Crown (Norman Jewison – 1968)
  • Un été 42 (Robert Mulligan – 1970)
  • Peau d’âne (Jacques Demy – 1970)
  • Les mariés de l’an 2 (Jean-Paul Rappeneau – 1971)
  • Breezy (Clint Eastwood – 1974)
  • Le sauvage (Jean-Paul Rappeneau – 1975)
  • Le chasseur (Buzz Kulik – 1979)

AUTRES COMPOSITEURS 'NOUVELLE VAGUE'

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