Musicien autodidacte, Vincent Scotto (1876/1952) est avant tout un guitariste et un chanteur. Sans doute le plus populaire des compositeurs de chansonnettes à succès, il sera difficile d’échapper à ses rengaines ressassées d’abord au cinéma puis à la radio.
Fils d'immigrés italiens, Vincent Scotto apprend le métier d'ébéniste auprès de son père tout en s'initiant à la guitare. Ses études modestes en la matière l'empêcheront d'écrire correctement la musique. Tout au long de sa carrière, il sera amené à avoir les services d'un copiste et d'un orchestrateur.
Vincent Scotto a composé une quantité impressionnante de chansons et de musiques. On lui attribue 4000 chansons, 60 opérettes et 200 musiques de films. À ses débuts, il écrira des chansons pour les vedettes locales. Grâce à Polin, son Navigatore devient La Petite Tonkinoise.
Parmi de nombreux titres de la même veine, citons : Sous les ponts de Paris, La java bleue, Le plus beau des tangos du monde. Vincent Scotto à la plume facile, et Maurice Chevalier comme Tino Rossi interpréteront ses mélodies joyeuses. Les mélodies de Vincent Scotto, créateur de l’opérette dite « marseillaise », imposeront à des générations l’image naïve d’une Provence au ciel toujours bleu, où des marins pêcheurs riant aux éclats embrassent des filles aux cheveux noirs et aux joues rouges, tout en dégustant la bouillabaisse sous un soleil de carton pâte.
Seuls ses travaux pour Marcel Pagnol lui permettront de trouver l’ouverture à une palette orchestrale plus riche, et de traduire musicalement des situations plus consistantes.
Sa partition pour La femme du boulanger, en 1939, trouvera notamment un écho très favorable en Grande-Bretagne où elle sera considérée comme une importante réussite du cinéma français. Il est à signaler que bon nombre de chansons de Scotto ont été utilisées hors de leur contexte dans de nombreux films. Par exemple, la chanson du film de Julien Duvivier, Pépé le Moko, dans lequel Fréhel chante Où sont-ils donc tous mes amants ?
(source : Des compositeurs pour l'image - A. Lacombe)