Membre du « Groupe des six », Darius Milhaud (1892/1974) fut l’élève de Charles Marie Widor et de Xavier Leroux au Conservatoire de Paris. Il peut être considéré comme l’un des plus importants compositeurs français du 20e siècle. Son attitude vis-à-vis du cinéma était un intéressant mélange d’attirance et de répulsion. Dans un premier temps, Darius Milhaud considéra que le cinématographe désormais devenu une industrie, fait bien peu cas des compositeurs.
Darius Milhaud, comme presque tous les compositeurs importants, fut sollicité par le cinéma. Sans doute par soucis de démonstration, il n’a pas donné le meilleur de lui-même dans sa collaboration pour le grand écran. Certains critiques ont cru discerner dans le travail de Darius Milhaud une propension à l’exagération orchestrale. Pourtant, la partition pour L’espoir d’André Malraux reste exemplaire et ne doit rien aux plus probantes démonstrations des professionnels américains.
Ayant commencé sa carrière à l’époque du muet, Darius Milhaud s’est trouvé impliqué dans des collaborations toutes formelles, le réalisateur accordant une confiance non discursive à son musicien. La déception que l’on éprouve à l’audition des travaux de Darius Milhaud à l’écran témoigne de malentendus qui ont longtemps séparé le monde musical et le monde cinématographique.
Darius Milhaud fut à la fois un observateur et un acteur de la scène cinématographique. Son grand souci aura été de préserver sa musique. Mais à cette rigueur, il aura su joindre une curiosité et une faculté d’étonnement superbe, travaillant avec le souci de ne pas poser de problèmes superflus. C’était pour lui l’occasion de rencontres qui le changeaient de l’académisme et de la hiérarchie qui régnaient dans le monde musical.
(source : Des compositeurs pour l'image - A. Lacombe)