L'info culturelle des musiques d'hier et d'aujourd'hui

MUSIQUE & SOCIÉTÉ


LES CAPITALES DE LA MUSIQUE
À TRAVERS LA PLANÈTE

Quels sont les ingrédients nécessaires pour qu'un genre musical perce sur la scène mondiale ? À cette question, on peut répondre qu'il faut un minimum d'équipements techniques, assez de consommateurs avertis pour constituer un marché intérieur, au moins une star mondiale désireuse d'incarner un genre particulier, lui-même capable de résister au temps. Alors, pas étonnant que les véritables capitales musicales soient aussi peu nombreuses. Mal réparties à travers la planète, en se heurtant à des barrages religieux, comme au Moyen-Orient, ou en raison de l'essor contagieux de la variété internationale qui a détruit les derniers îlots de créativité, la musique subit une sorte d'immobilisme en vivant le plus souvent sur son acquis. Heureusement, tous les chemins syncopés ne conduisent pas forcément à New York, même si celle-ci résiste bien à l'usure du temps.


LES CAPITALES MUSICALES DES ÉTATS-UNIS

Les États-Unis sont bien sûr une référence très importante dans le monde de la musique. Ses ressources sont aussi étendues que son vaste territoire.

CHICAGO

Pour ceux qui aiment le blues, version électrifiée, à la Muddy Waters, Chicago est la métropole.

DETROIT

C'est l'usine à son qui a imposé la révolution musicale des Noirs grâce à l'écurie 'Tamla Motown'. Le hard rock y est également né. Des Supremes aux Temptations en passant par Stevie Wonder ou Michael Jackson toute l'école de la musique soul y a fait ses classes.

LOS ANGELES

Cette vaste ville est le centre vivant de l'école du jazz cool et du funk survolté (une des coqueluches locales étant le new jack, une variante du funk). Le bien connu jazz West Coast si cher à Lee Konitz, Paul Desmond ou Zoot SIMS est né dans un club d'Hermosa Beach, le célèbre Lighthouse, avant de s'exporter sur la côte Est et exploité par des géants comme Miles Davis, Stan Getz et Gil Evans.

MEMPHIS

Si on raconte que le blues y aurait vu un beau jour des années 20, il ne faudrait pas oublier que la capitale du Tennessee a été aussi liée aux origines du rock et de la soul music, incarnée par des chanteurs comme Otis Redding.

NASHVILLE

À l'orée des années 2000, Nashville était la ville de toutes les outrances musicales avec ses centaines de radios, ses 195 studios d'enregistrement, sans compter ses 130 compagnies discographiques et ses 25 000 personnes travaillant dans le music business. On notera bien évidemment toute l'importance accordée à la musique country, surtout au Tennessee où elle est reine. Bref, Nashville pourrait bien être liée à un style de vie à part entière.

NEW ORLEANS

Cette ville est décrite comme étant le berceau du jazz, traînant dans ses rues du quartier de Storyville tous les folklores importés par les créoles au début du 20e siècle. La Nouvelle-Orléans est également le berceau de la musique cajun qui sera revue à la sauce électrique par des rockers comme les Neville Brothers.

NEW YORK

Beaucoup de musiciens s'y rendent comme un pèlerinage. C'est le lieu saint des musiciens qui ont cœur de découvrir Harlem et sa légende musicale, de celle qui assista aux moments glorieux du jazz d'avant-guerre. Là, dans la fameuse boîte Milton's animée notamment par Dizzy Gillespie et le génie troublant d'un certain Charlie Parker, est apparu ce qui révolutionna le langage du jazz des années 40, le be-bop. Quelques années plus tard, le rhythm and blues y prendra place dans les quartiers pauvres de la ville. New York a toujours conservé, même aujourd'hui, son audace musicale en s'ouvrant comme par le passé aux musiques modernes et aventureuses, du rap à la salsa en passant par le classique expérimental.

SAN FRANCISCO

Dans l'inconscient de beaucoup de personnes, la ville de San Francisco est encore aujourd'hui raccordé, tel un aimant, à l'histoire de la musique pop des années 60, et plus exactement aux fleurs et psychédélisme lancés par le mouvement Hippie. San Francisco a été la grande capitale qui rassembla les mouvements beatnik. Depuis, le son FM s'est installé et a formaté en rythme la circulation sur les highways !


LES CAPITALES MUSICALES D'AMÉRIQUE DU SUD ET DES CARAÏBES

BUENOS AIRES

Le tango argentin y est roi. Le classique, celui de Carlos Gardel, a produit le style lègendaire, et puis un jour, il a croisé un jour sur sa route l'un des maîtres du bandonéon, Astor Piazzola, malheureusement disparu en juillet 1992. Fort heureusement, les traces laissées par lui ont résisté à l'assaut du temps.

KINGSTON

Phare du reggae, un nom s'échappe : Bob Marley. À la fin des années 50, les jeunes Noirs des faubourgs de Kingston se sont convertis au culte de Haïlé Sélassié. Le plus célèbre de ces faubourgs dans lequel résidaient tant de miséreux s'appelait Trench Town. Bob Marley et sa mère y trouva refuge un temps. En 1981, la disparition du chanteur renforcera la renommée internationale de la capitale jamaïcaine comme phare de la musique reggae.

FORT-DE-FRANCE

Ici est né la musique zouk. Elle a grandi en Guadeloupe, mais aussi en Martinique. Aujourd'hui encore, le groupe Kassav rete la référence de ce style de musique.

LA HAVANE

On y communie autour du mambo et de la rumba sous toutes les couleurs : yambu, guaguanco et columbia. La Havane a de faux airs de salsa... mais ne vous y trompez pas, car à La Havane le style est méprisé pour s'être exilé dans les années 50 à New York.

MEXICO

Les mariachis continuent d'y faire rêver les touristes, entre sombrero et tequila.

RIO

La samba y est reine, du moins pour les touristes qui s'accorde quelques vacances dans cette grande ville aux paysages contrastés. Joao Gilberto officie comme un grand prêtre. Il y partage sa suprématie avec le football et ses dieux du stade. Les tentations musicales sont nombreuses et si la bossa nova s'est bien exportée, le rock comme le reggae semblent suivres le même chemin.

SAINT-PIERRE

Au début du 20e siècle, les descendants d'esclaves y inventèrent la biguine. Cette musique est devenue si populaire que la capitale parisienne l'invita jusqu'à avoir le béguin pour elle au cours des années folles.


LES CAPITALES MUSICALES D'EUROPE DE L'EST ET DE L'OUEST

BAYREUTH

La capitale résonne aux sons de la musique classique et de l'opéra. Voulu et conçu par Richard Wagner, le Festspielhaus de Bayreuth a vu le jour en 1876. Plus tard, en 1968, cet imposant amphithéâtre a été pourvu de 1 916 sièges en forme de strapontins. Aujourd'hui encore, Bayreuth entretient la flamme wagnérienne pour d'inconditionnels fortunés.

BERLIN

Berlin est illustre pour sa Philharmonie que façonna Wilhem Furtwangler et à qui Herbert von Karajan succéda en 1954. Ce grand orchestre sera longtemps considéré comme l'un des plus beaux du monde... Le plus rentable, en tout cas, quand on analyse toute l'énergie déployée par la maison de disques Deutsche Grammophon !

LISBONNE

Lisbonne fait musicalement référence au fado, genre musical portugais très prisé et qui est constitué majoritairement de chants populaires au thème mélancolique. Le fado continu de hanter les rues de la capitale portugaise et, mondialisation oblige, avec aussi queqlues débordements de rythmes argentins et brésiliens.

LIVERPOOL

Liverpool serait resté une ville musicale bien anonyme si elle n'avait pas vu naître les Beatles. Au début des années 60, les quatre de Liverpool hantaient une boîte du cru, la Cavern, en chantant faux juste ce qu'il faut un Besame Mucho qui engendra le début de leur aventure palpitante. Ville pluvieuse située au nord-ouest de Londres, Liverpool peut s'enorgueillir d'avoir engendré la musique la plus populaire du 20e siècle : la musique pop.

LONDRES

Ville convoitée pour ses frasques musicales révolutionnaires, souvent d'avant-garde, Londres sera passé successivement du "swinging London" popisant des sixties aux mélodies androgynes façon David Bowie des années 70, avant d'exploser à l'ère punk. L'arrivée de la vague acid jazz est toutefois venue rappeler que, dans ce bas monde, la créativité londonienne ne connaît apparemment pas de limite en matière de musique légère.

MADRID

Les guitares sont toujours là et le feu du flamenco également. Encore et toujours, l'Espagne vit musicalement à travers la guitare flamenca.

MILAN

Éternellement Verdi grâce à l'opéra de la Scala, l'un des plus célèbres au monde et fief du chef d'orchestre napolitaine Riccardo Muti. Ici plus qu'ailleurs, le bel canto doit tenir la note !

MOSCOU

De l'incomparable conservatoire de musique moscovite sont sortis des maîtres aussi réputés que le violoncelliste Mstislav Rostropovitch ou le pianiste Sviatoslav Richter.

PARIS

Capitale chérie des jazzmen, elle est devenue la star des scènes internationales et jouit de toutes les attentions. Et si Paname a créé son propre courant grâce à Django Reinhardt et son jazz manouche, Paris est pour le touriste en goguette, la ville du musette et de l'accordéon. Or, derrière ce cliché tenace, Paris est enfin parvenu à concilier tous ses efforts pour devenir une place forte de la world music.

PRAGUE

Haut lieu de la musique classique depuis très longtemps, Prague, tout comme Berlin, possède un orchestre philharmonique de haut rang, certainement l'un des meilleurs de toute la planète et certainement l'un des plus typés.

SALZBOURG

Synonyme de Mozart, son festival est sans doute le plus célèbre du monde.

VIENNE

Si les valses de la famille Strauss incarnent pour le monde entier le fameux esprit viennois, il ne faudrait pas ignorer ce qui constitue la légende vivante de la capitale autrichienne : son orchestre philharmonique qui existe depuis qu'il a donné son premier concert dans la grande salle de la Redoute un jour de printemps de l'année 1842. Depuis, l'orchestre s'est taillé une solide réputation dans le répertoire romantique, notamment à travers l'interprétation des œuvres de Brahms.


LES CAPITALES MUSICALES D'AFRIQUE

CONAKRY

La Guinée, avec le Mali, perpétue le plus fidèlement la tradition des griots africains et de l'art de la cora, où s'illustrait le Guinéen Lamine Konte.

DAKAR

Dakar est une ville pépinière de talents. Porteuse d'une tradition bien vivante, elle a engendré de nombreuses célébrités mondiales dont Youssou N'Dour et Touré Kunda.

JOHANNESBURG

Les Zoulous chauffés à blanc gardent la flamme mélodique. Mais c'est un Blanc, Johnny Clegg, qui a popularisé leurs rythmes.

KINSHASA

Kinshasa est surnommée "la ville qui fait danser toute l'Afrique" grâce à ses colonisateurs belges qui avaient distribué des instruments aux autochtones pour les détourner d'activités moins conviviales. La capitale est devenue la plaque tournante de l'industrie discographique du continent.

LAGOS

Royaume de la Ju Ju music, où trône King Sunny Ade. Sa vraie star est Fela Ransome Kuti, qui pourrait postuler pour la présidence du pays. Paul McCartney (Wings), entre autres, est venu enregistrer pour les sons des studios de Lagos.

YAOUNDE

Les Camerounais sont les plus habiles confectionneurs de musique de danse. Celle-ci est connue dans toute l'Afrique : le makossa.


LES CAPITALES MUSICALES D'AFRIQUE DU NORD ET DU PROCHE-ORIENT

BEYROUTH

À Beyrouth, la mélodie s'élève parfois des vestiges de la guerre passée. Dans cette ville longtemps meurtrie survivent toujours les beaux chants maronites et le culte de Fairouz, qui reste à elle seule un monument de la musique mondiale.

LE CAIRE

Centre de la musique arabe classique, la capitale égyptienne est toujours sous le charme et dans le deuil d'Oum Kalsoum, aussi admirée en Arabie que la pyramide de Khéops.

ORAN

Le raï est la musique blues de l'Algérien. Ses messages ont éclaté sur les ondes dans les années 80. Conspué par le FIS, poussant leurs plus célèbres interprètes à s'exiler pour venir vivre à Paris, la musique raï aura fort à faire pour ne pas décliner face à des intégristes musulmans déterminés.


LES CAPITALES MUSICALES EN INDE ET ASIE

NEW DELHI (Inde du nord)

Dans cette région prédomine la musique hindoustanie, utilisant la flûte bansuri (de bambou), instrument moins connu que le sitar, popularisé par Ravi Shankar. Un art vocal particulier illustre aussi cette région : le chant khyal, qui ose rompre par quelques coquetteries la monotonie des interminables ragas. Les amateurs considèrent comme le meilleur musicien du monde Ali Akbar Khan, maître absolu du sarod.

PEKIN

Mao mort, l'opéra continue de vivre. Genre en soi, l'opéra pékinois, à base de flûtes, de percussions, de hautbois, de longs dialogues, a survécu à la révolution culturelle.

Par H. Gibier (Cadence Info - 03/2015)

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