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CLASSIQUE / TRADITIONNEL

LES FEMMES COMPOSITRICES DE MUSIQUE CLASSIQUE À TRAVERS L'HISTOIRE

Les différentes révolutions féminines apparues au cours du 20ᵉ siècle ont permis de libérer les silences pour laisser place aux revendications. Face à l'histoire, dans le domaine des arts, les femmes compositrices se sont vus ignorées, voire rejetées le plus souvent pour des questions d'éducation et de position sociale. Généralement, les traces laissées par les écrits ne soulignent que les plus téméraires ou celles qui, par le lien familial, ont vécu leur passion en ayant préalablement obtenu l'accord du père ou du mari, qu'ils aient été eux-mêmes compositeur ou non. La liste qui suit n'a nullement la prétention de répondre précisément quant à la place sociale et morale qu'elles ont occupée en leur temps, mais de décrire en quelques mots leur action et leur contribution dans le domaine de la musique comme un devoir de mémoire nécessaire et justifié.


UNE LISTE NON-EXHAUSTIVE DE QUELQUES COMPOSITRICES

Avant le 16ᵉ siècle, les informations disponibles sur les compositrices classiques féminines sont rares. Cela s'explique en grande partie par le fait que la majorité des femmes n'ont pas accès à une éducation musicale formelle ou à des postes officiels dans la musique. Par conséquent, il existe réellement peu de compositrices ayant laissé des « empreintes » de leur passage, si ce n'est d'exceptionnelles trobairitz (troubadouresse ou trouveresse).

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Francesca Caccini. Née en 1587 à Florence (Italie), Francesca Caccini est une compositrice, chanteuse et claveciniste de la cour florentine. Elle est initiée à la musique par son père qui lui apprend le chant, le clavecin, le luth, la théorie musicale et la composition. Son immense chance est d’être née à une période de transition musicale valorisant la musique italienne. Caccini a été la première femme à composer un opéra, La Liberazione di Ruggiero. Elle a également écrit de la musique sacrée, de la musique pour voix et pour instruments. Elle a été saluée pour son talent musical et pour son influence sur la musique italienne du début du 17ᵉ siècle.

© media.snl.no – Barbara Strozzi.

Barbara Strozzi. Née en 1619 à Venise (Italie), Barbara Strozzi est une compositrice à qui l'on doit de la musique pour voix et pour instruments. La musicienne a été remarquée pour sa poésie expressive et son utilisation novatrice de la technique de la récitante, qui combine le chant et la déclamation. Malgré le fait qu'elle ait vécu à une époque où il était délicat pour les femmes de s'imposer dans le monde de la musique, Strozzi a réussi à gagner l'admiration de ses contemporains et à établir une carrière florissante en tant que compositrice. On lui doit plusieurs recueils, dont un livre de madrigaux sur des textes de son père et un autre de cantates, d'ariettes et de duos publié en 1651. En outre, Barbara Strozzi composera des œuvres vocales, comme Le doge de Venise Nicolò Sagredo.

Antonia Padoani Bembo. Née à Venise vers 1643, Antonia Padoani Bembo est une compositrice et une chanteuse lyrique italienne. Tout comme Barbara Strozzi, elle est l'élève de Francesco Cavalli. À Paris, elle chante pour Louis XIV qui la prend sous sa protection, avant de vivre dans une communauté religieuse, « la Petite Union Chrétienne des Dames de Saint-Chaumond ». Padoani Bembo a écrit diverses œuvres couvrant aussi bien l'opéra, les cantates sacrées et profanes que les motets. Leurs particularités sont d'employer la virtuosité du style italien et les danses à la française. Son passage nous laisse la trace d'un opéra, L'Ercole amante, en 1707.

Élisabeth Jacquet de La Guerre. Née en 1665 à Paris, Élisabeth Jacquet de La Guerre est une compositrice et claveciniste française. Son père, musicien, se charge de son éducation musicale avec autorité. On lui doit une tragédie lyrique, Céphale et Procris, plusieurs sonates pour violon et pour clavecin, des cantates françaises tirées de textes d'Antoine Houdar de La Motte. Jacquet de La Guerre a été récompensée pour son talent musical précoce, ayant donné son premier concert à l'âge de cinq ans. Elle a été une figure marquante de la vie musicale française tout au long de son existence, et son travail a été reconnu pour son originalité et sa qualité, en particulier pour avoir été l'une des premières femmes en France à avoir composé un opéra-ballet.


LE PARCOURS DE QUELQUES COMBATTANTES

Il est essentiel de noter que malgré leurs talents respectifs, même les compositrices du 17ᵉ et 18ᵉ siècle rencontrèrent à maintes reprises des obstacles pour être reconnues dans le monde de la musique classique dominé par les hommes. Certaines d'entre elles ont été obligées de publier leur œuvres sous un nom d'emprunt masculin afin d'être prises au sérieux. Cependant, leur contribution à la musique classique ne peut être ignorée et leur travail est maintenant célébré.

Barbara von Ployer. Née en 1765 à Vienne, Barbara von Ployer est une compositrice et pianiste autrichienne. Elle a composé de la musique pour piano, de la musique de chambre et de la musique orchestrale. Von Ployer a été notamment saluée pour son talent musical et sa virtuosité au piano, ayant été l'une des étudiantes les plus célèbres de Mozart. Elle n'a eu de cesse d'interpréter de la musique, reconduisant son approche singulière de compositrice tout au long de sa vie.

© jimcdn.com – Maria Teresa Agnesi Pinottini.

Maddalena Laura Sirmen. Née en 1745 à Venise, Maddalena Laura Sirmen est une compositrice et violoniste italienne qui a étudié la musique dans un orphelinat, l'Ospedale dei Mendicanti. Femme ambitieuse, elle a écrit de la musique pour violon, de la musique de chambre et de la musique orchestrale. Sa ténacité à jouer d'un instrument « professionnellement » lui a valu d'être l'une des premières femmes à devenir violon soliste, se produisant à travers l'Europe. Encouragée par son mari Ludovico Sirmen, également violoniste, elle a consacré toute sa vie à la musique, que ce soit comme compositrice ou interprète. Reconnu par ses contemporains comme une instrumentiste talentueuse, elle nous laisse essentiellement des œuvres pour violon (concertos, sonates, etc.).

Maria Teresa Agnesi Pinottini. Née à Milan en 1718, Agnesi est une enfant prodige qui a commencé à composer à l'âge de neuf ans. Elle a étudié avec les plus influents compositeurs de son temps, dont Johann Adolph Hasse, et a été saluée pour son talent musical par le pape Benoît XIV. Agnesi a écrit de la musique religieuse, de la musique de chambre et des sonates pour clavecin. Elle a de plus publié un livre de musique pour enfants qui a connu un succès éclatant pour l'époque. Toutefois, ses œuvres majeures se consacreront à l'opéra, dont Ciro en Arménie qui rencontrera un succès mérité. Agnesi Pinottini vivra de son art en bénéficiant du soutien de plusieurs grandes cours européennes, mais cette position sociale exceptionnelle déclinera du jour où elle se mariera ; son époux plongeant alors le couple dans la misère la plus profonde à cause de multiples dettes.

Anna Bon di Venezia. Née à Venise en 1738, Bon di Venezia a été formée à la musique par son père, qui était un librettiste renommé, avant d'être admise comme étudiante à l'Ospedale della Pietà à Venise, lieu dans lequel elle pratiquera la viole. Elle a commencé à composer dès son jeune âge et a écrit de la musique pour la cour royale de Turin. Elle occupa, de surcroît, un poste de « virtuose en musique de chambre » à Bayreuth, au service du margrave Friedrich von Brandenburg-Kulmbach. Bon di Venezia a composé de la musique religieuse, de la musique de chambre et de nombreuses sonates pour flûte et pour clavecin. Elle a été de même l'une des premières femmes à écrire un opéra-comique en italien, intitulé La Cambiale di Matrimonio.

Louise-Geneviève Saintonge. Née à Paris en 1650, Saintonge est une compositrice et claveciniste talentueuse. Grâce à sa mère, elle reçoit une solide éducation culturelle. Saintonge a écrit de la musique pour clavecin, ainsi que de la musique de chambre, de la musique religieuse, des opéras et des chansons. Elle a également été une professeure de musique renommée, formant de nombreux étudiants talentueux. Cette figure remarquable de la vie musicale dans le Paris du 18ᵉ siècle sera saluée par son entrée à l'académie royale de musique due notamment à son ballet Les Charmes des saisons, considéré comme une œuvre marquante dans le domaine de l'opéra-ballet.

Marianne Martines. Née à Vienne en 1744, cette pianiste compositrice d'origine espagnole entame l'apprentissage de la musique à l'âge de 10 ans en prenant des cours de chant auprès de Nicola Porpora et de clavecin avec Joseph Haydn. Martines devient une enseignante de musique renommée et anime à Vienne un salon musical fréquenté par Haydn et Mozart. Figure éminente de la vie musicale de la capitale autrichienne, ses œuvres, fort nombreuses, se déclinent entre musique vocale, musique de chambre et musique religieuse (oratorio, messes, cantates..).


À PARTIR DU 19ᵉ SIÈCLE

Les compositrices qui suivent ont toutes eu un impact significatif sur la musique classique du 19ᵉ siècle, malgré les obstacles auxquels elles ont été confrontées en raison de leur sexe. Leur travail est à présent reconnu comme faisant partie intégrante du canon de la musique classique.

Fanny Mendelssohn. Née en 1805 à Hambourg (Allemagne), Fanny Mendelssohn était la sœur de Felix Mendelssohn, le célèbre compositeur et chef d'orchestre. Recevant une excellente éducation musicale de sa mère, elle poursuit une formation de pianiste auprès de divers enseignants, dont Ludwig Berger et Ignaz Moscheles. Fanny commence à composer dès son plus jeune âge, mais malgré un talent manifeste dans ce domaine, elle sera découragée d'embrasser une carrière musicale professionnelle par son père, puis par son frère, car ils considéraient cela comme inapproprié pour une femme de son rang social. Fanny décida alors de se produire seulement dans les salons et autres lieux privés. Paradoxalement, son frère ira de temps en temps demander conseil en matière de composition auprès d'elle. Pianiste douée, elle impressionnera les compositeurs Hector Berlioz et Charles Gounod en écrivant un nombre considérable de pièces pour piano ainsi que des leaders pour soprano et piano, ces derniers provenant le plus souvent de poètes contemporains.

© media.snl.no – Fanny Mendelssohn.

Clara Schumann. Née en 1819 à Leipzig, Clara Schumann est une pianiste et compositrice allemande dont le nom doit être invariablement associé au compositeur romantique Robert Schumann, son mari de 16 ans son ainé, et pour lequel elle interprétera régulièrement ses œuvres. Le couple donnera naissance à huit enfants, ce qui ralentira la carrière musicale de Clara, négligeant la composition au profit de son rôle de maîtresse de maison. Mais au-delà de cette estime et attachement, elle n'hésitera pas à démontrer ses aptitudes de musicienne. Formée à la dure par un père exigeant qui souhaitait faire d'elle une concertiste prodige, la première preuve de son talent éclatera à l'âge de six ans, lors de son premier concert. Considérée comme l'une des plus glorieuses pianistes de l’époque romantique, la compositrice allemande a produit une quarantaine d'œuvres allant des pièces pour piano (polonaises, valses, scherzo, etc.) jusqu'au concerto. Après la mort de son mari, en 1856, elle se consacrera, pour l'essentiel, à faire revivre l'œuvre de l'être disparu. À noter qu'une partie essentielle des compositions de Clara Schumann n’a jamais été jouée de son vivant et que son répertoire a été découvert qu'en fin du 20ᵉ siècle.

Jeanne-Louise Farrenc. Née en 1804 à Paris, Louise Farrenc est une compositrice et pianiste française qui a abordé l'étude du piano grâce à sa marraine Anne-Élisabeth-Cécile avant de devenir l'élève d'Ignaz Moscheles. Les cours d'harmonie, de contrepoint et de fugue auprès d'Antoine Reich finiront d'achever un parcours sans fautes. Son mari, le compositeur Aristide Farrenc, conscient du talent de son épouse créera pour elle les "Éditions Farrenc" et prendra en charge sa destinée artistique. Durant une trentaine d'années, Jeanne-Louise devient la seconde professeure et répétitrice au Conservatoire de Paris après Hélène de Montgeroult à diriger une classe composée exclusivement de femmes – la mixité étant prohibée. Par ailleurs, elle parviendra, dans une période exigeant l'égalité salariale entre hommes et femmes, à être rémunérée à l'égal de ses confrères masculins. Jeanne-Louise Farrenc est à la source d'un ouvrage pédagogique de référence (Trente études dans tous les tons majeurs et mineurs, op. 26). Moins célèbre que Clara Schumann et Fanny Mendelssohn, on doit cependant à la pianiste française quelques belles pièces musicales consacrées à son instrument d'adoption.

Amy Beach. Née en 1867 à Henniker (États-Unis), Amy Beach est une pianiste compositrice. Encore jeune enfant, elle a commencé à composer tout en étudiant le piano avec Ernst Perabo. Sa carrière démarre quand elle a 16 ans, mais son mariage deux années plus tard avec le médecin Henry Harris Aubrey Beach l'oblige à abandonner ses activités de concertiste (qu'elle reprendra à son décès jusqu'en 1940), pour se tourner vers la composition en créant diverses œuvres : musique de chambre, mélodies pour voix et piano, œuvres chorales, concerto pour piano, symphonie, etc. Figure marquante de la vie musicale à Boston, Amy Beach créera le « Beach Club », un groupe de femmes musiciennes, et deviendra l'une des premières compositrices américaines à avoir du succès sur la scène internationale.

Augusta Holmès. Née en 1847 à Paris, Augusta Holmès est une compositrice franco-irlandaise. Ses études musicales seront des plus classiques en jouant les grandes œuvres de Bach, Beethoven et Haendel. Elle apprend également le chant auprès de Guillot de Sainbris et s'accompagne elle-même au piano en interprétant des mélodies dont elle a écrit le texte et la musique. Saluée pour son talent musical par des compositeurs célèbres de l'époque, tels que Franz Liszt et César Franck, elle composera plusieurs symphonies et poèmes symphoniques, à l'image des Argonautes qui fera sa renommée, ainsi que quatre opéras, dont le plus célèbre, La Montagne noire. Par ailleurs, elle sera saluée pour son originalité et son inspiration celtique. Néanmoins, consciente de l'indifférence accordée aux œuvres écrites par les femmes compositrices, elle publiera ses premières partitions sous le pseudonyme d'Hermann Zenta, avant d'abandonner cet usage pour publier sous son nom propre. Son répertoire est extrêmement varié, s'installant entre la mélodie à l'opéra et les poèmes symphoniques avec ou sans chœur. L'une de ses œuvres les plus interprétées est son chant de Noël, Trois anges sont venus ce soir. À la fin de sa vie, Augusta Holmès donnera des cours de piano et de chant pour survivre de son art.


L'ÉMANCIPATION FÉMININE DES COMPOSITRICES DU 20ᵉ SIÈCLE

Nadia Boulanger. Née en 1887 à Paris et sœur aînée de la musicienne Lili Boulanger, Nadia Boulanger est une compositrice, chef d'orchestre et professeure de musique renommée internationalement pour son approche pédagogique. Aaron Copland, Elliott Carter, Philip Glass, George Gershwin, Michel Legrand, Lalo Schifrin, Astor Piazzolla, Quincy Jones et bien d'autres ont reçu notamment son enseignement qui a su mobiliser des méthodes et des techniques très modernes pour l'époque. Cette activité est étroitement liée à celle du Conservatoire américain de Fontainebleau qu'elle dirigea de 1949 jusqu'à la fin de sa vie, en 1979. Nadia Boulanger sera élevée dans un milieu intellectuel parisien, ce qui lui permettra de rencontrer très tôt Gabriel Fauré, Charles Gounod, Camille Saint-Saëns ou encore Raoul Pugno, dont elle tombera éperdument amoureuse. En 1918, sa sœur Lili Boulanger meurt prématurément à l’âge de vingt-quatre ans. Pour Nadia, le choc est immense au point d'abandonner la composition pour se consacrer exclusivement à la diffusion de l’œuvre de sa sœur, si ce n'est à sa science pédagogique. Malgré tout, son versant de compositrice n'est pas dénué d'intérêt, certaines orchestrations possédant un contenu esthétique et un raffinement particulièrement proche de Maurice Ravel.

© wikimedia.org – Germaine Tailleferre.

Germaine Tailleferre. Née en 1892 à Paris, Germaine Tailleferre est une compositrice française. Principalement connue comme ayant été l'une des membres du célèbre groupe de compositeurs français, le groupe des Six, sa vie et son œuvre restent pourtant méconnues des amateurs de musique classique. Si la musicienne démontre très jeune des dispositions créatrices, et si l'époque veut qu'une femme ait un loisir artistique, il n'est pas encore envisageable de faire carrière dans la musique quand on est issu de la bourgeoisie. Ne suivant que son désir, Germaine Tailleferre fera preuve de malice pour recevoir, en cachette, l'enseignement du Conservatoire de Paris en classe de piano. Elle parviendra, malgré les obstacles, à remporter les premiers prix en contrepoint, harmonie et accompagnement. Les années 1920, seront les années charnières, soulignées par la naissance d'œuvres essentielles : Hommage à Debussy, Première sonate pour violon et piano, le ballet néo-classique Le Marchand d'oiseaux ou encore le Concertino pour harpe et orchestre et Sous le rempart d'Athènes. Mais comme pour d'autres compositrices, son mariage (avec le juriste français Jean Lageat) constituera un écueil à son épanouissement artistique. Toutefois, sa persistance permettra la création d'autres œuvres après la Seconde Guerre mondiale : le ballet Paris-Magie, le Concerto n°2 pour piano, la Sonate pour harpe, le Concertino pour flûte, piano et orchestre à cordes. Pendant les années 1960, elle compose de nombreuses musiques de film, dont le célèbre long-métrage de Jean Renoir La Règle du jeu. Sa dernière œuvre capitale sera écrite en 1981 à 89 ans, à l'occasion d'une commande du ministère de la Culture : le Concerto de la fidélité pour voix aiguës et orchestre. Aujourd'hui, la majorité des œuvres de Germaine Tailleferre sont perdues. Cela s'explique, en partie, par le fait que certaines de ses pièces n'ont jamais été représentées, mais également renforcées par l'idée tenace que les femmes étaient illégitimes à composer de la musique.

Ruth Crawford Seeger. Née en 1901 aux États-Unis, Ruth Crawford Seeger est une compositrice et musicologue américaine. Enfant, elle étudie le piano avec sa mère, puis avec Valborg Collett à la "Foster's School of Musical Art" de Jacksonville (Floride), jusqu'en 1921, année qui coïncide avec sa découverte de la musique atonale, celle de Scriabine et Schönberg ; l'enseignement de Charles Seeger, compositeur et musicologue, auteur d'une théorie du « contrepoint dissonant » contribuera à cette soudaine attirance. Puis, elle poursuit ses études musicales au "Conservatoire américain de musique" de Chicago. C'est là, dans la capitale de l'Illinois, qu'elle rencontre le compositeur Henry Cowell et le poète Carl Sandburg qui, le premier, l'intéressera aux musiques folkloriques américaines, lesquelles marqueront la seconde partie de sa carrière. Durant son parcours artistique, Seeger publiera plusieurs recueils en collectant et transcrivant des chansons traditionnelles pour les rendre accessibles au grand public, dont American Folk Songs for Children, en 1948. Quant à la musique atonale, comme sa Suite pour quintette à vent, ultime œuvre écrite en 1952, elle sera saluée pour son originalité et son utilisation innovante des techniques de composition modernes.

Sofia Gubaidulina. Née en 1931 à Tchistopol, Sofia Gubaidulina est une compositrice russe qui réside en Allemagne depuis 1991. Elle effectue ses études musicales au Conservatoire de Kazan, capitale du Tatarstan où sa famille a déménagé en 1932. À l'âge de six ans, elle découvre le piano, mais Sofia ne l'étudiera que tardivement, à quinze ans, avec Grigory Kogan, puis au sein du conservatoire de Moscou avec Lakov Zak. De 1954 à 1959, elle assiste le compositeur Dimitri Chostakovitch qui l’encourage à persévérer après avoir présenté sa Symphonie de chambre. Femme indépendante, elle se heurtera frontalement à l'Union des compositeurs soviétiques qui n'appréciaient guère son autonomie féminine. En 1969, Goubaïdoulina innovera pourtant en fondant un studio expérimental de musique électronique. La musicienne sera saluée pour son utilisation innovante des techniques de composition, en particulier pour sa fusion de la musique classique occidentale avec les traditions musicales russes et asiatiques. Goubaïdoulina a été récompensée pour ses contributions à la musique classique par de nombreux prix prestigieux, tels que le "Prix de la culture d'État russe" et le "Prix de la Fondation Schock en musique". On doit à la musicienne des musiques de film et des œuvres contemporaines, à l'image de son Concerto pour violon Offertoriem, en 1981. Sa musique est fortement influencée par ses origines tatares auxquelles s'ajoutent des formes de musiques rituelles.

Joan Tower. Née en 1938 à New Rochelle (État de New York), Joan Tower est une compositrice et pianiste américaine. Grandissant à l'ombre des rythmes d'Amérique du Sud (Bolivie, Chili, Pérou), ceux-ci auront une certaine influence sur ses compositions futures. Ses doigts se poseront sur le piano à l'âge de six ans, interprétant au passage du Chopin et du Beethoven, ce qui démontrera son talent précoce pour l'instrument. Vivant désormais avec sa famile aux États-Unis, c'est dans le Vermont qu'elle obtient une licence en musique, puis un doctorat en composition à l'université Columbia. En 1969, elle fonde un ensemble pionnier, les "Da Capo Chamber Players" (lauréats du prix Naumburg), dans l'intention de jouer de la musique contemporaine. Sa découverte d'autres musiques comme le jazz ainsi qu'une prise de conscience du féminisme et du rôle des femmes dans la musique transforment la musique qu'elle écrit. De plus, sa rencontre avec la musicologue Nancy B. Reich, construisant ses cours sur l'histoire des femmes dans la musique, changera profondément sa position artistique. On doit à Joan Tower le poème symphonique Sequoia (1981), Silver Ladders (1990), Fanfare for the Uncommon Woman (1987-1992), qui est une réponse à Fanfare for the Common Man d'Aaron Copland, ou encore le poème symphonique nommé Made in America (2004) dont l'enregistrement sera honoré par trois distinctions aux Grammy Awards. Saluée pour son exploration musicale de thèmes sociaux et politiques, Joan Tower fait partie d'un nombre particulièrement restreint de compositrices dont les œuvres sont jouées par de prestigieux orchestres.

Par Patrick Martial (Cadence Info - 05/2024)

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